Le tourisme tunisien souffre toujours et le secteur est en état de stagnation qui pourrait mettre en péril cette activité assez importante pour l'économie tunisienne et par la même impacter les avoirs nets en devises du pays. Tous les indicateurs montrent que les contrecoups d'une situation sécuritaire imprévisible et de la persistance des menaces terroristes, sont encore à l'ordre du jour. Sur le tas et statistiquement parlant, durant la période entre le 1er janvier et le 20 août 2016, les recettes touristiques ont enregistré une baisse de 15% par rapport à 2015 et de 33,8% par rapport à 2010, passant ainsi de 2123,6 millions de dinars en 2010 à 1653 millions de dinars en 2015 pour atteindre 1405,5 millions de dinars, fin août 2016. Du fait le, le secteur n'a pas pu trouver des ailes pour décoller et retrouver sa place d'antan malgré les efforts consentis en matière de promotion de la destination Tunisie et la volonté des professionnels de sauver la saison. Les chiffres de l'ONTT vont à dire que 3.502.580 touristes ont été enregistrées jusqu'à la fin du mois d'août 2016 contre 3.628.069 une année auparavant et 5.178.212 en 2010. En mai 2016, la ministre du Tourisme avait tablé sur le chiffre de 5,5 millions de visiteurs étrangers en 2016. Mais les marchés qui ont pu montrer leurs preuves et sauvé la saison sont les marchés russe et ukrainien. 404.134 touristes russes ont visité la Tunisie du 1er janvier au 20 août 2016, soit une hausse de 797,6% par rapport à 2015. Toutefois la croissance positive vient du côté du marché algérien qui a enregistré une croissance de 15,5%, soit 987.194 touristes, contre une baisse respective des marchés libyen, marocain et mauritanien de 17,3%, de 16,4% et de 18% sans oublier la baisse au niveau des marchés nord américains et moyen orientaux. Par ailleurs, le nombre d'arrivées des Tunisiens résidents à l'étranger a pour sa part augmenté de 2,9% passant de 2.807.758 personnes en 2015 à 2.658.448 cette année. Pour sa part la directrice de l'ONTT en France Wahida Jaiet estime que la question sécuritaire n'est pas le seul point de blocage pour le marché français en Tunisie. De nombreux spécialiste affirment qu'il faut également "profiter de la situation actuelle pour redresser la barre en remettant à niveau le parc hôtelier tunisien et en inspectant les établissements du pays a fin de réévaluer le classement hôtelier pour qu'il corresponde à la réalité de l'offre. Les hôtels tunisiens ne tournent pas assez. Ils ne gagnent pas assez d'argent pour investir et maintenir à niveau leurs infrastructures et la qualité de leurs services. Pour tenter de limiter les dégâts, le gouvernement tunisien donne actuellement la possibilité aux hôteliers du pays de mettre une partie de leur parc (30 % maximum) en vente ou en location longue durée. De quoi les aider à se diversifier et ouvrir leur marché. Du côté des ressources humaines, les choses ne vont pas mieux. Le vice-président de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH), Jalel Henchiri, est intervenu, pour s'exprimer sur la crise grandissante du secteur hôtelier et sur la grève générale annoncée par la Fédération générale de l'alimentation, du tourisme, du commerce et de l'artisanat les 17 et 18 septembre prochain. A propos de la grève qui aura lieu dans tous les hôtels du territoire tunisien et qui interdira l'accès aux hôtels de toutes parties étrangères aux établissements hôteliers, Jalel Hanchiri a déclaré que "les revendications ont pour justification des demandes d'augmentations de salaires pour l'année 2015 mais tout le monde sait ce qui s'est passé l'année dernière avec les 3 attentats terroristes subis par la Tunisie". Il a ajouté que la situation est de plus en plus difficile malgré une reprise des négociations depuis 1 mois et demi et l'implication des autorités pour la poursuite de ces négociations, annonçant la tenue incessamment d'une séance de réconciliation et qui sera suivie d'une conférence de presse pour mettre en lumière la pression virulente exercée lors de ces négociations. Un communiqué publié par le Conseil national de la FTH a indiqué que l'instance se tient prête pour entamer des négociations sérieuses en faveur de ce sujet d'ordre national, mettant de côté les menaces et les intimidations. Côté officiel, la ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Selma Elloumi Rekik, a annoncé, tout récemment, la création de l'instance Réflexions/Actions pour renforcer les relations de coopération entre l'administration du tourisme et les agences de voyages. Selma Elloumi Rekik a indiqué que la situation du secteur du tourisme est en nette amélioration grâce à un effort promotionnel continu et à la mobilisation de tous les intervenants dans ce secteur. Elle ajouté que la destination tunisienne est «sur une tendance ascendante et prometteuse et que la baisse des recettes touristiques qui était de 54% en janvier 2016 a été ramenée à seulement 12% aujourd'hui». Selon la ministre, du 1er janvier au 31 août 2016 le secteur a généré près de 1766 millions de dinars tunisiens (MDT) contre 1.550 MDT pour la même période en 2015. Elle a également déclaré que de janvier à août 2016, la Tunisie a enregistré 3.788.000 entrées de touristes. Selma Elloumi Rekik a, par ailleurs, invité les agences de voyages «à promouvoir les produits à haute valeur ajoutée, comme le tourisme de santé et à conquérir de nouveaux marchés, notamment ceux du continent africain qui présente un fort potentiel émetteur». Elle a également insisté sur la nécessité de poursuivre les dialogues et les concertations pour l'éradication de tous les obstacles qui entravent la bonne marche du secteur. L'avenir du secteur est tributaire de plusieurs facteurs. Le président de la FTAV, Mohamed Ali Toumi, a ainsi évoqué plusieurs questions se rapportant à l'accessibilité aérienne de la destination tunisienne, aux budgets alloués à l'outgoing, la Omra, la sécurité lors des excursions touristiques, le tourisme des croisières, le tourisme des congrès et les nouvelles technologies de communication et de promotion du produit touristique tunisien. Il a, par ailleurs, indiqué que toutes ces questions seront traitées plus amplement au sein de la nouvelle instance et au cours de rencontres mensuelles. Adel Boussarsar une référence en la matière préconise des actions urgentes et immédiates comme par exemple le déplacement d'une délégation gouvernementale de haut niveau dans les pays concernés à l'effet de les inciter à alléger et à améliorer les consignes de voyages, de convenir avec Tunisair et Nouvelair un programme de vols low cost (150 euros en midweek et 200 euros let weekend) pour la prochaine basse saison (novembre 2016 - mars 2017) et même pour la prochaine saison été 2017 et ce pour les pays hésitants ou défaillants, élaborer et organiser durant 2017 et 2018 plusieurs grands évènements culturels, touristiques et sportifs tels que des opens golfs , dunes électroniques, rallyes, concerts symphoniques, festivals de jazz, matches de foot avec des grandes équipes, festivals méditerranéens de gastronomie ,de folklore... Enfin il est important de créer des syndicats d'initiatives dans les zones touristiques qui seront chargés de veiller à la propreté et l'embellissement de l'environnement de ces zones en collaboration avec les municipalités concernées, les taxes d'environnement prélevées sur le secteur touristique devraient financer exclusivement les programmes des zones touristiques. (Source : Ministère du Tourisme et Fédération tunisienne de l'hôtellerie)