L'anniversaire du déclenchement de la Révolution a été « célébré » dans la morosité la plus totale car le cœur n'y est pas ! Et pour cause... qu'avons-nous fait d'un changement qualitatif essentiellement « politique » de démocratie sociale, sinon un pays livré au doute et au terrorisme, accompagnés par un désengagement « citoyen » à large échelle, mais, aussi par un harcèlement sans précédent des minorités agissantes au nom de tous les « droits » pour décapiter ce qui fait les grandes Nations : La discipline, le travail et l'ambition de reconstruire au lieu de détruire ! Cinq ans de balbutiements « révolutionnaires » avec une fermentation identitaire excessive et sans précédent, où le « Religieux » a pris le dessus sur le « terrestre », alors, que même Dieu le Tout-Puissant, ne l'a pas exigé, puisqu'il a incité ses créatures au labeur qui est une forme de piété et de prière appréciée par Dieu lui-même, et son Prophète (SAWAS). Le Saint Coran ne dit-il pas : « Dis leur de travailler... ». Et Dieu, son Prophète, et les Musulmans apprécieront (Wa kol aâmalou fa sayara Allahou aâmalakom wa rassoulouhou wal moûminoun). Qu'on fasse le bilan de combien d'associations « religieuses » « d'écoles » et de «jardins d'enfants » sous forme de « Koutebs », édifiés après 2010, ça se chiffre par milliers et dire que la Tunisie était bien musulmane à 99% et que ce genre de ferveur aurait été peut être compréhensible, dans un pays à « islamiser » à partir de rien ! Mais, ceci dit, avons-nous expliqué à nos bons citoyens pieux et qui sont guidés par la bonne action, et qui ont les moyens, de construire un orphelinat, une école, ou réhabiliter les écoles et les lycées dégradés par manque de moyens budgétaires, sont aussi une forme de piété et de prières que Dieu appréciera certainement aussi. Où sont nos « Foukahas » (les jurisconsultes et ulémas de la Religion) ! Et pourquoi ils n'exhortent pas les fidèles et les bons musulmans à aider les pauvres non pas en leur donnant seulement l'aumône, mais en les aidant à monter des projets aussi modestes soient-ils ! Malheureusement, beaucoup de ceux qui se sont déclarés « cheikhs » illégitimement, sont, aujourd'hui, beaucoup plus prompts à venir « gueuler » leur haine et leurs menaces de « l'enfer » qu'ils destinent aux Musulmans modérés, sur les plateaux T.V, devenus de véritables espaces du « cirque » identitaire, et où la guerre de religions est plus que promise, aux Tunisiennes et aux Tunisiens assommés, ne comprenant pas ce qui leur arrive alors que de tout temps ils ont vécu leur Islam tranquillement et avec grand bonheur ! Aujourd'hui, le Conseil des ministres vient de décider d'allouer à titre exceptionnel, 500 millions de dinars, pour, je cite : « circonscrire et traiter les facteurs qui nourrissent le terrorisme, avec une stratégie qui englobe les aspects sécuritaires, militaires, éducatifs, culturels et religieux ». Voilà, qui est clair, et le gouvernement est bien conscient que le terrorisme est bien nourri par la fermentation religieuse des Imams extrémistes. Mais, bien que cette politique soit absolument nécessaire et constitue une exigence fondamentale, pour immuniser et sauver le pays du terrorisme rampant, on aurait tellement aimé, que cette enveloppe importante ait été orientée vers l'encouragement de l'emploi des jeunes, par exemple, en leur accordant des incitations sous forme de « dons » et capital de départ pour démarrer leurs petites entreprises, commerces, ateliers etc... Que voulez-vous, chacun dans ce pays a cru avoir fait « sa » Révolution pour s'approprier une partie de l'Etat et de la société ! Les uns ont compris que la Révolution c'était d'instaurer un Etat « religieux ». D'autres ont compris que la Révolution c'est d'instaurer la dictature du prolétariat et j'en passe ! Et dire que la masse silencieuse, aujourd'hui, et qui a parlé à voix haute entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011, ne demandait que la liberté politique et d'expression, chose largement acquise, et la dignité qui est essentiellement portée par le développement régional, l'encouragement de l'investissement, la réduction de la bureaucratie tentaculaire et assommante, et la promotion de l'emploi par une meilleure formation professionnelle et une révision sérieuse du système éducatif. Or, tout cela attend... Oui, on attend de mettre les questions idéologiques et de fermentation politique qui se sont installées dans la démagogie la plus hallucinante, aux archives de la Révolution, et de s'attaquer solidairement et tous ensemble, dans la discipline et la paix, aux vrais problèmes économiques et de développement. Certains « leaders » enthousiasmés et pleins de zèle n'arrêtent pas de claironner que la Révolution n'a pas été encore accomplie, parce que leurs partis aux idéologies pointues à l'extrême n'ont pas pris le pouvoir ! Les pauvres ! Ils n'ont pas compris que ce grand peuple tunisien sait distinguer le vrai du faux, l'original du contrefait imité, et qu'au moment du vote il a dit sa volonté et exprimé ses choix clairement contre tous les extrémismes et leurs idéologies adjacentes. Le peuple tunisien aspire après une bonne Révolution et une dure et longue transition, à la raison, à la réhabilitation de l'Etat, de la discipline collective et individuelle, et surtout à la réhabilitation du « Devoir » citoyen et de l'Etat de droit ! Les droits « illimités » sont certainement octroyés par la nature humaine à la naissance. Mais, une fois l'Homme devenu « être social », il est obligé de souscrire à un minimum de discipline, qui nécessite un renoncement à certaines libertés pour assurer et permettre la sécurité et la vie individuelle et collective. Jamais John Locke, le père du « contrat social » n'a été plus d'actualité. Son essai lumineux sur le « gouvernement civil » est à lire et à relire. Tiens, bientôt la foire du Livre en mars prochain... Mais, pourvu qu'on ne soit pas encore inondés par la littérature médiévale obscurantiste ! Nos amis éditeurs libanais nous la vendent au kilo comme le « hachich »... pour faire de nos enfants, élèves et étudiants, des « hachachines » qui se bousculent à la porte du « Paradis » de Daëch ! K.G