Les retrouvailles avec la chanteuse marocaine Samira Saïd étaient belles et joyeuses pour le commun des spectateurs, l'autre soir au festival international de Carthage. Hélas le niveau artistique du spectacle proposé, était juste moyen. Un retour au forceps pour une chanteuse qui a énormément perdu de ses capacités vocales qu'on lui connait et qui s'active en Egypte depuis quatre décennies, réalisant des succès énormes tout au long de sa longue carrière. On se demande d'ailleurs sur quoi étaient basés les choix du comité de sélection des spectacles du festival de Carthage ? Pour avoir ramené Samira ? Et au bout du compte, le poids des années semble avoir influé sur la prestation de la « diva », qui n'aura pas su soigner sa présence sur scène, en plus de s'accompagner et de se contenter d'un petit orchestre et d'une petite chorale. Pourtant, le professionnalisme de Samira Saïd, alias Samira Saïd, a peu failli auparavant. Le spectacle ressemblait à une répétition et s'il y'a une preuve du contraire, on devinait que ça manquait de répétitions ! Le festival de Carthage n'est pas un festival « léger », car il est le doyen des festivals arabes, après celui de Bâalbak, au Liban. Et pourtant, les festivals « nouveaux -nés » se placent aujourd'hui bien avant celui de Carthage dans la zone maghrébine et moyen-orientale. Le public était assez nombreux et a pris sa part de chant en chœur, à la demande même de la chanteuse. Cette dernière a choisi de revisiter son ancien répertoire oscillant entre les rythmes rapides et légers, les chansons romantiques et de « Tarab. » Il est à signaler que Samira Ben Saïd, pardon, Samira Saïd, n'a pas actuellement de chansons qui auraient emballé le public tunisien et que tout le monde fredonne. Et parmi ses nouveautés, seule « Ma hasalchi haga », qui ressemble dans sa rythmique et quelque peu à « Bachtaklak sâat », émerge du lot avec ses rythmes endiablés, sa légèreté, pas du tout dans le sens péjoratif du terme et son esprit « cabaret » qui la caractérise. D'ailleurs, le clip de cette chanson, qui n'est pas diffusé sur les chaînes tunisiennes, a été réalisé dans un lieu pareil. A l'école des fans Dans son esprit convivial, le spectacle a permis à la jeune voix tunisienne Nour Kamar de monter sur scène à l'improviste et de chanter convenablement sous les applaudissements de Samira Saïd et du public : « Al gueni bâdi youmin. » Un autre challenge réussi par cette jeune prodigue qui n'a rien à envier à la grande Samira. Car, ce soir-là, la voix et la forme, ont étrangement manqué à Samira. Et c'est bien dommage. Car nous espérons que cette chanteuse arabe ne soit pas devenue une chanteuse de studio, sans plus. Mais les fans, ont été rassasiés, d'une manière générale. Il y en avait pour tout le monde et c'était déjà l'essentiel pour une soirée qui est tomée dans le déjà vu et entendu et qui a failli glisser dans le ridicule. Une petite déception.