Le nouveau Président de la République, Béji Caïd Essebsi, malgré les limites du domaine d'intervention qui lui est imposé par la Constitution, aux seuls secteurs de défense, sécuritaire et diplomatique peut et doit brasser plus large... Voici pourquoi ! D'abord, le fait qu'il soit garant de la continuité de l'Etat, de sa souveraineté et de la paix sociale, il est investi moralement d'une mission de prévention et d'orientation générale de la politique du pays. Par ailleurs, la grande chance de la Tunisie (pourvu que ça dure...), c'est que nous avons pu éviter une « cohabitation » qui aurait pu handicaper l'ensemble des mécanismes de gouvernement. Heureusement, que tout cela est derrière nous, mais quand j'y pense encore j'ai froid au dos car nous avons frisé une nouvelle catastrophe et un blocage tout simple de l'Etat. Les grands chantiers qui attendent le président, c'est d'abord, de confirmer cette volonté de « vivre » à nouveau et « d'être » de notre peuple, en profitant de l'Etat de grâce que nous savourons tous en ce moment. Et pour cela, il faut des mesures d'urgence mais aussi d'envergure qui soient palpables et visibles dans les régions et pas seulement celles dites prioritaires, mais toutes les régions car le plus grand déficit des transitions successives se situent à ce niveau. En plus des grands travaux à mettre immédiatement en marche et qui peuvent au moins donner une autre image de notre pays et de son environnement sinistré du temps de la Troïka, il faut donner les instructions aux gouverneurs de décongeler tous les projets en instance dans leurs tiroirs. Mais, pour cela, à situation exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles et un budget supplémentaire de crise. Je l'avais proposé du temps où Mehdi Jomaâ prenait ses fonctions à la Kasbah. Il a tenu une réunion et donner des instructions à cet effet, mais, les résultats sont plutôt en deçà des espoirs. Les régions sont encore immobiles et le train du développement régional toujours à quai. Maintenant, plus une minute à perdre, il faut débloquer les projets « en instance » qui attendent « autorisations » et donner à leurs promoteurs le feu vert immédiat pour entamer la réalisation concrète de leurs projets. Là, le Président peut intervenir et en faire une véritable orientation « directive », au futur gouvernement et aux gouverneurs qui n'attendent que cela et qui seront comptabilisés pour tout retard dans les procédures tentaculaires et bloquantes qui découragent les plus téméraires parmi les investisseurs tunisiens et étrangers. C'est là l'urgence première, à notre humble avis, car tout le reste demande du temps pour les études, la recherche des financements ainsi que la mise en œuvre. L'avantage de cette démarche c'est que les projets sont là avec leurs promoteurs qui attendent depuis des années. Quant au financement, il suffit qu'ils soient autorisés par les autorités compétentes pour trouver les capitaux internes ou externes. Par conséquent, leur démarrage peut être immédiat et leur impact sur les régions sera énorme. Pour les autres grands chantiers, c'est du classique avec une adhésion générale de la société, à savoir la sécurité, la défense, la remise à niveau diplomatique. Dans tous ces domaines, le nouveau président est dans son jardin et il saura quoi faire pour rétablir l'autorité de l'Etat sans excès, ni zèle exagéré. Reste le domaine que je considère de loin le plus stratégique parce que préventif, c'est l'Education et les Affaires religieuses. Ils doivent aller de pair et faire l'objet d'attentions très spéciales pour « réanimer » l'école de la République et rationnaliser la Religion. J'y reviendrai plus en détails, mais, je rappelle à ceux qui l'ont vite, peut être, oublié, que sans l'éducation donnée à notre peuple par les Bourguiba, les Messaâdi, les Guiga, les Mzali, etc... pendant les premières décades de l'indépendance, nous n'aurions jamais été qu'un « Soudan » de plus, exposé au plus offrant des promoteurs de l'Orient décadent. Toute la propagande du Qatar « jazirite », relayé par la Turquie et toutes les tentatives de destruction massive qui ont visé notre pays au cœur, ont été vaines parce que le « cerveau tunisien » certifié « Iso-Bourguibien » a pu résister et de la manière la plus héroïque, pour sauver le modèle tunisien millénaire depuis Carthage ! Alors, pas de relâchement et pas de retour à l'obscurantisme et à ses « pénétrations » sournoises dans le tissu social, familial et de notre enfance. Et la première catégorie à immuniser, ce sont nos filles et nos petits-enfants à partir de la maternelle. Attention, les courants rétrogrades et obscurantistes, ont la peau dure et la vie longue, car leur fonds de commerce c'est une lecture erronée de la religion ! Les vrais combats pacifiques pour la consolidation de la liberté, c'est maintenant que ça commence et pas demain !