L'association « L'Art Vivant » a organisé une manifestation culturelle importante au village Bni Mtitr, Ain Drahem du 24 au 27 août. Une animation artistique a bien motivé les habitants de la région, notamment les enfants qui se sont certainement bien régalés du programme proposé par les artistes présents. Le directeur exécutif de l'Association Moez Mrabet a explicité les piédestaux sur lesquels se base le projet culturel de cette association. Interview : Présentez aux lecteurs votre association. L'Association L'Art Vivant défend le droit de chaque citoyen tunisien d'avoir accès à des activités culturelles et artistiques de grande qualité et œuvre pour la promotion des arts et de la culture auprès des couches sociales et dans les régions les plus défavorisées. Les arts de la rue et l'ouverture de l'espace public aux pratiques artistiques constituent, par ailleurs, des champs d'action prioritaires pour notre association. L'Association L'Art Vivant a aussi, pour objectif, l'encouragement des expériences innovantes dans le domaine des arts et de la culture et le développement de projets artistiques pluridisciplinaires, favorisant l'émergence d'une nouvelle génération d'artistes et de pratiques artistiques alternatives. Quelles sont les dimensions sur lesquelles se base votre projet culturel ? Notre association milite pour la mise en place de politiques culturelles viables, susceptibles de faire jouer aux arts et à la culture un rôle majeur en tant qu'une composante essentielle du développement durable. Les droits culturels acquis dans la nouvelle constitution, nécessiteront, par ailleurs, une grande mobilisation du secteur public et de la société civile pour être traduits dans la pratique. Nos différentes actions expriment une volonté de repenser la place des arts et de la culture dans notre société. « Une culture de choix pour tous », telle est notre devise... Chaque citoyen tunisien devrait, en effet, avoir accès à des activités et des produits culturels et artistiques de choix. Cela ne peut se faire sans une conception large de la culture, la reliant aux dimensions sociale, politique et économique. Pourquoi le choix du village Bni Mtir particulièrement comme lieu d'activités ? Le village de Bni Mtir n'est pas notre seul lieu d'activité. Depuis la fondation de notre association en octobre 2012, plusieurs programmes et actions ont été menées dans différentes régions du pays. Outre le ViV'Art lancé à Beni Mtir en août 2014, on a, ainsi, pu organiser des ateliers de théâtre dans les régions de Mashreq Shams à Kasserine et Beni Kdech dans le gouvernorat de Médenine. L'action « 4 jours / 4 arts » a, quant à elle, ciblé les enfants de Jebal Lahmar à Tunis. Le Flasch mob « Le Piano de la liberté », organisé en hommage aux victimes des attentats terroristes du Bardo et de Sousse, prit place, de sa part, aux centres-villes de Tunis et de Sousse. Nous avons pu, par ailleurs, réaliser le projet artistique et de formation de formateurs, « Les Miroirs de Lampedusa », mené dans les quartiers populaires de Tunis et développé en partenariat avec « Eclosion d'Artistes » et Teatro Dell Argine à Saint Lazzaro-Italie, dans le cadre du programme Tandem-Shaml des fondations Al Mawred Al Thakafy et MitOst. Nous avons aussi pu apporter notre soutien à différentes actions publiques ou associatives, s'inscrivant dans notre champ d'action, dont, notamment, la dernière session du Festival du théâtre amateur de Korba. Le village de Beni Mtir demeure, cependant, un lieu privilégié pour développer notre plan d'action et le ViV'Art, pilote dans cette région, cristallise cette ambition de faire, à moyen et long terme, de la région de Fernana un pôle culturel. Êtes-vous subventionnés par le ministère de la Culture, ou des sponsorings ? L'aide du ministère s'est jusque là limitée à une petite subvention accordée par la délégation de la culture de Jandouba pour l'organisation de ViV'Art 2014 et 2015 à Bni Mtir. Nous avons, jusque là, essentiellement compté sur le volontariat, des dons personnels et l'aide de quelques sponsors. Si le problème du mécénat et de l'engagement du Ministère de la Culture dans les actions associatives d'utilité publique demeure entier, nous déplorons particulièrement l'inaction du ministère de la Culture face à ces « bras-cassés » de la culture qui continuent à sévir dans différentes structures étatiques dilapidant le peu de moyens publiques encore existants, alors que leur mission est de servir la culture dans les régions les plus défavorisées. L'exemple du directeur de la Maison de la Culture de Bni Mtir est édifiant à cet égard. L'immobilisme et la gestion archaïque de cette structure publique n'est sans doute pas étranger au comportement et à l'attitude de ce Monsieur censé servir la culture, mais qui, concrètement, ne cherche qu'à « avoir la paix », se contentant d'un discours langue de bois de très basse facture ! La culture ne peut pas se concevoir et se faire avec des « zombies ». La bataille sera rude pour en venir à bout de cette gestion désastreuse de la culture et qui touche plus particulièrement les régions marginalisées. C'est la deuxième édition. Quel est l'apport par rapport à la première ? Notre principal challenge pour cette deuxième édition du ViV'Art Bni Mtir a été de diversifier davantage les ateliers d'initiation artistique, en introduisant, outre les ateliers de Danse, théâtre, Calligraphie, Arts plastiques, Modelage, un atelier photo et un atelier Cinéma. Le soutien indéfectible, le dévouement et l'engagement de nos amis artistes Abdelmonem Chouayett, Besma Euchi, Yasser Jradi, Mounir Troudi, Sami Ben Said, Abdelkader Drihli, Al Hamaem Al Bidh, Sarra Tlich, Samih Madouri, Ahmed Jlassi, Tarek Souissi, Aymen Farhat et de nombreux autres volontaires, a été décisif dans la réussite des deux éditions qu'on a jusque là organisées. Quels sont vos prochains projets ? Nous travaillons actuellement sur le développement du projet ViV'Art qui vient d'être sélectionné par le programme « Tounes balad al fann », mis en place par Al Mawred Al Thakafy et le Ministère de la culture. Ce projet profitera, en effet, de l'expertise et du soutien de ce programme pour prendre plus d'envergure. La région de Hancha dans le Guvernorat de Sfax s'ajoutera à la région de Fernana et le projet intégrera de nouvelles actions qui seront étalées sur l'année afin de garantir un meilleur suivi et un plus grand impact. L'association vient par ailleurs de produire le spectacle « Al Labib min al ichara yafham », fruit d'un travail d'expérimentation sur le langage des signes au service de l'expression artistique, texte de Ridha Boukadida, jeu et mise en scène d'Abdelmonem Chouayett. Nous menons aussi un projet de recherche artistique sur la question des réfugiés et de l'immigration. Intitulé « Parallel Crossings », ce projet est mis en place en collaboration avec des artistes anglais et l'Association Ittijahat pour la culture Syrienne, installée à Beyrouth et profite du soutien du Lift Festival de Londres et du British Council. Plusieurs autres projets sont en cours d'étude et nous soutiendrons toutes les initiatives qui œuvreront pour une justice culturelle et l'épanouissement des arts et de la culture dans notre pays.