Une croissance économique de l'ordre de 3% en 2015 et un taux de chômage qui frôle les 15%, toujours en baisse par rapport aux années précédentes (15,3% en 2014). Pour cette même année, la croissance économique sera de plus en plus tirée par les exportations nettes et l'investissement contrairement aux années (2012, 2013et 2014) dans la mesure où la croissance était tirée principalement par la consommation locale. Grosso modo, c'est ce qui ressort du rapport du Fonds Monétaire International (FMI) sur « les Perspectives économiques et régionales du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord », présentée hier à Tunis. Un rapport qui présente des estimations « pessimistes » puisque la région Monap (Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord ) se trouve confrontée à des risques géopolitiques remarquables avec la crise libyenne, la guerre civile en Syrie et la guerre contre les terroristes en Iraq. Dans la foulée de cette conjoncture morose, la Tunisie semble mieux s'en sortir. Malgré les difficultés économiques que le pays a connu, trois ans durant, les analyses du FMI laissent apparaître que la Tunisie (en tant que pays en transition) fait mieux que les autres pays auxquels nous nous sommes souvent comparés. Et quand bien même, la situation économique reste compliquée et fragile, la Tunisie maîtrise bien ses équilibres macroéconomiques. De toutes les manières, c'est ce que Hakim Ben Hammouda, ministre de l'Economie et des Finances annonce. Pour lui, la Tunisie a eu le taux d'endettement le plus faible dans la région, d'autant plus qu'elle maîtrise mieux ses équilibres macroéconomiques, le déficit budgétaire en l'occurrence. Quoi qu'il en soit, les prévisions du FMI, font apparaître une année 2015 difficile. L'économie mondiale et principalement la région Monap, où la Tunisie fait parti, connaîtra une croissance économique qui ne dépassera pas 3%. Une croissance encore loin des taux enregistrés durant les années 90 et même avant la crise financière. La Tunisie se trouve de nouveau face à cette conjoncture mondiale défavorable. Les défis auxquels sera confronté le futur gouvernement sont, par contre, de taille : la relance de l'investissement, la création d'emplois, la maîtrise des équilibres macroéconomiques ainsi que la poursuite des réformes économiques. Une chose est sûre : l'année 2015 s'annonce difficile pour la Tunisie. Deux questions à Hakim Ben Hammouda, ministre de l'Economie et des Finances « Le FMI évoque une amélioration des équilibres macroéconomiques du pays » Les prévisions du FMI tablent sur un déficit budgétaire qui dépassent 6%, un taux supérieur à celui du gouvernement. Qu'en dites-vous ? Il ne s'agit pas d'une grande différence, puisqu'on peut expliquer l'écart entre nos prévisions et celles du FMI par la marge d'erreur dans les calculs du déficit budgétaire. Cette différence ne remet pas en cause, les grandes lignes de l'analyse du FMI telles qu'elles sont évoquées dans ce rapport. C'est ainsi que le FMI évoque une amélioration des équilibres macroéconomiques du pays. Le FMI explique cette différence par des dépenses exceptionnelles dues par exemple à la recapitalisation des banques publiques. Est-ce vrai ? A cet égard, je tiens à préciser que le déficit budgétaire, tel qu'il est prévu dans le budget de l'Etat, prend en considération les dépenses allouées à la recapitalisation des banques publiques, contrairement aux prévisions du FMI qui qualifient ces dépenses d'exceptionnelles. D'après les analyses du FMI, la croissance est poussée par la consommation locale (privée et publique). Qu'en est-il de l'investissement ? C'est vrai que la consommation locale est un vecteur de la croissance économique. Mais, il faut qu'on change de donne pour que l'investissement soit le principal levier de la croissance économique. Trois questions à Chedly Ayari, Gouverneur de la BCT « Nous allons tout faire pour ne pas dépasser la barre des 6% » Le Temps : comment expliquez-vous la différence entre le déficit budgétaire prévu par le FMI et celui prévu dans le budget de l'Etat pour 2015 ? Chedly Ayari: les chiffres et les estimations, au début de chaque année, diffèrent. Ils ne sont pas exacts à 100% et ils peuvent être revus que ce soit à la hausse et même à la baisse (scénario fort probable actuellement). Quoi qu'il en soit, je tiens à préciser que nous allons tout faire pour ne pas dépasser la barre de 6%. A ce propos je tiens à préciser que les indicateurs économiques connaissent une amélioration continue. D'autant plus que le déficit budgétaire, l'inflation connaissent une tendance baissière ce qui est un bon indice pour l'économie tunisienne. Le rapport mentionne les effets de la crise libyenne sur l'économie Tunisienne. Quels sont ces effets ? La crise libyenne menace la stabilité sécuritaire en Tunisie. Une menace qui affecte également les décisions des investisseurs pour s'établir en Tunisie. C'est un handicap pour nous puisqu'il y a des troubles au niveau des frontières avec la Libye. Qu'en est-il de la réforme du secteur bancaire ? En tant que BCT et gouvernement, nous nous sommes toujours attachés à cette réforme. Dans les jours qui viennent, cette réforme sera débattue à l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). D'ailleurs, je dirais que la recapitalisation des banques publiques, principalement la STB, est une introduction à la réforme du secteur bancaire. Façon de dire que la recapitalisation de la BH, BNA et la STB est une opération de sauvetage de ces banques pour entamer par la suite les opérations de restructuration.