Toute personne qui croit en un développement durable – donc tributaire d'un environnement respecté – s'insurge contre l'arrachage d'arbres centenaires au Belvédère et précisément derrière le stade Chedly Zouiten. L'Association des Amis du Belvédère maintient son appel à une « manifestation pacifique, citoyenne et légale » pour dénoncer tout mauvais traitement de ce patrimoine, pour préserver un parc de 110 hectares – seul poumon vert de la capitale. Les manifestants invités à venir de tous horizons condamneront haut et fort le silence de la municipalité quant à l'arrachage des arbres centenaires ainsi que l'attitude sournoise des autorités permettant aux proches de l'ancien régime de continuer à profiter de passe-droit. La marche prévue le 2 avril à 15h partira du parking du stade et ira vers les chantiers où se tiendra un sit-in et ce, en dépit du communiqué de la Municipalité de Tunis, qui a précisé que ce chantier a été stoppé pour non-conformité aux plans… Et qui soutient qu'il ne s'agit aucunement de près de 5000 m2 rasés mais uniquement d'un lot de 480 m2 qui aurait été acquis dans les règles de l'art, c'est-à-dire avec une autorisation de bâtir permettant l'arrachage des arbres… Alors que ce dernier point est soumis, lui aussi, à une autorisation du ministère de l'Agriculture. La vérité est en fait tout autre car il s'agit de deux chantiers appartenant, selon le communiqué de l'AAB, à deux dames proches de Mme Ben Ali, ex-première dame déchue : l'un, lancé récemment, par une certaine Mme Gharsallah sur les 480m2 sis devant le rond-point de la Ligue arabe dont parle le communiqué de la municipalité repris par tous les médias et l'autre, encore plus flagrant, avait été lancé en juin 2009 et sur 4200 m2. Il fait l'angle derrière le stade Chedly Zouiten et le poste de la Police de la circulation du quartier. A cet endroit, contrairement au démenti du communiqué de la Mairie (rendu public le 30 mars 2009), il s'agit bel et bien de 76 arbres centenaires répertoriés qui ont été arrachés par une certaine Mme Khalsi d'un terrain de près de 5000 m2. Des agissements qui ont eu lieu au vu et au su de la municipalité, des autres autorités concernées, et même de l'Association des Amis du Belvédère, qui a été noyée dans la bureaucratie lorsqu'elle s'est décidé – tardivement – à agir. J'étais membre actif de l'Association des Amis du Belvédère à cette époque et cette affaire m'a conduit à la démission étant donné mes positions jugées trop radicales par les autres Amis du Belvédère… Proposer – sous Mme et M. Ben Ali – des actions telles qu'un sit-in dans l'espace vert et empêcher physiquement l'arrachage d'arbres ou encore porter plainte pour stopper immédiatement les travaux de construction étaient tout simplement suicidaire selon l'AAB. D'autant plus que des membres de l'association, tels que son actuel président d'honneur, exercent des responsabilités au sein-même de la Municipalité, ou encore aux ministères de l'Agriculture ou de l'Ecologie, et savaient pertinemment qui tirait les ficelles ! D'où les actions – trop discrètes à mon goût – et les courriers aux différentes autorités concernées restés sans réponse, puis « Le » courrier à l'attention du chef de l'Etat, qui en définitive ne lui a pas été adressé. D'ailleurs, comme nous l'a confié un membre du bureau, depuis tant d'années et de sollicitations, la première réponse de la municipalité à ce sujet consiste en ce communiqué dans lequel elle déclare stopper le dernier chantier… Mais elle occulte l'ancien, et demande aux militants de « tempérer » ! L'arrêt du chantier qui a été à l'œuvre sur le petit lot de 480 m2 sur l'avenue de la Ligue Arabe à Mutuelle Ville ne nous fera pas oublier NOS 76 arbres centenaires répertoriés qui ont été rasés au printemps 2009. A la place de cet espace vert a poussé depuis une gigantesque villa. Ayant visité le site récemment avec une équipe de télévision, nous avons remarqué que la clôture s'est limitée à une partie du terrain ce qui nous pousse à nous demander quel sera le destin des m2 restants. Ces arbres centenaires ont été froidement abattus par des amoureux du béton, Mme Dalila Khalsi s'est lancé dans l'arrachage spectaculaire des arbres puis dans la construction sans attendre les autorisations en vigueur (ni celle de la CRDA ni celle de bâtir dont l'absence a été constatée par un huissier de justice mandaté par l'AAB,) car jusqu'à la mi-juillet 2009 sa demande d'immatriculation de la réquisition n°56619 n'avait pas encore eu de réponse du Tribunal foncier. Cela ne l'a pas empêchée de sévir puisque protégée par les au-dessus de la loi. Ce qui remet actuellement le feu aux poudres et nous indigne – que l'on soit citoyens indépendants ou militants d'une ONG telle que l'AAB ou même d'un parti politique – c'est que des particuliers, bâtisseurs sans vergogne, croient pouvoir encore jouir du fait du prince. Il leur faut une marche, un sit-in, des coups de gueule et des citoyens, médias, et ONG vigilants pour comprendre enfin que la Tunisie a fait sa Révolution ! A ceux-là, et à leur voisin zélé – habitant ‘‘chic'' de Mutuelle Ville qui a empêché une chaîne de télévision privée de filmer le chantier qui lui est mitoyen à coup d'injures et de crachats – je dis : l'Histoire se fera avec vous si vous le désirez, sinon elle se fera contre vous, comme elle s'est faite contre vos maîtres d'hier. Réveillez-vous comme l'ont fait quelques membres du bureau exécutif de l'AAB, hier hésitants. Il est encore temps de prendre la mesure. Changez de camp tant qu'il est encore temps. Anouar Trabelsi, universitaire