Le Premier ministre sait de quoi il parle quand il dit que les dossiers de projets bloqués se comptent par milliers ! L'affirmation n'est ni celle d'un opposant irréductible, ni celle d'un abonné aux critiques destructives de l'action gouvernementale, mais d'un homme hautement responsable et pourtant comme frappé d'empêchement à purger l'abcès et libérer la machine ! Car, il s'agit bien d'une machine qui s'appelle bureaucratie (et non administration, comme on a coutume de le dire). La « Bureaucratie » avec un grand « B » c'est d'abord un état d'esprit et une « non-culture » qui consiste à couper les cheveux en mile et à remettre la solution des dossiers au « lendemain ». Or, un problème qui ne trouve pas réponse dans l'heure, la journée ou la semaine, ira s'ajouter à une multitude de cartons de ce qu'on appelle communément : « L'instance » ! Puis, c'est l'accumulation, pour donner lieu à ces « embouteillages » aux portillons des administrations de toutes sortes. Pour s'en convaincre, commençons par l'infiniment « petit » qu'est une légalisation de signature. Allez au bureau de la rue d'Athènes, de l'avenue Jugurtha ou d'ailleurs dans la capitale, ou dans toute autre ville de dimension moyenne dans ce pays, et vous verrez de visu, le calvaire des attentes avec en moyenne trois bonnes heures pour une légalisation de signature, un retrait d'acte ou d'extrait de naissance ou même d'une signature conforme. Si vous êtes fonctionnaire ou agent dans le privé, vous êtes obligé de prendre au moins une matinée et parfois même la journée parce qu'il arrive tout simplement que votre tour (selon le numéro) soit rattrapé par la fin de séance... Et alors retour à la case départ, vous devez revenir à 13h30 pour prendre un nouveau numéro ! Mammamia, ouf... déjà décrire le processus est éreintant, que dire de le subir sur place ! Ceci dit, toutes ces procédures nous ont été imposées par des lois et des règlements, que les fonctionnaires municipaux et autres sont obligés de respecter. Alors que faire ! Changer les lois ! Il faut attendre l'an (2030, SVP) avec toute cette lenteur du processus législatif et mes chers amis, la démocratie pluraliste aidant, l'adoption d'une loi peut prendre des mois, des années ! Se rabattre sur l'informel, c'est ce que 50% des Tunisiens font ! Il faut dire que tous ceux et toutes celles qui y vont sont des gens heureux... oui, des gens heureux, parce qu'ils n'ont plus de papiers à signer, ni des comptes à rendre. Un ami importateur et exportateur, jadis très dynamique, a eu une véritable dépression avec les ports, les aéroports et tout le bazar lié à l'envoi ou la réception des marchandises. Il a tout simplement formé son bureau (14 emplois directs perdus pour des cadres, sans compter les emplois annexes et collatéraux). Je l'ai rencontré dernièrement. Il respirait le bonheur et la santé. Mais, qu'as-tu fait de ton bureau et de ton staff, lui dis-je ? Et l'ami de me répondre : Mon siège social c'est ma voiture et mon staff ce sont deux téléphones portables... mais, performants, et maintenant, crois-moi je dors bien la nuit ! Chapeau ! Si vous avez encore l'envie et la patience, je peux vous emmener à l'infiniment « grand » avec ces projets en centaines de milliers de dinars, ou même en dizaines de millions, qui ont fait de leurs promoteurs des diabétiques en puissance ou des surendettés auprès des banques ! C'est tout simplement l'enfer ! Alors, si vous êtes respectueux des lois, achetez de l'insuline en quantité, et si vous êtes dans l'informel... vous êtes un hors la loi, certes, mais heureux ! Y a-t-il, par hasard, de l'espoir pour une troisième voie ! Si. Mais, il faut prendre le taureau par les cornes et opérer une hygiène administrative d'amaigrissement en terme de paperasses et de procédures tentaculaires plus que pénibles ! Feu Hédi Nouira l'a fait entre 1972 et 1974 pour libérer la sous-traitance et bien d'autres secteurs. Notre croissance a atteint plus de 7%. Aujourd'hui, nous avons au moins la chance de savoir que M. Habib Essid, Premier ministre, en est bien conscient puisque c'est lui-même qui le dit ! Alors... aux actes, et tout ira mieux ! K.G