Le tourisme tunisien est souffrant et le domaine de la thalassothérapie subit la crise de plein fouet. Avec 140.000 curistes en moyenne par an, la Tunisie est devenue ces dernières années la deuxième destination mondiale de thalassothérapie après la France. Les hôteliers annoncent tous des chiffres d'affaires en baisse cet hiver. Ils souffrent de la volatilité du marché comme nous l'explique la professionnelle Ons Bousnina Ouriemi qui ne cesse de s'investir dans ce créneau. Comment évolue la thalassothérapie à Djerba ? La thalassothérapie est l'utilisation combinée, sous surveillance médicale, dans un but préventif et curatif, des bienfaits du milieu marin : le climat marin, l'eau de mer, les boues marines, les algues, les sables et autres substances extraites de la mer. Le vieillissement de la population, le stress des actifs ainsi que le souci grandissant pour les soins naturels profitent indéniablement à ce secteur. Avec une soixantaine de centres de thalassothérapie, la Tunisie est le pays le mieux équipé au monde. Nos hôtels luxueux nontre climat exceptionnel et notre savoir faire font de la Tunisie une grande destination de bien être. La gamme des cures et des forfaits proposés est très vaste à Djerba. On en compte au moins une quinzaine voire davantage dans chacun des centres. La thalasso a besoin d'innovations pour toucher une nouvelle population. C'est tout l'enjeu des professionnels à Djerba qui se sont investis pour innover leurs centres et offrir aux curistes un produit de qualité La baisse de la fréquentation touristique a-t-elle touché ce secteur ? La crise touristique et le contexte économique dégradé ont impacté le comportement des consommateurs. Le marché est en recul et en baisse perpétuelle. La clientèle est attirée par les établissements low cost, notamment dans des pays du pourtour méditerranéen. . Les délais de réservation sont de plus en plus courts, souvent à - 45 jours, ce qui rend très difficile toute anticipation. La conjoncture est très difficile. Moins de clients, qui ont moins d'argent, et choisissent des séjours plus courts que d'habitude. Nous avons souffert beaucoup du contexte politique national. Dans ce sens, notre clientèle, en majorité occidentale, a besoin d'être rassurée. Il faut redorer notre blason et retrouver les valeurs et les caractéristiques qui ont fait notre réputation : sérieux des prestations, accueil chaleureux et professionnel, ouverture et tolérance. Faut-il craindre un ralentissement du marché ? Pas du tout, au contraire. La thalasso a de l'avenir. La population qui vieillit ressent le besoin de cultiver ou de préserver son capital santé. Pour maintenir le cap et se positionner sur ce marché, il faut offrir de bonnes prestations. C'est pour quoi, on investit de grandes sommes chaque année pour rénover et se mettre à niveau La Tunisie pourra drainer davantage de clients. Il y a tout un package à offrir. Il n'y a pas que l'acte médical où les cures, Il y a l'avion, le transfert, le séjour, les excursions...Face à un marché international de plus en plus concurrentiel, il est important aussi de développer de nouvelles méthodes de commercialisation et de marketing pour pouvoir sinon élargir notre position. Mais comment faire face aux intrus de la profession ? Nos clients ont besoin d'un label de qualité qui soit garanti par un suivi et un contrôle vigilants des centres de thalassothérapie et de spa ; les lettres de réclamations et autres remarques sont à prendre au sérieux car elles représentent le meilleur indice de satisfaction de la clientèle visée. Il y a beaucoup d'intrus qui portent préjudice à ce secteur. Le mot « thalasso » est exploité à contre sens, ces gens ne font pas la différence avec « balnéo » La thalassothérapie est une activité qui ne se pratique pas en demi-mesure. Elle a en fait, des exigences relatives notamment à l'hébergement, à l'équipement et à l'environnement. Le mot « thalasso » est exploité à contre sens, les gens ne font pas la différence avec « balnéo ». Le bradage des prix vous inquiète t-il ? Il est vrai que de plus plus en plus de centres de thalassothérapie offrent des services à bas prix pour une clientèle bas de gamme au détriment de la qualité des services. Ils sont aussi en train de ternir la réputation de notre activité. Une concurrence sauvage serait imposée par certains centres qui prolifèrent d'une manière anarchique sans respecter les véritables normes des cures. Ces intrus, peu crédibles, finiront pas quitter la scène. Que pensez-vous de la norme ISO 17680 de certification des centres de thalassothérapie ? Les centres de Thalassothérapie doivent adhérer à la charte qualité s'ils veulent attirer plus de curistes. L'office national du thermalisme et d'hydrothérapie vient d'élaborer une nouvelle norme de certification des centres de thalassothérapie qui propose des exigences sur la prestation de services afin d'améliorer et d'harmoniser les pratiques en matière d'hygiène, de soins et d'équipements. Elle vise à limiter la multiplication des établissements revendiquant de manière abusive des activités de thalassothérapie. La promulgation de cette norme servira comme un référentiel international pour la Certification des Centres de Thalassothérapie et par conséquent un outil de mise à niveau du secteur. La mise en place de cette norme est un gage de qualité et de confiance pour les curistes quant à la qualité des produits et des prestations qui leurs sont dispensés dans nos centres et à leur innocuité pour l'environnement. Ce qui nous aidera à hisser l'activité de la thalassothérapie vers le haut, pour le bénéfice du secteur et la notoriété de la Tunisie, qui se positionne en tant que destination mondialement reconnue dans ce secteur Que pensez-vous de la fermeture de certains centres de thalasso et des mesures sociales prises par le gouvernement? La fermeture de chaque centre signifierait la mise au chômage forcé de ses salariés. Nous traversons une période un peu chahutée. Après des années glorieuses où la profession était créatrice d'emplois, nous sommes entrés dans une période qui demande sagesse, réflexion et remise en cause. Le secteur subit de plein fouet l'effet cumulé d'une crise conjoncturelle et structurelle liée notamment à la baisse des flux touristiques. L'office du thermalisme nous a beaucoup aidés dans ce sens et les dernières mesures sociales notamment le rééchelonnement des dettes avec la CNSS sont rassurantes.