Au fait, avons-nous les gouvernants que nous méritons parce qu'ingouvernables ou sommes-nous mal gouvernés ! Au vu de l'indiscipline généralisée, au nom de la Révolution, la culture du « chacun pour soi », du « moi » de ma famille, de mes intérêts... et puis, à tout le reste de se débrouiller conformément au dicton populaire « Akhta Rassi wadhrab » (Evitez ma tête et frappez qui vous voulez), l'Etat et le gouvernement reflètent cette nécessité de la survie, au jour le jour, la méthode de « parer au plus pressé », parce que l'accumulation des exigences a atteint toutes les limites du gérable. David Easton le grand politologue américain et auteur de référence sur le « système politique » parle des régimes qui croulent sous le poids du « stress » social et des demandes exacerbées parce que confrontés à « l'embouteillage » insoluble des exigences. Or, je défie, aujourd'hui, quiconque pourrait gouverner ce pays dans le bon sens tant que les groupes de pression, des partis et des syndicats n'ont rien à perdre à fermenter la revendication sociale sur fond de pessimisme régional et de défaitisme des entrepreneurs bâtisseurs qui attendent l'accalmie et la paix sociale, depuis belle lurette. Le temps passe vite et il vaut mieux, parfois, renvoyer les statistiques aux oubliettes mais on serait curieux de compter les grèves, les sit-in, les mouvements de rues, les blocages des usines et l'entrée des villes et gros villages depuis cinq ans ! Ne vous effrayer pas, car ça appartient au passé, mais ça doit friser plusieurs milliers de quoi asphyxier les plus solides des économies. Toutefois, rien ne se perd et la nouvelle « culture » du nouveau « contrat social » telle que promue par les extrémistes de tout bord donne l'équation suivante : « Si vous voulez faire aboutir vos revendications... Allez droit au but... occupez l'espace de travail et la rue » ! Alors, la vocation des gouvernements qui est de gouverner et de prévoir donc, planifier, est tout simplement ramenée à la gestion, permanente, de la crise permanente ! Kerkennah, une île de grande beauté à quelques encablures de Sfax, la métropole industrielle et commerciale du Centre-Sud, ne peut pas décoller si on continue à naufrager la vision globale et nécessaire pour en faire un véritable pôle de développement touristique, agricole et même industriel adapté à ses paramètres naturels. Dites-moi comment une région, une île ou toute autre ville, pourrait réfléchir sereinement sur son développement alors, qu'elle se réveille sur les grèves et s'endort sur les sit-in ! Même les promoteurs chinois et leur patience légendaire y renonceraient ! De fait, nous sommes au stade de la gestion permanente des « affaires courantes » et de la perturbation sociale et régionale, avec une économie très fragilisée, justement, par la dérive de certains politiciens illuminés par un monde qui n'existe plus depuis les années soixante... et nulle part au monde ! Toutes les « dictatures du prolétariat » se sont éteints, y compris, chez les nations fondatrices comme la Russie, la Chine, le Vietnam, la Pologne et même la toute dernière Cuba... sauf chez les rêveurs nostalgiques tunisiens ! Ça me rappelle, d'ailleurs, d'autres spécificités tunisiennes dénoncées par l'Historien Ibn Khaldoun à ses heures : « Toutes les répétitions indiquent la véracité des faits... sauf à Tunis » (Attawatour youfidou al kataâ... Elle fi Tounès). Alors, que faire devant cet acharnement de la mobilisation sociale et syndicale ! A notre humble avis, comme pour la politique, qui a fait de nous, aujourd'hui, une démocratie parlementaire pluraliste et raisonnable, il nous faut un vrai « électrochoc » économique. Je m'explique. Cet « électrochoc » passe par des signaux clairs, audacieux et pratiquement décisionnels et palpables par l'ensemble des citoyens et des régions. A tout seigneur tout honneur... la réconciliation économique et financière qu'il faut mettre en œuvre le plus rapidement possible sans hésitation ni état d'âme. Attendre l'appui consensuel des Instances conçues et créés par les politiciens de la revanche, de la chasse aux sorcières, et de l'inquisition contre les structures et les cadres de l'Etat, c'est tout simplement, espérer la lune ! Ces Instances, vivent justement, des « rentes » d'un fonds de commerce taillé sur mesure au dernier quart d'heure, par l'Assemblée Nationale Constituante, du temps où elle voulait défigurer et décomposer l'Etat national moderne, ses élites, ses cadres, ses policiers, ses juges et j'en passe, en culpabilisant l'ensemble de cet Etat et pas seulement l'oligarchie de la minorité de commandement de l'ancien régime. En deuxième lieu, il faut institutionnaliser la paix sociale, avec des mécanismes qui associent les syndicats à l'œuvre de l'Etat mais, sans en faire l'Etat dans l'Etat. Le contrat social comme son nom l'indique est l'association des projets de partenaires, qui visent l'amélioration des revenus des travailleurs, mais pas la destruction des entreprises et de l'investissement. La vitalité des entreprises et de la dynamique économique fait partie, aussi, du contrat social. Autre composante de « l'électrochoc » espéré pour réanimer l'économie, c'est le changement de la politique monétaire de ce pays, de façon à faciliter le flux des transferts d'argents, et surtout des capitaux en devises, vers la Tunisie, en allégeant les procédures et les charges et en rassurant les investisseurs et non pas leur faire peur et les culpabiliser. Enfin, la relance des grands projets surtout autour des grandes villes comme Tunis, Sfax, Gabès, Bizerte, Béja, Siliana, Kasserine, Médenine etc... Que serait Tunis, aujourd'hui, si on n'avait pas du temps d'un certain Mohamed Mzali, tant décrié à l'époque, pris le « taureau » du Lac de Tunis, par les cornes et engager ce projet-pilote dans la capitale ! Le Lac Sud attend son heure ainsi que Tunis-Marine, le port financier de Raoued, et tous ces projets qui attendent des décisions fermes et irrévocables dans les autres métropoles précitées. Ces centaines de projets sont et seront les fondements même de la Révolution économique, qui mettra la Tunisie sur l'orbite terrestre du développement intégral et qui la rapprochera des samouraïs dragons d'Asie et d'Amérique du Sud, en pleine croissance. Or, tout cela passe par une volonté inébranlable de « faire » et non pas d'attendre « qu'on laisse faire », par des minorités irresponsables qui veulent tout simplement bloquer la Tunisie et la terre entière ! Oui, le « Nihilisme » n'a jamais été une culture tunisienne ! Revenons à nos valeurs ancestrales, celles du travail, de l'optimisme et de la détermination. Oui, la culture de « l'action » et non du sur-place, des jamais satisfaits ! K.G