Une équipe dont on disait qu'elle était "meurtrie" et qui réussit un tel exploit au Soudan: eh bien, tant mieux qu'elle soit meurtrie. Les Clubistes Sfaxiens, on le sait, adorent alterner le chaud et le froid. Ils cultivent le mystère, assez souvent le paradoxe, mais ils lavent leur linge sale en famille. Chaque fois que Zahaf prend une décision , le mieux serait de se méfier des versions et de l'argumentaire dont on les drape. Lorsqu'on vous dit, à Sfax, que Decastel est en train de faire ses valises, le plus intelligent serait de croire que l'entraîneur suisse risque de voir se prolonger son contrat. Quand l'année dernière on nous affirma que Mrad Mahjoub restait intouchable après le flop de la finale continentale, à l'instant même son sort était scellé. Ce côté mystère , ce côté pudique aussi, mais ce côté tantôt romantique, tantôt cynique et réaliste: le Club Sportif Sfaxien c'est tout cela à la fois. Mais avec cette composante génétique unique: de tout temps, c'est lui qui pratique le plus beau football. L'icône en est, pour l'éternité, l'incomparable Agrebi, cet homme que le génie contrarié et désespéré a été parfois relégué au rôle de comparse, mais qui était le seul des temps des Tarek, Mohieddine, Temime et Bayari à pouvoir faire ce qu'il faisait d'un ballon. De tous les présidents de clubs tunisiens, Zahaf est le plus chanceux. Il lui suffisait de claquer des doigts pour que s'ouvre la boîte de Pandore. Le vivier du Club Sfaxien est d'un foisonnement et d'une richesse à nul autre pareil en Tunisie. Et puis, autour de Sfax, on va encore dénicher les talents dans les terrains vagues. On s'étonne dès lors de ce que les analystes "subliment" la dimension de l'Etoile, et qu'ils perdent de vue cette tornade dévastatrice (quand elle le veut) qu'est le Club Sfaxien. On s'étonne de ce que l'ami Chetali affirme que l'Etoile raserait tout sur son passage (à pieds) et qu'il ne prête pas attention à la capacité de résurgence sfaxienne. Et puis, il y a ce jeu de diversion qu'affectionne Zahaf lorsqu'il fait croire que son club est "au bord du gouffre", espèce de dormeuse destinée à distraire ses adversaires. Maintenant le Club Sfaxien va remporter cette Coupe de la CAF. Moez Driss a donc raison de les craindre et de dire qu'ils disposent de ressources intarissables.