Dernièrement, une délégation de journalistes tunisiens s'est rendue à Bruxelles, sur invitation de la Division des affaires politique et de la Politique de sécurité de l'OTAN. Les activités de diplomatie publique avaient pour objectif de créer des liens de compréhension mutuelle et de confiance entre cette organisation et ses partenaires méditerranéens. Le programme de la visite était composé d'une série d'exposés et de débats portant sur les transformations de l'Alliance atlantique et son adaptation au contexte sécuritaire en mutation. On a, également, abordé en profondeur la question du Dialogue méditerranéen au vue du somme du Pays de Galles et des perspectives de coopération entre la Tunisie et l'OTAN. Il est à souligner que la délégation était très chaleureusement accueillie par notre ambassadeur, notre consul général et tout le staff de l'ambassade. Nouvelles méthodes de travail Le premier exposé, se rapportant aux transformations de celle-ci vers les pays méditerranéens et du Moyen Orient, était présenté par M Nicolas de Santis, chef de la section des pays du Dialogue méditerranéens (DM) et de l'Initiative de coopération d'Istanbul, de la Division des affaires politiques et de la politique de sécurité. Dans son exposé, il a insisté sur le caractère dual, politique et militaire, de l'OTAN, en précisant que c'est le premier qui l'emporte sur le second. Il a fait savoir qu'en 1994, le DM regroupait sept pays, qui sont le Maroc, la Jordanie, l'Egypte, l'Algérie, la Tunisie, la Turquie et Israël. En 2004, ce dialogue a évolué en partenariat dont le conférencier a commencé par exposer la dimension politique. Elle consiste, essentiellement, dans l'implication des ambassadeurs et des ministres de ces partenaires de l'Alliance politico-militaire en vue de résoudre les difficultés entre les belligérants au niveau multilatéral. Une réunion a eu lieu avec la Tunisie, en 2010, dans le cadre d'un programme de coopération individuelle et qui constitue un document cadre, et la seconde est prévue pour début 2015. Sur le plan militaire, M Nicolas de Santis a parlé d'un excellent niveau de collaboration avec ces partenaires avec lesquels l'OTAN a organisé vingt-neuf activités en 2012 et quarante trois en 2013 auxquelles la Tunisie a pris part. Dans ce cadre, l'unité maritime des mines a fait une escale à Tunis du 29 au 1er juin 2014. Le Lt. Col Henri Lambaré, de la Division de la coopération et de la sécurité régionale, Etat-major international, a, de son côté, donné plus de détails sur la coopération militaire de l'OTAN avec les pays du DM, renforcée par la Déclaration du Sommet du Pays de Galles, tenue dans ce pays les 4 et 5 septembre dernier, et publiée par les chefs d'Etats et de gouvernements participant à la réunion du Conseil de l'Atlantique Nord. Le sommet a traité, essentiellement, les « actions agressives de la Russie » en Ukraine et l'instabilité croissante dans le voisinage méridional du Moyen Orient, de l'Afrique du Nord ainsi que les menaces transnationales et multinationales, « compromettant » la sécurité de l'OTAN. Pour faire face à ces « menaces », les chefs d'Etats et de gouvernements réunis à ce sommet ont approuvé le plan d'action « réactivité » qui vise, entre autres, à répondre aux risques et aux menaces provenant du Maghreb et du Moyen Orient. Le conférencier a exposé le cadre général des actions menées par l'OTAN dont l'objectif, a-t-il noté, est de contribuer à la stabilité et à la sécurité, notamment la sécurité énergétique. Trois grands axes sont déterminés par ledit sommet, à savoir un nouveau concept stratégique, une nouvelle politique de partenariat et des objectifs stratégiques. Les gages d'une stratégie payante Le partenariat avec les pays du DM met en place une plateforme d'interopérabilité où la Jordanie et le Maroc sont, de loin, les pays les plus actifs de sept partenaires. Concernant Israël, Le Lt. Col a affirmé qu'il n'a participé à aucune opération militaire de l'OTAN. Par ailleurs, l'assistance de M de Santis a parlé d'accords déclarés et d'autres tacites conclus avec ces partenaires, ce qui a suscité les réactions des journalistes tunisiens qui ont voulu s'édifier sur le caractère occulte de ces accords sans obtenir de réponse. L'autre question qui les a éberlués et qui n'était pas élucidée non plus, c'était celle se rapportant à la formation d'imams par l'OTAN !! Au cours de la discussion qui eu lieu avec les représentants permanents auprès du Conseil de l'Atlantique Nord du Portugal, de la Grèce et de la Belgique, il était question du recoupement entre les actions de l'OTAN et celles de l'ONU. A ce propos, certains journalistes tunisiens font remarquer qu'il existe entre elles une relation organique et fusionnelle et que la première n'est que l'instrument militaire de l'impérialisme occidental. Une affirmation qui est, catégoriquement, démentie par les ambassadeurs. L'argument opposé à cette infirmation dont se prévalent nos journalistes, c'est l'intervention de l'OTAN en Libye où elle a parachuté des armes pour les groupes armées. Cette question est d'autant plus inquiétante pour les journalistes qui l'ont soulevée qu'elle représente une menace très sérieuse pour la sécurité nationale de leur pays. Un éminent responsable de cette Alliance politico-militaire a, pendant le dîner-débat organisé, dans les locaux de cette dernière, à l'honneur de la délégation tunisienne et auquel a pris part l'ambassadeur de la Tunisie à Bruxelles, a essayé d'expliquer que la décision d'intervenir en Libye était prise d'une manière consensuelle avec les pays voisins dans le cadre du DM. Là, certains confrères lui ont fait savoir que leur ingérence dans ce pays était, vivement, condamnée par les populations locales, tout en se demandant comment pouvait-on parler de dialogue en l'absence de toutes les composantes d'un Etat, à savoir la société civile et politique, d'autant plus que l'OTAN ne cesse d'affirmer qu'il se fonde sur les valeurs communes qui sont la liberté individuelle, la démocratie, les droits de l'homme et l'état de droit. Il est vrai que la situation sécuritaire est préoccupante dans le monde entier et qu'il faut coordonner toutes les actions pour faire front commun contre le fléau du terrorisme, et c'est bien de mettre en place une nouvelle stratégie de communication en vue d'améliorer son image et de créer des liens de compréhension mutuelle et de confiance avec ses partenaires, mais une telle démarche peut-elle être productive sans que l'on change d'approches et de comportement ?