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Péril sur le dernier bastion de la chanson immigrée
Publié dans Le Temps le 20 - 05 - 2015

Un patrimoine musical constitué des années 1930 au milieu des années 1990 est en passe de disparaître. Des voix s'élèvent pour éviter l'irréparable.
Entre les magasins de mariage du boulevard Magenta et les commerces de téléphonie mobile du boulevard Barbès, une poignée de disquaires spécialisés dans la musique orientale. L'Etoile verte et Evasion Souss Music dans la rue Curiat, Melodyne au 49, boulevard de la Chapelle et la Maison Sauviat, au 124 de la même artère. Derniers acteurs d'une scène musicale jadis florissante, les gérants de ces enseignes tentent tant bien que mal de subsister. Pour les soutenir et empêcher que tombe dans l'oubli le patrimoine dont regorgent leurs vitrines colorées, le spécialiste des musiques du monde Nidam Abdi et le producteur Michel Levy ont lancé une pétition et lettre ouverte intitulée "Touche pas à mon Barbès".
La nostalgie
de l'âge d'or est bien là
Nidam Abdi et Michel Levy ont subi personnellement le déclin de la chanson de l'immigration à Barbès. Le premier en tant qu'ancien critique musical à Libération, où il fut le premier à parler musique maghrébine. Le second en tant que producteur indépendant de grands noms de cette même musique comme Cheb Mami, dont il a aussi été le manager. Aujourd'hui, les deux auteurs de la pétition "Touche pas à mon Barbès" ne parcourent plus le quartier à la recherche de sonorités nouvelles. Lorsqu'ils vont à Barbès, c'est pour y saluer les quelques amis toujours présents et évoquer avec eux l'âge d'or d'une chanson qui leur trotte encore dans la tête.
Barbès comme le Chicago
de la musique orientale
Nidam Abdi avait rêvé Barbès comme le Chicago de la musique orientale ; il déplore aujourd'hui une politique de la Ville de Paris qui tend selon lui à "faire disparaître le Barbès populaire et la musique qui y est née et y a prospéré depuis le début de l'immigration maghrébine en France dans les années 1930 jusque dans les années 1990". Michel Levy n'est guère plus optimiste. "L'époque où l'exil se chantait dans les cafés et les cabarets, où les disquaires étaient aussi producteurs et où cassettes et vinyles se vendaient comme des petits pains est révolue. Il serait utopiste de souhaiter un retour en arrière, mais il est encore possible de limiter les dégâts", dit-il. Pour cette raison, lui et Nidam Abdi cherchent à sensibiliser l'opinion publique et les candidats aux prochaines élections régionales d'Ile-de-France à une histoire qui leur semble être en train de se conclure "comme la triste fin d'une comédie musicale égyptienne".
Disquaires : chronique
d'une fin annoncée
Les derniers disquaires de musique orientale de Barbès n'ont pas la force de se battre pour défendre leur profession ni la musique qu'ils peinent de plus en plus à vendre. Gérant de l'Etoile verte depuis que son frère et son père s'en sont retirés en 2004, Mohamed Bachar n'a par exemple connu qu'un long déclin, "surtout à partir de 2006-2007". "Maintenant, je ne vends plus que dix à quinze CD par jour. Quand je pense que mon père vendait des centaines de cassettes par jour..." désespère-t-il. Les maillots de foot, le petit présentoir d'huiles essentielles et les boîtes d'encens qui côtoient les disques disent mieux que des mots l'avenir de la boutique.
Certain de ne pouvoir vivre de la musique plus de deux ou trois ans, Mohamed pense à se reconvertir. "Dans l'artisanat, le commerce de la fête ou du mariage. Mais ce sera difficile, car ce n'est pas mon métier", appréhende-t-il. Son voisin d'Evasion Souss Music, Brahim Errafik, n'est guère plus optimiste. Chez lui, pas de maillots de foot mais des narguilés qui, d'après lui, se vendront bientôt mieux que les disques. «La seule musique qui continue de bien se vendre, c'est la musique de mariage», remarque-t-il.
Le boom de la musique religieuse
Autre exception à la crise : la musique religieuse. Au 66, boulevard de la Chapelle, à la place du grand disquaire Triomphe musique qui a produit de nombreux artistes raï et kabyles s'est installée il y a deux ans la librairie islamique Dar Al Mahdi, dont le patron Mohamed Boukabous se réjouit des bonnes ventes des disques exposés derrière le comptoir de son magasin. Seule la Maison Sauviat continue de ne vendre que des disques. Première à s'installer dans le quartier en 1946, comprenant que les ouvriers maghrébins du quartier constituaient une véritable clientèle, Léa Sauviat a su donner à son commerce une image mythique que continuent d'entretenir son beau-fils Serge Picy et ses deux fils. Il faut dire que des chanteurs comme Slimane Azem et Chériff Kheddam ont fait leurs débuts grâce à elle.
Un peu d'espoir à l'horizon ?
Grâce à la Maison Sauviat, grâce aussi à l'importante fréquentation de son catalogue sur Internet, Michel Levy est convaincu qu'"il ne faudrait pas grand-chose pour faire revivre à Barbès la chanson maghrébine d'hier et d'aujourd'hui". Le raï surtout lui semble capable de porter la renaissance de la musique maghrébine et du Barbès de la chanson. Il se réjouit d'ailleurs qu'Universal l'ait contacté pour un projet de double CD à l'occasion des trente ans du raï en 2016. "Cette musique, comme avant elle celle de la génération Slimane Azem, Noura, ou encore Aït Menguellet, exprime un bien vivre ensemble dont on a aujourd'hui plus besoin que jamais", explique-t-il.
La nécessité d'un lieu dédié
Aussi déplore-t-il avec Nidam Abdi l'absence de lieu consacré à cette musique. Les nouvelles structures culturelles implantées à Barbès depuis 2006 – l'Institut des cultures d'islam, le Centre musical FGO-Barbara et le Louxor qui a rouvert en 2013 - dépendent de la Ville de Paris ; malgré un gros effort d'implantation locale, elles n'ont pas vocation à développer des programmations liées à un quartier en particulier. Mais les deux acteurs de l'âge d'or du Barbès musical gardent espoir. Le succès des cabarets orientaux comme Barbès café et le nouveau Cabaret Tam Tam du Cabaret sauvage leur donne raison...


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