«Pour aspirer à une pléiade d'arbitres tunisiens de haut niveau, un travailplanifié et scientifique est nécessaire » «Noumandiez, Gassama et Otogo sontles meilleurs en Afrique» Présent en Tunisie lors du séminaire organisé par l'Association des Arbitres Tunisiens, Néji Jouini, ancien arbitre international et actuel instructeur auprès de la Fifa,a confié au Temps sa propre vision pour l'amélioration du niveau des arbitres tunisiens Quelles sont selon vous les causes de la détérioration de l'arbitrage tunisien ? L'arbitrage tunisien traverse une phase de transition entre l'étape où il était exceptionnel et l'étape actuelle, une période de vache maigre pour plusieurs raisons L'une de ces raisons, l'absence de planification pour assurer la continuité pour l'arbitrage d'élite afin d'assurer la relève. Notons l'exemple d'une équipe de foot. Les cadets, juniors et espoirs sont préparés par leurs clubs pour intégrer l'équipe séniors et assurer la relève des joueurs partants. Cette stratégie a été négligée par la FTF. La seconde est qu'au lendemain de la Révolution et vu les incidents qui ont eu lieu, l'arbitrage était la dernière préoccupation des décideurs. La formation des formateurs et des arbitres n'était pas d'actualité. Les séminaires n'avaient eu lieu que rarement et ne durait que deux jours seulement. C'est insuffisant ! Est-ce logique de voir un seul arbitre central et un seul arbitre- assistant ,tunisiens, participer à la prochaine coupe d'Afrique des Nations ? Je pense que c'est tout à fait logique de ne voir que ces deux arbitres seulement participer à la CAN. Il faut poser la question suivante. Y aura-t-il des arbitres tunisiens pour arbitrer la coupe du Monde des moins de vingt ans au Nouvelle Zélande et celle des moins des dix-sept ans au Chili ? La réponse est non. Il faut s'occuper des jeunes arbitres(hommes et femmes). Nous possédons en Tunisie un énorme potentiel humain. Il y a une dizaine de bons jeunes arbitres, il faut tout simplement les encadrer et les faire participer aux compétitions régionales et nationales dès maintenant pour qu'ils soient prêts à répondre présents lors des grandes échéances internationales Quel arbitrage émerge du lot et se distingue actuellement en Afrique ? Le trio Noumandiez Désiré Doué de la Côte d'Ivoire, Bakary Papa Gassama et le Gabonais Eric Otogo se trouvent en tête des meilleurs arbitres du continent africain. Dans le second lot nous trouvons l'international tunisien Saïd El Kordi ainsi que l'Egyptien Jihad Garicha. Pour que les arbitres tunisiens parviennent à se distinguer, il faut d'abord réaliser un planning étendu sur plusieurs années pour permettre aux jeunes de s'imposer à l'échelle internationale. Que pensez-vous de la récente désignation du jeune arbitre Haythem Guirat pour le derby au lieu de recourir à l'arbitrage étranger ? La désignation de HaythemGuirat pour diriger la rencontre du derby opposant les deux grands clubs de la capitale est une décision audacieuse et positive. Cependant il ne faut pas s'arrêter à ce stade. Ce genre de décision que je considère révolutionnaire ne doit pas être occasionnel mais doit être planifié à l'avance. Il faut préparer un autre jeune arbitre pour diriger le derby de 2016. Une planification bien étudiée devrait voir le jour. Il faut travailler dans la continuité et veiller à assurer la relève. Concernant Haythem Guirat, ce jeune arbitre doit garder les pieds sur terre. Il a réussi son match mais pour être un arbitre confirmé, il faut passer, au minimum, trois saisons au haut-niveau. Pourrait-on voir des arbitres tunisiens au mondial du Qatar 2022 ? C'est à la Fédération tunisienne de football de présenter une liste d'arbitre performant à la CAF qui va les présenter ensuite à la FIFA pour valider leur participation. Un énorme travail doit être organisé et dans cinq ans on prépara d'autres jeunes arbitres pour le mondial de 2026. Il faut préparer un groupe de jeunes arbitres dont la moyenne d'âge ne dépasse pas vingt-cinq ans. Il s'agit ici de tout un travail scientifique. Les psychologues, les préparateurs et les formateurs techniques doivent être de très haut niveau pour que l'arbitrage tunisien retrouve son éclat.