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«Nous n'avons ni les moyens, ni les institutions de l'Etat»
Publié dans Le Temps le 17 - 01 - 2015

Dans une déclaration accordée à l'Agence Tunis Afrique Presse (TAP), le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, a déclaré que 9000 personnes ont été empêchées de rejoindre la Syrie, pour le Djihad, et qu'elles n'étaient suivies ni par l'Etat, ni par la société civile. Par ailleurs, Ben Jeddou a expliqué que l'approche purement sécuritaire n'était plus suffisante dans la lutte contre le terrorisme. Dans ce sens, il a appelé les médias à prendre part dans ce combat afin de mieux l'appréhender.
Ces déclarations ont suscité quelques réactions agitées de la part des représentants de la société civile, des médias et de l'élite.
Le Temps a contacté quelques figures publiques afin d'avoir leurs avis et analyses quant à ces annonces du ministre de l'Intérieur.
Les racines du terrorisme
Pour Neila Silini, professeur de civilisation islamique, a indiqué que ces déclarations étaient très graves venant de la part ‘du plus ancien des ministres de la Troïka'. Madame Silini s'est ainsi interrogée sur la datte de la découverte de ‘ces 9000 projets de terroristes'. «Ont-ils été découverts récemment ? Est-ce que Ben Jeddou en a informé les autres ministères comme ceux des Affaires Sociales, Religieuses ou encore les Ministères de l'Education et de la Culture ? Faut-il rappeler à monsieur le ministre qu'il n'a rien fait contre les multiples associations religieuses dont personne ne connaît ni les sources de financement ni les projets ? Ben Jeddou n'a jamais eu le courage de pointer le vrai problème parce qu'il n'a jamais été indépendant, n'oublions pas qu'il est le candidat d'Ennahdha. Si l'on comptait les martyrs tombés sur les mains des terroristes depuis 2013, on comprendrait tout. D'ailleurs, si Ridha Sfar n'avait rejoint ledit ministère, rien n'aurait changé, au contraire, ça aurait pu empirer. Ces déclarations, pour moi, ne peuvent provenir que d'un ministre qui a largement échoué... »
A la question de si la société civile était en train de mener à bien sa mission, professeur Silini a répondu affirmatif et que les défauts qui apparaissent du rôle de la société civile étaient causés par l'Etat. « La société civile n'a jamais bénéficié de la collaboration de l'Etat dans toutes les actions qu'elle a menée contre le terrorisme. D'ailleurs, à l'époque de la Troïka, le terrorisme était considéré comme tabou. La société civile a toujours été consciente de la gravité de la question, mais elle ne dispose malheureusement que de la force de la rue, elle n'a ni les moyens ni les institutions de l'Etat, cet Etat qu'elle a toujours averti du danger, aucun des gouvernements n'a pris ces avertissements au sérieux. »
Interrogée sur son avis d'islamologue sur la question du terrorisme, NeilaSilini a affirmé que l'une des causes de la propagation de ce phénomène dans la société tunisienne était les écoles coraniques et l'implantation d'une filiale de l'Union Internationale des Savants Musulmans, présidée par Youssef Qaradhaoui, en Tunisie. En effet, l'islamologue nous a confié que cette dernière donnait des formations régulières pour former des prédicateurs qui diffusent la pensée extrémiste dans les rangs des jeunes, et pire, ils sont même envoyés dans les prisons afin d'effectuer ‘un encadrement religieux aux détenus'. L'universitaire a réclamé à ce que l'espace médiatique soit accordé aux experts pour qu'ils puissent clarifier les questions flous en ce qui concerne la religion. Elle a expliqué que la plupart des médias invitaient des gens qui n'ont pas la spécialité ou les capacités suffisantes pour parler de la religion. Pour elle, la lutte contre le terrorisme est un processus de longue haleine. « Il faut commencer par donner une autre lecture des textes coraniques, séparer entre ceux qui sont sacrés de ceux qui ne le sont pas. Il faut aussi donner une autre lecture de l'Histoire islamique, l'affronter et l'assumer. Notre patrimoine a été confisqué par quelques parties, il faut éloigner la politique pour que l'on puisse mener à bien cette lutte. »
Le traitement médiatique
Nous avons contacté Meriem Belkhadi, universitaire et journaliste, pour avoir son avis en ce qui concerne le rôle des médias dans ce combat.
Meriem Belkhadi a commencé par avouer que les médias devraient s'éloigner un peu du concept du buzz et du sensationnel pour mieux focaliser sur la recherche de l'information. « Comme il s'agit d'un dossier très délicat, il faut que l'on soit responsable. On a des téléspectateurs qui s'en sentent concernés et qui suivent tout au détail près ». Malgré la délicatesse du sujet du terrorisme, la journaliste a tenu tout-de-même à rappeler qu'en parler faisait partie du travail journalistique. «Il faut parler de ce dossier parce qu'il est crucial et même, délicat. Il faut donner aux journalistes les moyens de traiter le dossier. On a un défaut de collaboration avec les autorités concernées qui n'ont malheureusement pas mis en place une stratégie claire à ce sujet. »
Meriem Belkhadi a attiré l'attention sur la nécessité de la mise en place d'un plan médiatique qui aiderait les journalistes à éviter la propagation des rumeurs et de transmettre les vraies données aux citoyens, comme, à titre d'exemple, la tenue de points de presse réguliers, à l'américaine. « En ce moment, on a connu la formation de quelques cellules de crise, comme celle qui s'occupe du dossier de SofieneChourabi et NadhirGuetari, mais, malheureusement, de ces cellules, on n'a aucun vis-à-vis qui nous communique les avancées de leurs travaux. »
La journaliste a fini par lancer un appel aux autorités pour qu'elles ‘ne soient plus dans la réaction mais dans l'action'. « Evitez-nous les rumeurs, donnez-nous les informations confirmées et nous nous occuperons du reste. » En ce qui concerne la question des invités, Meriem Belkhadi a avoué qu'au début des événements, il y avait du mal à sélectionner les invités, mais elle a affirmé que ce n'était plus le cas et que maintenant, on ne voyait que des experts qui maîtrisent bien le sujet du terrorisme.
Société civile et terrorisme
Pour sa part, la présidente de la Coalition pour les Femmes de Tunisie, Ayda Chaâbane, a indiqué que les 25 associations de ladite coalition avaient pour principale focalisation les jeunes. Elle nous a assuré que l'éducation, la culture et la citoyenneté étaient les axes clés sur lesquels travaille la coalition. Interrogé sur le manque de suivi de la société civile évoqué par Lotfi Ben Jeddou, AydaChaâbane a expliqué que l'on ne pouvait pas en vouloir aux composants de la société civile ‘qui ne possèdent ni les armes ni les moyens des institutions de l'Etat'. « On n'est pas policiers, on ne peut pas nous en vouloir, nous avons nos moyens pour agir. Ces moyens sont très réduits et se résument en le recours à la rue et le porte en porte. La société civile tunisienne a toujours alerté sur le danger du terrorisme qui n'est autre que le fruit des gouvernements de la Troïka. Des gouvernements qui ont fait la sourde oreille à plusieurs de nos réclamations, entre celles qui concernaient l'application de la loi. »
A la question de comment la coalition percevait-elle les solutions contre ce phénomène, AydaChaâbane nous a répondu que, comme les jeunes sont les plus concernés par ce phénomène, la coalition a mis en place des formations dans les régions marginalisées afin d'encadrer les jeunes sur le plan économique, social et éducatif.


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