Après avoir auditionné dernièrement, Wahid Toujani et Mustapha Ben Amor, respectivement, ancien directeur général de la sûreté nationale , et ancien directeur de la sûreté publique, le juge d'instruction près le tribunal de première instance de Tunis a entendu hier, Mehrez Zouari ancien directeur des services spéciaux. Il a comparu en état de liberté, mais en tant qu'accusé d'avoir dissimulé un document provenant des services de renseignement américains (CIA), en vue de mettre en garde contre une tentative d'assassinat de Mohamed Brahmi, quelques jours avant qu'il ne fût lâchement abattu dans sa voiture, alors qu'il venait de quitter son domicile et s'apprêtait à rejoindre l'hémicycle à l'ANC, un 25 juillet 2013, journée de commémoration de la fête de la République. Omission, négligence ou complicité ? Cela reste à vérifier par le juge qui instruit à charge et à décharge, et dans le cadre des éléments du dossier, en toute sérénité. Toutefois le collectif de défense des droits de Mohamed Brahmi, estime que ces cadres sécuritaires avaient manqué d'avertir le martyr et sa famille de ces menaces et de se déployer par tous les moyens pour les protéger. Par ailleurs, quelques jour avant l'assassinat de Mohamed Brahmi, la maison située El Ghazela et qui fut louée au terroriste Aboubakr Al Hakim, alias Lokman Abou Sakhr, a été perquisitionnée, juste après l'envoi du document de la CIA en question aux services sécuritaires. Des armes et des munitions ont été découvertes, mais cela n'a pas incité les cadres sécuritaires à agir en conséquence pour éviter le pire, d'autant plus que Chokri Belaïd venait d'être assassiné quelques mois auparavant. C'est ce que reproche à tous les accusés, aussi bien le collectif de défense des droits de Mohamed Brahmi que le juge d'instruction. En tant que directeur des services spéciaux à l'époque, Mehrez Zouari est accusé de complicité. Selon le collectif de défense des droits de Mohamed Brahmi, en tant qu'avocat de la partie civile, les anciens cadres sécuritaires accusés dans cette affaire, essaient de se disculper en invoquant des prétextes fallacieux, comme par exemple le cas de Wahid Toujani, qui a déclaré avoir omis d'en aviser à temps, Lotfi Ben Jeddou le ministre de l'Intérieur de l'époque. Celui-ci avait d'ailleurs affirmé dans une conférence de presse qu'il ne disposait d'aucune donnée sur cette question. Quant à Mustapha Ben Amor, il a nié purement et simplement les faits incriminés. Mehrez Zouari, en tant qu'ex-directeur des services spéciaux, était-il censés connaître ce document et avait-il compétence pour agir afin d'éviter ce drame ? Il avait déclaré aux médias, quelques jours avant son éviction, en août 2013, soit après l'assassinat de Mohamed Brahmi, qu'il y avait une détérioration de la situation sécuritaire. Il était déjà accusé par les syndicats sécuritaires d'être à la tête d'un réseau parallèle, et il s'en était défendu énergiquement. En tout état de cause il est inculpé de complicité de crime terroriste, et de dissimulation de preuves de préparation d'un acte terroriste. L'instruction se poursuit, et d'autres cadres sécuritaires inculpés des mêmes infractions, seront bientôt auditionnés par le juge qui instruit en toute sérénité, à charge et à décharge, en vertu de son intime conviction.