Une pratique fort répandue jusque là dans certaines cités populaires et dans les faubourgs des grandes villes tend ces derniers jours à gagner du terrain et à investir même les centres villes voire les quartiers huppés. Tablant sur l'absence de points de vente ou de marchés à proximité d'une part, et sur l'engouement manifesté par le consommateur vis-à-vis pour les prix « imbattables », certains se procurent une 4-4 non bâchée (pour mieux exposer leurs marchandises) et sillonnent ces agglomérations klaxons bloqués à fond pour annoncer leur arrivée sans omettre de se faire assister par une aide à la voix tonitruante, percutante s'égosillant sans arrêt à ameuter généralement les maîtresses des maisons. Tous sans exception vantent la fraîcheur de leurs produits, se prenant pour des agriculteurs authentiques amenant leurs denrées directement de leurs champs et prairies ! (du producteur au consommateur). Dans la même plage horaire, et dans le même point stratégique de la Houma, il arrive que trois, voire davantage de véhicules convergent conjointement vendant parfois les mêmes produits d'où une concurrence tous azimuts volet abaissement des prix au grand bonheur des acheteurs ravis de l'aubaine. Des fois, des bagarres éclatent : les premiers arrivés sur les lieux se prenant pour les maîtres des céans et pourchassant les « intrus » débarqués ultérieurement.
Quel profil ? Sont-ils tous des agriculteurs comme ils le prétendent ? La plupart d'entre eux interrogés ont répondu évidemment par la négative. La veille et pour leur écrasante majorité, ils chargent leur véhicule de chez un fellah content de se débarrasser des tracas des courtiers (HABBATA) squattant le circuit officiel. Pour le reste, une virée aux aurores du côté de Bir El Kassaa et le tour est joué ! Les consommateurs assidus à ce genre de commerce, de véritables et non moins solides relations finissent par s'établir entre eux et les commerçants ambulants, donc les acheteurs sont unanimes à louer cette pratique leur amenant jusqu'à chez eux ce dont ils ont besoin et à des prix défiant toute concurrence. Certaines maîtresses de maison disposent même du bon vieux carnet que détenait par le passé le « Jerbi » de la Houma pour y noter les ventes à crédit. Et elles ne gomment leur ardoise que mensuellement une fois le salaire arrivé à bon escient. Mais il y a un hic dans l'affaire, car il y a une entourloupe : certains avides de gains illicites et faciles utilisent des balances truquées et des poids non réglementaires dépourvus de plomb. Sans parler des produits qu'ils exposent et qui sont loin d'être frais. Et trimballés à longueur de journées à l'air libre, à la merci des intempéries et de la canicule, dans quel état parviendraient-ils aux acquéreurs ?
Haro sur la vente des poissons ! Si pour le restant des produits vendus on pourrait à la limite fermer les yeux, il faut attirer avec force l'attention de Messieurs des services d'hygiène aux différentes communes sur la distribution des poissons ! A-t-on idée des maladies, des infections intestinales, des gastroentérites parfois très graves véhiculées par ces poissons bradés certes à des prix fort abordables mais contraignant les consommateurs a postériori et parfois pendant même la prise alimentaire pour certains germes virulents à de lourdes hospitalisations, à des frais faramineux et à une longue convalescence. Il est médicalement impératif selon les médecins spécialistes en la matière d'énergiquement combattre ce genre de commerce, quitte à châtier sévèrement les contrevenants, la santé voire la vie de nos pairs est grandement mise en jeu. Qu'on trouve un petit créneau parmi les spots publicitaires vantant les bienfaits des produits alimentaires (yaourt, chocolat, chamia, boissons, etc.) et affolant chaque jour davantage nos gosses pour prévenir et instruire les consommateurs sur les dangers et périls encourus par l'achat de poissons au pas de leur porte !