Plusieurs experts économiques pointent du doigt le système commercial mondial, soulignant que "ce dernier est loin d'être équitable dans la mesure où il laisse les petites économies plus vulnérables par rapport à celles des pays développés qui pratiquent la loi de la jungle". Ils citent en exemple les effets néfastes de la réforme unilatérale du régime sucrier de l'Union européenne et le Protocole Sucre qui régit le commerce de ce produit entre les pays ACP et l'Union européenne.
Dans ce cadre, des journées portes ouvertes, organisées par le ministère du Commerce et de l'Artisanat, en collaboration avec le Centre commercial international (CCI) et la Conférence des nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED), ont démarré mardi à Tunis. L'objectif de ces journées, qui se poursuivront du 23 au 25 Octobre 200, est de faire connaître aux promoteurs tunisiens les différentes clauses signées par la Tunisie dans le cadre des accords du système commercial multilatéral, bien entendu, avec ses avantages et ses inconvénients. Il s'agit, en particulier, de mieux informer les opérateurs économiques concernés par le commerce international des facilités créées ou renforcées dans le cadre du programme intégré conjoint d'assistance technique (JITAP).
Entre la Tunisie et l'OMC La Tunisie a signé le 15 avril 1994 à Marrakech les Accords instituant l'Organisation Mondiale du Commerce, devenant ainsi membre originel de cette Organisation. Cet Accord, qui a été ratifié le 23 janvier 1995, est entré en vigueur le 29 mars 1995. Depuis son accession au système commercial multilatéral, la Tunisie a œuvré à adapter sa législation nationale aux dispositions des divers accords de l'OMC (Adoption d'un projet de loi contre les pratiques déloyales à l'importation : dumping et subventions, loi sur les mesures de sauvegarde, adaptation de notre législation avec l'Accord de l'OMC sur la propriété intellectuelle, création de l'organisme chargé de la protection des droits d'auteur, harmonisation avec l'accord sur l'évaluation en douane...). Dans ce contexte, la Tunisie a participé aux six Conférences ministérielles de l'OMC et a réitéré son attachement au Cycle de Doha comme une opportunité permettant aux pays en développement de réaliser leur intégration dans l'économie mondiale et de tirer le meilleur profit des opportunités qu'offre le système commercial multilatéral. M. Slaheddine Makhlouf, secretaire d'Etat chargé de l'Artisanat , a mis l'accent sur l'importance des facilités créees dans le cadre du JITA, relevant que le choix d'intégrer l'économie mondiale constitue un axe stratégique du processus de développement économique de la Tunisie. Il a passé en revue l'ensemble des réformes engagées par la Tunisie , lesquelles ont permis d'atteindre en 2006 un taux d'ouverture sur l'extérieur de l'ordre de 96%, de réaliser au cours de la période (2002-2006) un taux annuel moyen de croissance des investissements de 5,1% ,outre l'accroissement soutenu des exportations enregistré au cours de la même période, lequel a atteint une moyenne de 8,5% par an. Le programme JITA a, en effet, pour but de renforcer les capacités de pas moins de 16 pays africains, leur permettant d'intégrer de façon efficace le système commercial multilatéral (SCM) et de tirer profit des opportunités qu'il offre notamment en matière de négociation.
Point de vue des PED " La Tunisie a valablement absorbé, au cours des deux phases du programme, le transfert des connaissances, moyennant une enveloppe de l'ordre de 1 million de dollars, l'équivalent de 1,3 million de dinars, financée à hauteur de 50% par l'Etat", a indiqué M.Abdekrim Ben Fadhl, coordinateur du JITAP, au nom du CCI, de la CNUCED et de l'OMC. Une nouvelle phase du programme est actuellement en cours de négociation entre les pays africains, les donateurs et les agences de coopération participant à ce programme, relevant que ces agences ont en instance 28 demandes d'autres pays africains désireux de bénéficier de ce programme. Il a indiqué que la Tunisie se propose au cours de la prochaine phase de faire bénéficier les pays africains de son expertise en matière de commerce international à la faveur des facilités et des programmes de coopération technique mis en place, l'ultime but étant de renforcer la coopération Sud-Sud. Des économistes des pays en développement (PED) constatent que la maximalisation de la compétitivité globale de leurs pays restera un mythe si le système commercial ne devient pas plus équitable et équilibré. Ils préconisent que les négociations au sein de l'OMC relatives au domaine de l'agriculture et des services devraient répondre aux aspirations de tous dans le respect des dispositions des accords et décisions déjà adoptées et en tenant compte du niveau de développement de chaque pays membre. Il s'agit là d'une assurance pour une plus grande participation, à la fois agissante et positive, des PED dans le processus de mondialisation et le partage équitable de ses bienfaits. Ils indiquent que le développement durable qui assure la croissance, tout en préservant l'environnement et garantissant l'avenir des générations futures, se doit de s'atteler également à éradiquer la pauvreté et à éliminer toutes les formes de marginalisation et à augmenter les capacités des pays en développement dans leurs efforts de lutte contre les fléaux qui attaquent notre environnement. C'est en assurant une plus grande ouverture de l'OMC sur la société civile et une plus grande transparence de ses procédures que toutes les parties concernées sauront mettre ensemble les bases d'un commerce plus équitable et plus humain.