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La reconnaissance envers ceux qui se sont battus pour notre liberté et pour nos valeurs, ne se limite pas à de simples mesures pécuniaires M. Alain Marleix, Secrétaire d'Etat français à la Défense chargé des Anciens combattants, au -Temps-
Le Temps: M. le Secrétaire d'Etat, votre visite en Tunisie aura, entre autres thèmes, la décristallisation des pensions des Anciens combattants. Pouvez vous nous fournir des éclairages à ce propos? M. Alain Marleix: Mon déplacement en Tunisie est avant tout placé sous le signe de la Mémoire partagée. En mai 2006, la Tunisie et la France ont signé un accord, un arrangement technique, pour faire vivre et optimiser une collaboration étroite, une amitié déjà ancienne, née lors des combats menés ensemble au cours de la première puis de la deuxième guerre mondiale. Cette lutte conduite côte à côte contre la barbarie et le régime raciste nazi a engendré une estime profonde entre nos deux peuples. Notre ambition est de transmettre cette mémoire aux jeunes générations des deux rives de la Méditerranée afin qu'elles n'oublient jamais les sacrifices consentis par leurs aînés. Ce propos liminaire m'amène à votre question. Comme vous le savez, depuis le 1er janvier 2007, la France a décristallisé les prestations du feu, retraite du combattant et pensions militaires d'invalidité, pour retrouver une égalité totale de traitement entre combattants français et étrangers ayant lutté sous les plis d'un même drapeau pour défendre les valeurs de la République. Cette disposition fait honneur à mon pays. Elle représente pour le budget de l'Etat un effort annuel de près de 120 millions d'euros. Ainsi les quelque 8000 ressortissants anciens combattants tunisiens perçoivent annuellement près de 18,5 M d'€.. Chaque pension, prise individuellement, a été multipliée par quatre. En raison de l'impact humain mais aussi de l'ampleur économique et budgétaire de ces mesures, je souhaitais en vérifier sur place la bonne application. La reconnaissance et la réparation dues à nos aînés, à ceux qui se sont battus pour notre liberté et pour nos valeurs, ne se limitent pas à de simples mesures pécuniaires, aussi importantes et symboliques soient elles. La France déploie également un dispositif d'accompagnement médical, social et administratif destiné à prendre en charge ses anciens soldats. Ce sont les Centres des Anciens combattants ouverts auprès de nos Ambassade au Maghreb. En 2006, le Centre de Tunis a réalisé 1525 consultations et 2442 prises en charge médicales, il a permis l'appareillage de 543 invalides et a répondu à plus de 13 000 correspondances. Ce Centre représente un investissement annuel de 800 000€ qui témoigne que la France n'oublie pas ses anciens soldats ou leurs familles. Je tenais à le visiter pour signifier aux 16 personnes qui y travaillent tout l'intérêt que je porte à leur action de proximité en faveur de nos anciens combattants. Par ailleurs, de nombreux militaires français, de toutes confessions, tombés lors des conflits des siècles passés reposent en terre tunisienne. Ces cimetières sont un élément indissociable de notre devoir de mémoire nationale. Je remercie les autorités tunisiennes, notamment M. le ministre de la Défense pour le soutien et l'aide très précieuse qu'il nous a apportés pour la réfection des carrés de Haffouz et de Tar Ech Chena. Pour compléter ma démarche d'hommage, je me rendrai au cimetière de Gammarth pour me recueillir sur les sépultures de nos soldats et constater le remarquable travail d'entretien de ce haut lieu de la mémoire réalisé par mes services en relation avec les services tunisiens.
Quelles perspectives de collaboration militaire entre les deux pays?
je vous confirme l'excellence de la coopération de défense entre la France et la Tunisie. Nous avons bâti un véritable partenariat entre nos deux pays. Nous disposons de matériels communs. La Tunisie possède entre autres des automitrailleuses légères Panhard et des hélicoptères Gazelle. Nous soutenons un projet d'oxygénothérapie hyperbare qui sera adossé à l'hôpital militaire de Tunis ou encore la mise en place d'un centre de simulation tactique. Nous coopérons également dans le domaine de la formation militaire. L'effort consenti en termes de formation et l'utilisation de matériels communs facilitent bien entendu l'interopérabilité entre nos forces et donc les entraînements conjoints. Nous planifions et réalisons ainsi chaque année des exercices réguliers entre nos forces armées.
On sait que la France est soucieuse de toujours raffermir ses liens avec les pays du Maghreb. Or le Maroc vient d'acheter des avions de combat américains: qu'en pensez-vous?
A ma connaissance, le Maroc n'a pas encore fait part de sa décision. Comme vous l'avez dit, la France entretient d'excellentes relations avec les pays du Maghreb. Elle entend les maintenir. L'excellence des relations politiques entre Etats ne doit pas être exclusivement jugée à l'aune de l'obtention de tel ou tel contrat.