Tunis-TAP - Le bassin méditerranéen, berceau de civilisations et des religions monothéistes, a connu à travers l'histoire ancienne et contemporaine des périodes mouvementées marquées tantôt de tiraillements tantôt de ralliements entre ses deux rives Sud et Nord, ayant engendré aux peuples de la région, des problèmes multiples avec de lourdes conséquences. Une telle situation a amené, aujourd'hui, les peuples et les dirigeants des Etats du bassin méditerranéen à revoir, d'une manière rationnelle, leur optique et leur politique en vue d'instaurer des relations de bon voisinage et de coopération multilatérale fondées sur le dialogue culturel et civilisationnel et sur les intérêts mutuels, à une époque marquée par les regroupements régionaux et la mondialisation galopante. Convaincue de la nécessité de mettre à profit la complémentarité économique des pays des deux versants de la méditerranée et de l'impératif de développer les liens culturels et politiques sur la base des valeurs de paix, de sécurité et du respect mutuel, la Tunisie a œuvré pour faire de l'espace méditerranéen une entité géographique paisible dont les peuples sont unis par des intérêts communs et la volonté de garantir le co-développement. Cette approche a été confortée, depuis le Changement du 7 novembre 1987, par l'appel du Président Zine El Abidine Ben Ali en faveur de l'instauration d'un espace euro-méditerranéen solidaire et efficient qui accueillerait un projet régional fondé sur les principes de la paix, la sécurité, l'intégration économique et le dialogue interculturel. A maintes occasions, le président Ben Ali a mis l'accent sur l'importance particulière que revêtent les relations de la Tunisie avec l'Union européenne. Ainsi, a-t-il souligné dans son discours à l'occasion de la célébration du 19 anniversaire du Changement: '' Nous œuvrons de notre côté en permanence à promouvoir ces relations et à les enrichir de manière à assurer la mise en place d'un partenariat solidaire avec cet espace''. Consciente de la nécessité d'établir des relations fructueuses de partenariat entre les pays des deux rives du bassin de la méditerranée, la Tunisie a abrité, au mois d'avril 1995, le symposium international sur ''la pédagogie de la tolérance'', ayant été couronné par un document baptisé ''le Traité de Carthage pour la tolérance dans le bassin méditerranée''. Cet important forum a été suivi, en décembre 2003 par l'organisation, à Tunis, du premier sommet 5+ 5. Peu avant la tenue, au mois de novembre 1995 de la conférence de Barcelone couronnée par une déclaration ambitieuse stipulant la création d'une zone commune de développement et régie par les principes de la paix, de la démocratie et du respect des droits de l'homme, la Tunisie a été prompte à conclure un accord de partenariat avec l'Union européenne, qu'elle a signé le 17 juillet 1995. C'était, le premier accord du genre conclu entre l'Union européenne et un pays de la rive sud de la méditerranée, lequel accord est entré en vigueur au mois de mars 1998. L'accord de partenariat conclu avec l'Union européenne regroupant 27 pays avec une population de 400 millions d'habitants, vise à mettre en place progressivement une zone de libre échange des marchandises, des services et de capitaux. Ce même accord s'inscrit dans le cadre d'une approche globale dont l'objectif est d'assurer un développement régional équilibré, d'impulser la coopération et de promouvoir le dialogue dans les domaines économique, social, culturel et politique. Autant la Tunisie s'attache à assurer son intégration dans l'économie euro-méditerranéenne autant s'est-elle attachée à conférer à l'accord de partenariat avec l'UE lors de sa signature, une dimension sociale dans le souci de permettre la mise à niveau de l'entreprise économique nationale de manière à la protéger des conséquences périlleuses des mutations rapides et à préserver l'emploi et l'équilibre fondamental dans le pays. M. Joseph Manuel Borroso, président de la commission européenne n'a-t-il pas qualifié, à juste titre, ce genre de partenariat, de ''modèle réussi''? Dix ans après le processus de Barcelone, les observateurs s'accordent à souligner que les indicateurs de l'accord de partenariat tuniso-européen sont plutôt positifs relevant particulièrement l'élargissement et la diversification des champs de la coopération entre notre pays et cet ensemble régional de l'Europe. En effet, la Tunisie a bénéficié de 14 pc du total des aides européennes consacrées aux pays maghrébins dans le cadre du programme de développement destiné aux pays nord-africains ainsi que d'autres avantages ayant profité aux secteurs de l'investissement public et privé. Ces avantages se présentent soit, sous forme de crédits accordés par la Banque Européenne d'Investissement (BEI ), soit par le biais de financement privé direct ou indirect de projets de développement dans plusieurs domaines tels que l'infrastructure, l'environnement, la santé, et les technologies de l'information. L'accord a également favorisé la promotion du secteur du tourisme où l'on a enregistré un flux plus important de touristes européens, outre l'impulsion des exportations des produits industriels et agricoles dont le volume a été porté entre 1995 et 2005 de 7,5 à 14,7 milliards d'euros. L'on a enregistré également la progression du taux de couverture des importations par les exportations à environ 85,8 pc. Aspirer à un niveau de partenariat idéal, demeure cependant pour la Tunisie un droit légitime tant que la coopération entre les deux parties se développe au fil du temps, sur la base du respect de l'esprit de ''réciprocité'' conformément aux termes de l'accord de partenariat conclu avec l'union européenne. Le partenariat implique également la prise en considération des différences de niveaux de développement des deux parties ainsi que du niveau des capacités de l'entreprise économique à surmonter la pression de la concurrence venant de l'extérieur. La Tunisie qui prévoit à juste titre, les possibles extensions du champ de développement de l'espace euro-méditerranéen, a favorablement accueilli le principe de l'initiative du président français, Nicolas Sarkozy, qui consiste à instaurer une union méditerranéenne. Notre pays a de ce fait exprimé l'espoir de voir ce projet augurer d'une nouvelle phase de partenariat et de coopération fondée sur le dialogue multilatéral pour que la Méditerranée devienne un espace de paix et d'intégration économique, une fois que la pauvreté, ses causes et ses conséquences seraient éradiquées. Ainsi la naissance d'une nouvelle identité méditerranéenne demeure tributaire du succès du projet euro-méditerranéen et du degré d'adaptation de chaque pays avec la politique du voisinage tout en tenant compte des objectifs nationaux, des spécificités de chacun, loin de l'extrémisme et tout en prônant une solution juste et équitable au problème palestinien afin que la région du Proche-Orient soit stable et paisible.