Chômage et emploi, les deux faces d'une même pièce de monnaie, constituent l'une des préoccupations majeures de la société internationale contemporaine. Tout le monde en parle, en souffre et en pâtit. On n'arrive pas à trouver l'adéquation appropriée pour concilier entre les deux revers de la médaille. On a beau essayer, mijoter, chercher des solutions à court et à long termes à ce problème aussi épineux et aussi inquiétant. Le mal est toujours là. Les chiffres se font de plus en plus alarmants. Les statistiques sont angoissantes. Le spectre du chômage plane partout et donne des soucis cauchemardesques. Comment y remédier ? Comment l'apaiser ? Est-ce un fléau insoluble ? C'est la réponse à toutes ces questions qu'a essayé d'apporter Mr Chedli Laroussi, ministre de l'Emploi et de l'Insertion professionnelle en présidant à Sousse, dans un hôtel de la place, la clôture du séminaire régional portant sur le rôle qui incombe aux bureaux d'emploi implantés dans toute la République pour aider à résorber ce phénomène social. Il a d'abord tenu à rappeler que ce colloque s'inscrit dans le cadre d'une consultation nationale sur ce sujet important afin d'extirper le mal à la racine et de trouver quelques remèdes pour l'atténuer.
Tracer les objectifs pour l'année 2007 en matière d'emploi est l'un des thèmes majeurs de ce séminaire. Cette consultation nationale a pour priorité de collecter les suggestions à travers tous les gouvernorats du pays portant sur deux principaux axes : D'abord trouver la meilleurre voie pour réaliser la parfaite adéquation entre offre et demande d'emploi et pour faciliter la communication entre employeurs et demandeurs d'emploi. Ensuite, arriver à concrétiser la stratégie et les programmes conçus pour activer le marché de l'emploi.
Nouveau plan En cette année 2007 le pays entame un nouveau plan quinquennal de développement économique et social. Ce plan prévoit la création de 400.000 nouveaux emplois (sachant que durant le précédent quinquennat 360.000 emplois ont été créés). Cette augmentation requiert un effort supplémentaire et un taux de croissance économique plus accrus (il devra passer de 5 à 6%) et doit tenir compte d'un paramètre démographique nouveau : c'est que le taux de croissance de la catégorie d'âge "jeune" donc des demandeurs d'emploi connaît une hausse de plus en plus sensible. Demandeurs potentiels d'emploi qui changent en quantité et surtout en qualité. Les détenteurs de diplômes universitaires "Les cols blancs" envahissent le marché (88.000 diplômés avec 48.000 garçons et 40.000 filles, la tendance ira dans le sens inverse) pleins d'espoirs, d'ambitions et d'enthousiasme. Les services d'accueil dans les bureaux d'emploi doivent désormais composer avec ce nouveau paramètre et avec cette nouvelle mentalité. L'Etat doit trouver la formule de développement économique adéquate et comptable avec ce flux incessant d'une catégorie sociale qualifiée pour postuler à des postes d'emploi équivalents à leur qualification et à leur compétence. En parallèle, cette formule veillera à ce que l'indice du chômage n'atteigne pas la côte d'alarme. Donc il faut s'attendre à ce que le nombre de diplômés passe annuellement de 30.000 à 60.000. C'est un choix que toute la communauté avec toutes ses composantes doit assumer jusqu'au bout. C'est un défi à relever malgré la diversité des contraintes et des obstacles.
La Tunisie vise très haut : d'ici 2016, atteindre le niveau des économies développées au sens vrai du terme Si la Tunisie arrive à gagner ce pari : réussir la politique d'emploi grâce à une économie solidement bâtie, elle aura la possibilité d'ici l'année 2016 de côtoyer les nations les plus développées et de se hisser à leur niveau. Actuellement et en dépit de toutes les difficultés dues à une conjoncture internationale défavorable, notre pays fait partie des 30 nations développées sur les 200 recensées par les organisations internationales. C'est une position qui doit honorer tout Tunisien par ce q'un petit pays comme le nôtre avec des ressources naturelles limitées qui arrive à réaliser une croissance économique pareille cela ne peut être qu'une source de fierté et d'orgueil.
La solidarité est le meilleur remède pour résoudre le problème du chômage. Analysant les solutions envisageables pour atténuer le fléau du chômage, le ministre a fait allusion à la politique réussie par l'Etat par le biais du Fonds National de Solidarité 26-26 pour développer les zones d'ombre déshéritées et pour venir en aide aux personnes nécessiteuses. Grâce aux directives du Président de la République, les stigmates de la pauvreté et de l'indigence ont tendance à disparaître. La même politique, le même esprit solidaire sont à envisager pour venir peu à peu à bout du fléau du chômage. La tâche s'annonce ardue mais non impossible. Des sacrifices de part et d'autre sont à consentir. Il faut humaniser le problème. L'OMS assimile le chômage à un état pathologique, à un cas maladif qui nécessite affection encadrement et soins. Un bureau d'emploi doit être géré comme une urgence dans un hôpital. Le demandeur d'emploi s'y rend à la quête d'un équilibre et d'une sérénité psychologique. Ici intervient le rôle de ceux qui sont affectés dans ces bureaux. Il y a un savoir-faire à maîtriser, un accueil amical à réserver et une chaleur humaine à communiquer. Sans cette dimension humaine, le premier contact échouera inévitablement.
Humanisation Le ministre a rappelé que le vrai et unique capital de la Tunisie est l'homme. C'est ce capital humain qu'il faut exploiter, encadrer et aider. Dans cet esprit, il faut noter que le nombre de bénéficiaires du programme 21/21 a presque doublé, les fonds d'aide sont passés de 11 à 27 millions de dinars. L'intervention de l'Etat ne s'est pas limitée à ce niveau puisque des services compétents entreprennent le suivi minutieux de l'itinéraire professionnel des personnes qui ont bénéficié du programme d'aide pour la création d'entreprise ou des personnes qui ont été aidées pour trouver un emploi. Ce suivi peut s'étaler sur cinq ans jusqu'à l'insertion complète du demandeur d'emploi dans son univers professionnel. Il y a tout un logiciel qui assure cette opération pour contrôler toute cette opération de suivi.
Diplômés dans les familles démunies Le Président Ben Ali a une affection particulière pour les catégories sociales défavorisées. Alors, dans sa philosophie humaniste, il a donné ses directives pour que les demandeurs d'emploi appartenant à des milieux sociaux désavantagés soient privilégiés par rapport aux autres. Une décision qui confirme et prolonge l'élan de solidarité qui caractérise la société tunisienne sous l'ère du Changement. Un programme spécial a été mis en place pour détecter et identifier ces cas sociaux afin de leur accorder ce privilège et cette priorité.
L'avenir de l'emploi passe par la création des PME Le ministre a clos son intervention par mettre l'accent sur l'importance de l'initiative personnelle, de l'esprit de création et d'innovation pour résoudre l'épineuse crise du chômage. Le secteur public est incapable de résorber ce problème et de subir ce fardeau. Le secteur privé est appelé à prendre la relève. D'ailleurs, les pays développés en Europe ont compris que la résolution progressive du problème passe par la création des PME (petites et moyennes entreprises). Nous prenons l'exemple de la Finlande, pays nordique de 5 millions d'habitants qui a pour principale ressource naturelle le bois, est en train d'accomplir des pas de géant. Avec une entreprise comme NOKIA, le PNB du Finlandais dépasse de loin celui des habitants des pays du Maghreb réunis. Il y a un autre chiffre révélateur qui traduit le niveau du progrès réalisé par les économies des pays. En Tunisie, on arrive à créer annuellement 8000 entreprises, en Espagne le chiffre atteint les 80 000. C'est là où réside la différence. Le jeune Tunisien doit désormais comprendre qu'il faut passer du statut d'employé au statut d'employeur. Le CAPES n'est plus le "Sésame" qui peut ouvrir toutes les portes du bonheur. La seule devise salvatrice est l'immersion dans l'entreprise. Il faut apprendre à sortir avec un plan d'affaires personnel. C'est dans cet esprit créateur et innovateur que l'Etat a mis un programme global appelé : SIACE Stage d'Initiation et d'Adaptation à la création d'entreprise avec l'aide de l'UTICA et des directeurs d'entreprise afin d'encourager les jeunes diplômés demandeurs d'emploi à s'inscrire, à s'investir et à adhérer à cette voie. C'est la seule voie du "salut". La Tunisie doit suivre ce modèle de développement économique pour rattraper le chemin perdu et pour assurer au peuple quiétude et bonheur.