Les événements se précipitent à Sfax, plus précisément concernant la situation au CHU Habib Bourguiba. En effet, le Procureur général de la République près la Cour d'Appel à Sfax a ordonné hier, la mise en garde à vue d'Adel Zouaghi, S.G de la section régionale de la Fédération syndicale de la santé à Sfax ainsi que celle de quatre autres membres du syndicat des agents de la santé au même CHU dont il est également le secrétaire général. Le Procureur général a indiqué que les cinq prévenus, accusés d'entrave à la liberté du travail conformément aux dispositions de l'article 136 du Code pénal, seront déférés devant le Tribunal de première instance à Sfax. Il faut dire que de tels développements étaient prévisibles au vu de la tournure prise par les récents événements, marqués par une escalade dangereuse et unique dans les annales de l'histoire de la Centrale syndicale, suite aux agissements qualifiés « d'impulsifs » d'Adel Zouaghi et d'Othman Jellouli. Qu'on en juge... Tout a commencé avec la nomination d'un médecin de l'Hôpital militaire en tant que directeur du CHU Bourguiba de Sfax, une nomination rejetée par le syndicat de l'hôpital, sans motif réglementaire. Le ministre dira qu'il l'avait nommé après avoir consulté et eu l'aval du Conseil des ministres. «Si j'ai dépassé, en cela, mes prérogatives, les opposants à cette décision n'avaient qu'à saisir le Tribunal administratif ». Or, les syndicalistes n'en avaient cure et étaient décidés d'imposer leur vision. Le 25 février 2016, lors d'un rassemblement houleux audit CHU, le secrétaire général de la Fédération générale de la santé, Othman Jellouli disait textuellement : « Soit il (le ministre) revient sur les décisions prises contre ses maîtres, soit il va quitter son poste», tout en insultant la mère du ministre. «Il faut que le ministre apprenne que lorsque son maître Noureddine Taboubi ou moi Othman Jellouli nous l'appelons, il doit nous rappeler !», martelait ce syndicaliste avant de crier : «Nous t'avons dit de ne pas nous contredire, quand on se révolte, tu ne peux pas nous maîtriser»... Faisant monter la tension de plusieurs autres crans, M. Adel Zouaghi, autre responsable syndical au CHU Bourguiba de Sfax, a estimé que le jihad contre la chaîne privée Al Hiwar Ettounsi est halal. En effet, alors que les journalistes de la chaîne préparaient un reportage sur le dossier dudit Hôpital, ils se sont vus interdire l'accès à l'hôpital et menacés par le syndicaliste déchaîné, qui a été filmé à son insu. «La chaîne Al Hiwar Ettounsi est ouverte jour et nuit au ministre de la Santé Saïd Aïdi et à la diffusion de la propagande contre nous. Votre chaîne n'est pas intègre. Le jihad est halal contre vous», a crié M. Zouaghi en leur interdisant l'accès à l'hôpital universitaire. Se mêlant de la partie, et à l'occasion de la journée dite de la « colère » contre le ministre de la Santé, le secrétaire général du syndicat de l'enseignement secondaire, auteur de la célèbre citation « celui qui n'est pas content peut boire l'eau de la mer », Lassâad Yaâcoubi, , bien que n'ayant aucune relation avec le domaine de la santé, a saisi l'opportunité de sa présence au rassemblement de protestation qui a eu lieu ce lundi 25 avril 2016 au siège du ministère de la Santé pour adresser les critiques les plus acerbes à l'encontre du ministre Saïd El Aïdi. «L'heure est venue pour que ce ministre retourne d'où il est venu, à la France qui lui a donné le droit au soin et à la santé. Nous voulons un ministre qui ressente le besoin en santé des Tunisiens», a-t-il martelé. Et de conclure : «Il est temps pour que le gouvernent révise ses nominations !». Le soir même de ce 25 avril, le ministre de la Santé a eu une intervention trop émouvante, mais très posée répondant à ses détracteurs. Saïd El Aïdi, qui semblait trop touché par les insultes et les termes vulgaires adressés à sa mère, d'origine française, a fait, encore une fois, appel à la loi pour trancher les litiges tout en assurant que sa mère, insultée, avait prénommé deux de ses enfants « Hached » et « Mohamed Farhat » avant de conclure que le 4 décembre 2012, il s'était fait agresser à la Place Mohamed Ali. «Donc, personne ne peut faire de la surenchère quant à mon soutien à l'UGTT », disait-il en substance. Toutefois, au vu de la dernière évolution, la situation peut enregistrer une nouvelle escalade, même si les observateurs restent persuadés que la Centrale syndicale opterait pour la modération afin d'y trouver une issue honorable pour toutes les parties prenantes et éviter le point de non retour, car les observateurs sont conscients que rarement une section syndicale a fait l'unanimité, ou presque, de l'opinion publique contre elle Surtout que dans le cas d'espèce, de graves présumés soupçons semblent peser sur certains cadres et agents du CHU Bourguiba Sfax quant à l'existence de mauvaise gestion, pour ne pas dire autre chose, portant sur des sommes colossales de plusieurs millions de dinars ! C'est dire qu'il est de l'intérêt de toutes les parties intervenantes de tempérer les ardeurs, de regarder la situation bien en face avec circonspection et sagesse tout en se mettant en tête que la loi demeure au dessus de tous. Avant de finir, bon à souligner l'absence de réactions de la part des politiciens à part un commentaire de Mohsen Marzouk, coordinateur du Mouvement du Projet de Tunisie (MPT), sur sa page facebook, qui a pris la défense du ministre de la Santé, plus précisément contre les propos de Lassaâd Yaâcoubi qui avait demandé à ce que le ministre «rentre chez lui en France ». Tout en jugeant ces déclarations « d'inacceptables », contraires à la Constitution, à la logique, aux principes et aux orientations de l'UGTT et de son secrétaire général, Mohsen Marzouk, sur un ton ironique, « remercie Dieu du fait que Lassâad Yaâcoubi n'ait pas aussi demandé l'exclusion du dixième de l'ARP qui représente les Tunisien résidents à l'étranger » !