La Tunisie est le deuxième pays lequel on meurt le plus sur les routes au Maghreb après la Libye, selon un rapport alarmant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publié le 19 octobre. Malgré ses milliers de kilomètres de routes goudronnées, le plus petit pays du Maghreb enregistre 2679 morts chaque année sur les routes, selon l'organisation onusienne. Autant dire que les accidents de la route font en moyenne 7,3 morts par jour en Tunisie. Cette estimation est beaucoup plus élevée que les données publiées par le gouvernement tunisien, qui déclare bon an mal an quelque 1500 morts sur les route. Avec 24,4 morts sur les routes pour chaque 100.000 habitants, selon les données de l'OMS, la Tunisie se classe devant l'Algérie (23,8 morts pour 100.000 habitants) et le Maroc (20,8 morts pour 100.000 habitants), mais loin derrière la Libye qui compte 73,4 morts pour 100.000 habitants. En Tunisie, près la moitié des morts sont des conducteurs de voitures et autres véhicules. 11,8 sur les 24,4 morts pour 100.000 habitants sur nos routes sont en effet des automobilistes. Notre pays est ainsi classé 8ème en Afrique en matière d'accidents mortels concernant des automobilistes, derrière la Libye, le Niger, l'Afrique du Sud, le Namibie, le Botswana, la Zambie et le Congo. La Tunisie est par contre le premier en termes de mortalité d'usagers de motos, avec 5 morts pour 100.000 habitants pour l'année 2015. Dans cette catégorie d'usagers de la route (motocyclistes), le Maroc enregistre 4,4 morts pour 100.000 habitants et la Libye 1,1 morts pour 100.000 habitants. Dans la catégorie des cyclistes, la Tunisie est en dernière position sur le plan maghrébin avec 0,6 morts pour 100.000 habitants par an, en raison de faible taux d'utilisation des vélos sous nos latitudes. Pour ce qui est du nombre de piétons morts sur les routes, la Tunisie est classée deuxième à l'échelle maghrébine. Lacunes législatives L'OMS explique essentiellement les mauvais scores de la Tunisie par des législations non conformes aux standards internationaux. Ainsi, le Code de la route tunisien est par exemple très permissif en ce qui concerne le port de la ceinture de sécurité, d'usage du casque pour les conducteurs de motos ou encore de conduite en état d'ébriété. Pour tenter de remédier à ces lacunes législatives, le ministère du Transport s'apprête à soumettre les deux décrets relatifs à l'abaissement du taux d'alcoolémie toléré au volant et au port obligatoire de la ceinture de sécurité aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des zones urbaines au Conseil des ministres. Le premier décret prévoit l'abaissement du taux d'alcoolémie toléré au volant à 0,3 gramme par litre de sang (g/l), contre 0,5 g/ actuellement. Ces nouveaux seuils d'alcoolémie prévus dans le nouveau décret répondent aux normes internationales en matière de sécurité routière. Des études menées à l'échelle mondiale ont en effet établi que l'alcool même absorbé en petite quantité peut provoquer plusieurs troubles (réduction du champ visuel et du temps de réaction plus longs, etc.). Les experts ont constaté un risque d'apparition de ces troubles à partir de 0,3g/l. Ces risques deviennent plus importants à partir de 0,5g/l. Le deuxième décret impose le port de la ceinture à l'intérieur et à l'extérieur des zones urbaines pour les chauffeurs et les occupants des sièges avant de tous types de véhicules. Après un an de l'entrée en vigueur de ce décret, le port de la ceinture de sécurité sera obligatoire pour les occupants de tous les sièges des véhicules. Selon le ministère du Transport, plusieurs études ont montré que le port de la ceinture de sécurité abaisse le taux de mortalité des accidents de la route de 50% pour les occupants des sièges avant et de 75% pour les occupants des sièges arrière.