L'élan patriotique exprimé à Ben Guerdane, et partout en Tunisie, du Nord au Sud, suite à l'attaque terroriste de Daëch, montre encore une fois que notre peuple éduqué à bonne école et conscient de ses intérêts majeurs menacés par la fermentation messianique et irrationnelle, a une bonne longueur d'avance sur la classe politique qui le mène en bateau vers l'instabilité permanente et l'inconnu. Appelez cela l'instinct de conservation la sagesse populaire instinctive qui est, finalement, « l'intelligence » basique, mais les Tunisiennes et les Tunisiens, bien fixés au socle de la raison et du réalisme ne ratent jamais les grands rendez-vous avec l'Histoire. On a beau cultivé la fermentation des fractures sociales et culturelles au nom de l'identité, de la religion ou de l'égalité, rien n'y fait, le Tunisien démontre à chaque épreuve un grand sens de la responsabilité parce que moulu au « centre » et parce qu'il redoute « l'excessif » aussi bien religieux qu'égalitaire dogmatisé, de peur de perdre et le capital et les dividendes. Le secret, en tout cela, c'est la classe moyenne, celle qu'Aristote, le père de la science politique désigne par le « juste milieu » et qui expliquait déjà, il y a plus de 2300 ans, que les agriculteurs, les artisans, les commerçants et les cadres intermédiaires de l'Etat et de toutes les « oligarchies » administratives, sont les plus attachés au pays et à la patrie dont ils sont les véritables « propriétaires » ! Les Tunisiens de Ben Guerdane et d'ailleurs, ont mesuré très justement ce qu'ils ont déjà perdu avec cinq ans de palabres, d'instabilité sociale, économique et sécuritaire et ce qu'ils risquaient de perdre, encore plus dramatiquement, en regardant l'Etat à l'agonie, harcelé et attaqué de toute part, pour vivre la tragédie de la décomposition des Etats proches, comme la Syrie, l'Irak ou la Libye ! Ça fait cinq ans, et après une Révolution raisonnable au départ, parce qu'elle a voulu mettre le pays sur l'orbite démocratique rationnelle, légale et institutionnelle à l'occidentale, que ce bon peuple de Ben Guerdane et d'ailleurs, observe les cycles de l'intolérance de la démagogie et de l'illumination politique au nom de la religion, de la liberté, de l'égalité sociale et même des droits de l'Homme, qui ont fragilisé au plus haut point, l'économie, les finances publiques et privées et surtout, l'autorité de l'Etat. Cinq ans d'acharnement et de culpabilisation de l'Etat (qualifié d'ancien régime) de ses cadres sécuritaires, de ses juges, de ses douaniers, et même de ses entrepreneurs accusés pour la plupart de « corruption » et bien d'autres maux avec pour objectif avoué et non avoué de changer la « nature de l'Etat » et d'en faire, soit une « wilaya » islamique, ou une République « démocratique et populaire » comme au bon vieux temps des dictatures totalitaires de l'Est européen des années 60. Entretemps, la réalité des faits a été plus qu'indicative et assommante. La liberté gagnée de haute lutte par le peuple de l'Avenue Bourguiba, ce 14 janvier 2011, n'a pas été canalisée dans le bon sens pour mettre le pays à niveau, doubler d'ardeur, dynamiser l'économie, créer la richesse et la croissance en veillant à l'intérêt général, mais orientée sur des luttes identitaires et religieuses, faisant campagne pour les sociétés « salafiques » médiévales, d'une part, et les revendications salariales et sociales excessives, mettant K.O la culture du travail, la discipline individuelle et collective et la volonté d'entreprendre. Ces citoyens « propriétaires » de leur pays, au sens aristotélicien du terme, savent ce qu'ils ont perdu et ce qu'ils risquent encore de perdre en laissant faire cette horde de criminels de Daëch, qui veulent faire des provinces tunisiennes, ce qu'ils ont fait de Reqqua en Syrie ou de Ramadi en Irak, ou d'une partie de la belle et lumineuse Haleb (Alep), totalement en ruines, défigurée par l'ordre obscurantiste Daéchien. C'est pour cela qu'ils ont réagi rapidement et avec honneur, bravoure et patriotisme, pour défendre la Tunisie des lumières, de la tolérance et du progrès. J'en viens, enfin, à cette « solution miracle » qu'on nous sort de temps à autre sur le débat ou le « congrès de la lutte contre le terrorisme », et qui risque, à l'image de la loi anti-terroriste, faite pour ne pas être appliquée, de ne jamais aboutir, parce que tout simplement, la « politique » et sa classe « orientée » et contradictoire, ne peut pas fabriquer, en ce moment, un « produit » fiable et efficace. D'ailleurs, si on appliquait la loi anti-terroriste ou même le Code pénal à la lettre, plus de 1000 terroristes seraient condamnés à mort et 1000 autres à la perpétuité. Mais, entretemps, on s'est arrangé pour inventer la défense infaillible sous couvert de la « torture »... et comme quoi, les aveux des terroristes de leurs crimes, auraient été tous arrachés sous la torture ! Quelle trouvaille ! Les Islamistes n'en veulent pas parce que ça peut les culpabiliser pour les errements et le laisser-faire du temps de la Troïka. Le gouvernement et les autorités, non plus, parce que le pays est déjà suffisamment fracturé et qu'il faut arrêter de remuer sans cesse le couteau dans les plaies. La population des classes moyennes, le redoute, parce qu'elle n'a plus confiance dans les partis politiques, de plus en plus narcissiques et déraisonnables, promettant les lunes qu'on ne voit jamais venir. Alors, que reste-t-il ! Mieux vaut s'arrêter là et laisser les débats stériles des T.V de 19H, s'en charger ! Allons plutôt vers le réalisable, la mobilisation patriotique, à l'image de ces écoles ressuscitées et qui reviennent de loin, pour hisser haut et fort l'étendard national. Soyons pratiques pour aider notre valeureuse armée et nos forces de sécurité et de la garde nationale, admirables de courage et de sacrifices. Aidons le gouvernement à remettre la Tunisie au travail. Appelons à la discipline au lieu de reporter des grèves aux semaines prochaines. Appelons les mineurs et syndicalistes de Mdhila et de Oum Laârayess, à convaincre les jeunes sans emploi, à ne pas stopper leurs machines de production. 5000 milliards de perdus suite aux grèves du bassin minier, n'est-ce pas suffisant ! Et dire qu'on aurait pu les investir pour créer des emplois nouveaux pour ces jeunes chômeurs. C'est pour cela que les gens en ont marre de la politique et des politiciens qui, eux, n'on rien à perdre en mettant ce pays dessus-dessous ! Qu'on débatte pour une fois de l'opportunité des débats, qui n'ont aboutit, jusque-là, qu'à diviser les Tunisiens au lieu de les unir. Le Prophète Mohamed (SAWASLM) n'a-t-il pas dit : « Biissa Kawmin kathoura jadalouhoum wa kalla aâmalouhoum » (La pire des communautés, c'est celle qui parle trop et travaille si peu). Alors... ! K.G