La ville de Ben Guerdane s'est réveillée hier sur le son de tirs nourris suivis d'un survol du ciel de la ville par des hélicoptères de l'armée nationale. La habitants ont été sommés de rester chez eux et de ne plus en sortir. Au petit matin, ils ont pu connaître la réalité de ce qui se passe. Il s'agissait d'une attaque terroriste d'envergure organisée et coordonnée. Des sources sécuritaire ont déclaré à « Assabah » qu'après le bombardement par des avions américains d'une maison de Sabrata en Libye qui s'est soldée par la mort de 10 terroristes en majorité de nationalité tunisienne, des renseignements parvenus aux forces sécuritaires font état d'un plan de Daech pour l'occupation de la ville de Ben Guerdane et la déclarer émirat de Daech en usant d'attaques simultanées contre plusieurs sites stratégiques de la ville. Après de vastes investigations, les forces sécuritaires sont parvenues à abattre quatre terroristes en début de semaine. Un cinquième s'est fait exploser, alors que les autres ont pris la fuite. D'autres informations ont révélé la probable infiltration de dizaines de terroristes à travers le désert libyen pour se cacher à Ben Guerdane. Les mêmes informations font état de la présence des dangereux terroristes Meftah Manità, Adel Ghandri et Moez Fezzani dans la région, ce qui a poussé le ministère de l'Intérieur à émettre des avis de recherche à leur encontre. A propos de l'opération terroriste d'hier, des sources sécuritaires concordantes ont annoncé que des groupes de six à sept terroristes ont attaqué simultanément le district de la sûreté nationale, de la Garde nationale et la caserne de l'armée a Ain Jelal. D'autres terroristes ont investi plusieurs maisons de sécuritaires, assassiner deux d'entre eux, tuer un agent de la douane et tirer sur des citoyens dont plusieurs ont trouvé la mort. Devant le district de la sûreté nationale de Ben Guerdane, deux terroristes dont l'un est Meftah Manita ont tiré sur des agents qui ont riposté et tué le dangereux Meflah Manità ainsi qu'un autre terroriste, probablement de nationalité algérienne ou libyenne. Ils ont ensuite ouvert un tir nourri sur une estafette où se sont réfugiés d'autres terroristes. Atteint, le conducteur à été tué alors que les autres ont pris la fuite. Devant le district de la Garde nationale ils ont surpris les agents de garde par une rafale de tirs. L'agent Sofiene Ben Ahmed est tombé en martyr en plus de deux de ses collègues ainsi que des agents de la Garde routière. Les autres agents ont riposté rapidement et sont parvenus à tuer trois ou quatre terroristes alors que d'autres se sont enfuis à travers les rues et les cités de la ville après l'arrivée des renforts parmi les forces spéciales, les forces d'intervention et les forces armées. Dans la région de Jalel un grand nombre de terroristes ont essayé d'attaquer une caserne militaire mais les soldats en état d'alerte, ont pu repousser les assaillants, tuer un grand nombre et arrêter des blessés. Entretemps, certains terroristes ont attaqué des maisons des agents de l'ordre dont deux sont tombés en martyrs en plus d'un agent de la douane. La traque aux assaillants Après quelques heures de combat, les terroristes ont volé une ambulance de l'hôpital et des voitures 4x4 pour fuir. D'importants renforts sont arrivés à Ben Guerdane avec une couverture aérienne et ont obligé les assaillants à s'éparpiller ouvrant le feu dans une « guerre de rues ». Mais les forces de la sécurité et de l'armée ont vite maîtrisé la situation et tuer de dizaines de « Daechiens » en les traquant dans les localités de Jalel, El Kharoube, El Tabii, El Ghariani et notamment au centre ville tout près du district de la garde de la route, et en bombardant une maison où les terroristes se sont réfugiés. Essebsi appelle les habitants du Sud à appuyer les efforts de l'Etat Le président de la République Béji Caid Essebsi a appelé hier, les habitants du Sud tunisien à continuer à appuyer les efforts de l'Etat dans son combat contre le terrorisme. Dans une déclaration accordée à la radio de Tataouine, Caïd Essebsi a loué les efforts fournis par les forces de sécurité et de l'armée, tous corps confondus, en vue de lutter contre le terrorisme et faire face aux terroristes dans la ville de Ben Guerdane. Il a, par ailleurs, exhorté les habitants à se conformer aux dispositions du couvre-feu, décrété à Ben Guerdane de 19h00 à 5h00. Le président de la République a rendu hommage à la mémoire des martyrs, sécuritaires, militaires et citoyens, tombés lors de cette opération terroriste. Caid Essebsi s'est rendu hier à la salle des opérations de la Caserne de la Garde nationale d'El Aouina pour suivre les développements de la situation à Ben Guerdane et le déroulement de l'opération sécuritaire et militaire en cours. Plutôt dans la journée, le président de la République s'est entretenu au Palais de Carthage avec le chef du gouvernement Habib Essid sur la situation sécuritaire à Ben Guerdane. L'entretien a été également l'occasion de se concerter sur les mesures à prendre pour sécuriser les régions frontalières au Sud de la Tunisie, faire face aux terroristes et garantir la sécurité des citoyens. Par ailleurs le président de la République Béji Caid Essebsi a eu, hier, au Palais de Carthage, un entretien avec le président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) Mohamed Ennaceur. L'entretien a porté sur le suivi de la situation sécuritaire à Ben Guerdane et sur l'importance de l'unité nationale dans la lutte contre le terrorisme, indique un communiqué de la présidence de la République. Dans une déclaration à l'agence TAP, le président de l'ARP avait estimé que «défendre la patrie est le devoir de tout tunisien et non pas uniquement celui des forces armées. L'unité des Tunisiens est l'arme et le boulier contre les terroristes». Ennaceur a aussi affirmé le «soutien inconditionnel des députés aux forces sécuritaires et militaires face aux terroristes à Ben Guerdane». Pour une enquête sérieuse sur les caches d'armes et les cellules dormantes Les habitants de la ville de Ben Guerdane se sont réveillés, hier matin lundi 7 mars 2016, sur les tirs entre les forces de l'Armée et de la Garde nationales, d'un côté, et des dizaines d'éléments appartenant au mouvement terroriste de Daêch. Il s'agit de l'attaque terroriste la plus importante enregistrée en Tunisie depuis la révolution. De par l'ampleur des moyens humains et matériels utilisés, cette opération pourrait marquer un tournant dans la stratégie menée par les terroristes dans notre pays. En attendant la fin effective de l'opération et le bilan définitif qui en sortirait, les premiers éléments laissent entendre que le nombre de terroristes impliqués serait assez élevé puisqu'hier vers 16 heures, on comptait déjà 35 tués dans leurs rangs, ce qui en fait un succès sécuritaire, alors que le nombre des martyrs, entre militaires, sécuritaires, douaniers et civils, s'élevait à 18, ce qui en fait une véritable tragédie. En attendant la fin de l'opération et l'autre bilan concernant le matériel saisi chez les assaillants en armes, munitions et véhicules, tout laisse entendre que les moyens mis en œuvre par les terroristes s'apparentent à un véritable arsenal de guerre, car pour se hasarder à donner l'assaut, à la fois, à la caserne militaire et aux districts de police et de la Garde nationales, il faut être outillé d'armes sophistiquées, voire de matériel lourd. Autre fait marquant et contrairement à ce qu'on pouvait le croire, l'attaque a été menée par des éléments et du matériels se trouvant déjà sur les lieux. Autrement dit, les terroristes ne se sont pas infiltrés de Libye, mais disposaient bien de dépôts et de caches d'armes sur place et de cellules dormantes composées d'un grand nombre d'hommes, déjà bien entraînés. Selon Walid Louguini, ancien porte-parole officiel au ministère de l'Intérieur, les forces de sécurité ont découvert, hier même à Ben Guerdane, l'existence d'armes cachées depuis 2012. On parle d'un vaste dépôt plein d'armes sophistiquées et variées. D'un autre côté, Abdelhamid Jelassi, un des grands barons d'Ennahdha, trouve le moyen, en ce jour même de drame à Ben Guerdane pour dire que « personne ne croyait que le terrorisme était une réalité » ! Allons donc... Il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir la montée en puissance de ce fléau depuis justement 2012. Car auparavant, il y a eu juste quelques timides tentatives. Il ne faut pas oublier que depuis quelque temps, l'on n'a cessé de découvrir des caches d'armes, notamment à Médenine, avec l'arrestation, parfois de suspects potentiels, mais jusqu'à ce jour, l'on ne sait pas encore ce qu'il en est advenu Toutefois, des caches d'armes, on en avait découvert un peu partout à travers le pays, et même dans les environs du Grand Tunis, mais à chaque fois rien n'a filtré sur l'origine de ces dépôts, sur leurs destinataires, sur leurs propriétaires présumés dans le sens où les locaux contenant ces arsenaux devaient bien appartenir à quelqu'un. Et un fait est là : la majorité de ces armes a fait son entrée dans le pays depuis 2012 et a continué à l'être jusqu'à la fin du règne du gouvernement dit technocrate de Mehdi Jomâa qui avait été « forcé » de conserver le ministre de l'Intérieur à l'époque, le controversé Lotfi Ben Jeddou, issu du cabinet d'Ali Laârayedh. Sans vouloir tomber dans le pessimisme, ni l'alarmisme, il est impératif de redoubler de vigilance et d'observer une prudence à toute épreuve pour la simple raison que des caches et dépôts d'armes, il y en aurait d'autres et des cellules dormantes, il y en aurait d'autres. Le problème résiderait dans les instructions menées à l'encontre des éléments terroristes déjà arrêtés mais dont la plupart sont libérés « faute de preuves », selon les termes laconiques utilisés par le ministère public. Et dire qu'on oblige certains autres suspects à uriner pour le dépistage de la consommation de stupéfiants ou à subir le test anal pour prouver une relation homosexuelle pour des personnes ne présentant aucun danger public. Pourtant on libère un présumé terroriste qui a procédé à une reconstitution de faits ayant mené à l'attentat contre le musée du Bardo, sous prétexte qu'il a été torturé. Une question se pose ici : Pourquoi n'a-t-on pas instruit une affaire contre les présumés policiers ayant commis lesdits actes de violences tout en poursuivant l'enquête contre le terroriste suspecté, dans le sens où ce dernier présenterait un grave danger pour la société au cas où son implication serait avérée ?! Autre point d'interrogation. Qu'a-t-on fait des cadres du ministère de l'Intérieur suspectés d'avoir des connivences avec des salafistes et autres extrémistes puisque même un proche parent d'Abou Iyadh était haut cadre audit ministère ? Et en tout état de cause, les analystes s'accordent à dire que sous les gouvernements de la Troïka de Hamadi Jebali et d'Ali Laârayedh, les autorités avaient observé un certain laxisme envers les extrémistes religieux qualifiés de « nos enfants rappelant à certains leur jeunesse ». Même si l'heure est à l'union sacrée et au resserrement des rangs, il est impératif de penser, dès-à-présent, à une autre approche dans les investigations et les enquêtes aussi bien sécuritaires que judiciaires pout toute affaire à connotation terroriste. Il y va de la vie de nos vaillants soldats des forces de l'Armée et de la Garde nationales, de la vie des citoyens civils dont notamment des enfants. On voudrait saisir cette occasion pour émettre un vœu en direction des animateurs et responsables des plateaux radiotélévisés. Qu'on cesse d'inviter les proches (parents, amis et voisins) des terroristes sur les plateaux ! Car il est évident et logique qu'ils vont dire du bien des leurs et qu'ils vont mettre en doute leur appartenance aux mouvements terroristes. Certaines chaînes n'ont pas hésité, tout récemment, d'inviter le père et le frère d'un terroriste tunisien tué à Sabrata pour affirmer que leur enfant n'a rien à voir avec ce fléau, « qu'il ne fait pas de mal à une mouche et qu'il est un homme pieux adepte, juste, de sa prière... ». En ces moments tragiques, les temps ne sont plus à la recherche du buzz. Oui à la recherche de l'information utile pour les citoyens. Non à la recherche du sensationnel quitte à blanchir indirectement le terrorisme ! L'heure est grave ! Imaginons, un seul instant, que les terroristes soient parvenus, hier, à investir la caserne militaire à Ben Guerdane ! Nous préférons ne pas y penser... Noureddine HLAOUI En bref Des souliers militaires ont dévoilé l'infiltration Une source informée a dévoilé à «Assabah» que des citoyens ont découvert, au milieu de la semaine écoulée, des souliers militaires contenant des chaussettes entachées de sang dans une rue. Cette même source à laissé entendre qu'il s'agit d'une infiltration de terroristes venant de Libye et parmi eux un membre terroriste touché par balle au pied. Les accès à Djerba sécurisés et non fermés Une source bien informée au sein du ministère du Tourisme a démenti les informations faisant état d'une fermeture des accès menant à Djerba. A même source affirme qu'il s'agit plutôt d'une mise sous étroite surveillance sécuritaire avec installation de points de contrôle au niveau de toutes les entrées de l'île Les ministres de la Défense et de l'Intérieur sur les lieux Le Chef du gouvernement, Habib Essid, s'est réuni avec le ministre de l'Intérieur Hédi Mejdoub et le ministre de la Défense Farhat Horchani pour passer en revue l'évolution de la situation à Ben Guerdane et a donné des instructions pour la sécurisation du périmètre des opérations en cours. Un ordre a aussi été donné pour effectuer des opérations de ratissage de toute la zone à la recherche de tous les mouvements suspects et des investigations dans la région du Sud du pays à la recherche d'éventuelles caches d'armes. Habib Essid a, par ailleurs, demandé aux deux ministres de se rendre à Ben Guerdane dans la journée pour suivre le déroulement de l'opération sur les lieux. Appel aux dons de sang L'hôpital de Ben Guerdane a lancé un appel aux dons de sang dans la journée d'hier 7 mars 2016 suite aux affrontements entre les forces de l'ordre, l'armée nationale et des éléments terroristes. Il est à noter que l'hôpital régional de Ben Guerdane a été réservé à la réception des dons de sang alors que tous les blessés ont été transportés à l'hôpital de Zarzis. Couvre-feu de 19h à 5h du matin à Ben Guerdane Un couvre-feu a été décrété à partir d'hier, 7 mars 2016 à la ville de Ben Guerdane de 19 heures à 5 heures du matin, a annoncé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. Les médias appelés à ne pas se rendre à Ben Guerdane Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Yasser Mesbeh, a appelé les représentants des médias à ne pas se déplacer à Ben Guerdane, suite à l'opération terroriste survenue hier matin. Notons que les habitants ont été appelé à rester chez eux et qu'un numéro vert a été mis à la disposition des citoyens. Annulation de tous les congés Suite aux affrontements avec les terroristes à Ben Guerdane, le ministère de l'Intérieur a décidé d'annuler tous les congés des différents brigades sécuritaires et l'application du régime 12h de travail. Les agents sécuritaires répondent favorablement à cette décision. Chute de l'indice du Tunindex L'indice Tunindex a connu une chute hier, 7 mars 2016 à la Bourse de Tunis. 32 valeurs apparaissant en baisse contre 9 progressions à mi-séance. Le marché a réagi, ainsi, aux affrontements dans la ville de Ben Guerdane où une attaque terroriste est survenue à l'aube du 7 mars 2016 contre une caserne militaire et contre les districts de sûreté et de la Garde nationale. L'indice phare de la bourse a subi une perte de 0,56% vers midi, à 5396,26 points, le Tunindex 20 a reculé quant à lui de 0,63% à 2247,81 points. Les échanges ont porté sur 265 mille actions, pour un volume de 2 MD.
