En cours de création, la Mutuelle des Arts plaide pour des solutions d'urgence qui puissent assurer une vieillesse digne à plusieurs artistes dont les revenus actuels les placent sous le seuil de pauvreté. Cette mutuelle qui regroupe plusieurs syndicats et organisations professionnelles attend d'être agréée par un arrêté de création du ministre des Affaires sociales. Ils ont passé leur vie professionnelle dans les domaines du cinéma, du théâtre ou des arts et aujourd'hui, au bout de trente à cinquante ans de métier, ils se retrouvent dans une situation sociale épouvantable, sans retraites pour certains, complètement démunis pour d'autres. Des solutions radicales sont nécessaires D'un âge avancé, ces artistes qui ont beaucoup donné à leurs disciplines et professions, sont une quarantaine à ne pas pouvoir du tout joindre les deux bouts et, pour le moment, seule une mutuelle en construction se soucie de trouver une solution durable à leur situation. En effet, le ministère de tutelle, prenant en considération cette situation de détresse, a toujours offert des solutions ponctuelles, des aides dont la teneur ne fait aucun doute mais qui restent insuffisantes car c'est d'une issue structurelle que ces artistes malheureusement déclassés ont le plus besoin. D'autre part, le ministère de la Culture, malgré toute sa diligence à apporter un soutien selon les urgences, demeure juridiquement lié à d'autres preneurs de décision et ne saurait résoudre cette situation sans l'appui d'autres ministères. C'est bien dommage mais la bureaucratie a ses raisons que la raison a souvent du mal à comprendre. Et, systématiquement, lorsque nos artistes d'âge avancé sont à l'article de la mort, on tentera tant bien que mal d'alléger leurs souffrances, faciliter une hospitalisation ou apporter une aide d'urgence, un ultime réconfort. Durant ces dernières années, nous avons vécu et accompagné plusieurs artistes démunis, agonisants, qui en effet, trouvèrent un dernier réconfort grâce aux pouvoirs publics qui les avaient au préalable abandonnés, livrés à leur sort face à une bureaucratie qui sait être inhumaine et tatillonne jusqu'à l'excès. Professionnels à la retraite et en pleine détresse C'est à l'initiative du groupe des Indignés de la culture que depuis un an, les lignes sont en train de bouger. En effet, alertés puis mobilisés devant l'urgence de certains cas, ces Indignés ont lancé la procédure de création d'une Mutuelle des Artistes qui regrouperait les professionnels du cinéma, du théâtre, de la musique et des Beaux-arts. Menés par l'infatigable Mounir Baaziz, les acteurs de cette mutuelle ont pu recenser une quarantaine de cas qui nécessitent une solution radicale et urgente. Il est toujours difficile de citer des noms mais nous nous sommes assurés au préalable auprès de la mutuelle en projet de la possibilité de le faire sans heurter des artistes et professionnels que nous avons connu au temps de leur splendeur. Ainsi, apprenons-nous les grandes difficultés auxquelles sont confrontés les comédiens Hassen Hermes ou Aissa Harrath. Ainsi apprenons-nous qu'une retraite de 130 dinars mensuels est servie à la grande dame qu'est Henda Bouhaouala. Ainsi apprenons-nous que Habib Omrane vit sur une retraite de 150 dinars et ne détient même pas une carte de soins. Les cas sont nombreux et touchent en particulier certains métiers comme ceux des accessoiristes, machinistes et autres décorateurs de cinéma ou de théâtre. Dans l'urgence, la Mutuelle des Arts encore en chantier a recensé tous ces cas et demande à être entendue sur deux priorités absolues. Il s'agirait en premier lieu de donner accès aux soins à toutes ces personnes en activant un accord avec le ministère de la Santé et l'hôpital militaire. Ensuite, il s'agirait de mettre à la disposition de ces artistes une aide compensatoire équivalente au Smig. Cette aide pourrait être mise en oeuvre par le ministère de la Culture ou bien par une caisse à créer et qui dépendrait de la mutuelle en cours de création. La Mutuelle des Arts devrait être opérationnelle dans un mois Présidé par Mounir Baaziz, le bureau constitutif de cette Mutuelle des Arts vient d'être légalement reconnu. Les membres constitutifs de cette mutuelle sont des syndicats et des organisations professionnelles dans tous les domaines artistiques. Par exemple, les trois syndicats du théâtre, ceux de l'audiovisuel et un grand nombre de structures socio-professionnelles sont parmi les fondateurs de cette mutuelle dont le bureau constitutif est légalement reconnu depuis le mois de janvier. En effet, à la date du 30 janvier 2016, une assemblée générale avait eu lieu dans les locaux de l'UGTT à la rue de Grèce et confié un mandat au bureau constitutif. Selon ce mandat, des négociations sur les statuts devaient être menées avec trois ministères: la Culture, les Affaires sociales et les Finances. De plus, les prévisions budgétaires devaient être analysées. A l'heure actuelle, le projet de mutuelle est au stade de la validation et attend la publication au Journal officiel d'un arrêté définitif de création visé par le ministre des Affaires sociales. C'est seulement après la publication de cet arrêté que la Mutuelle pourra tenir son assemblée générale et élire un bureau directeur qui succéderait au bureau constitutif. Cette publication au JORT devrait se produire dans le délai d'un mois. En attendant, les cas urgents bénéficient d'une remarquable solidarité de la part de leurs collègues et pourraient aussi être les bénéficiaires de mobilisations de ressources exceptionnelles grâce à l'organisation de jubilés comme on le fait pour les sportifs. A suivre donc tout en plaidant pour une solution radicale qui mettrait à l'abri ces artistes qui ont tant donné et qui, aujourd'hui, ne peuvent plus joindre les deux bouts.