Dernièrement, très présent sur le terrain et dans les médias, le ministre de la santé, Abdellaif Mekki, occupe le devant de la scène médiatique, cherchant une issue à la crise. Le dirigeant du mouvement Ennahdha, toujours aux cotés de Rached Ghannouchi, fidèle à son parti, défend sans relâche les intérêts d'Ennahdha. Sur un ton ferme, il insiste sur le maintien du gouvernement actuel et attaque le deuxième leader du mouvement islamiste, Hamadi Jbali, et lui a rappellé que la déontologie devrait empêcher les responsables politiques de s'exprimer en leur nom personnel. Abdellatif Mekki est devenu la carte gagnante qu'Ennahdha fait sortir en temps de crises. Au mois de décembre dernier, Jeune Afrique a indiqué, d'après sa dernière livraison et selon des proches de la direction d'Ennahdha, que Rached Ghannouchi, le leader du mouvement, souhaiterait écarter le Premier ministre tunisien, Hamadi Jebali, pour le remplacer par Abdellatif Mekki, l'actuel ministre de la Santé. L'opération est censée lui permettre de retrouver le soutien des radicaux du parti, qui ne ménagent pas leurs critiques envers Jebali, jugé trop modéré et consensuel. Abdellatif Mekki a également été sur tous les plateaux, après les confrontations des groupes de personnes identifiées comme appartenant aux « ligues de protection de la révolution » et les manifestants rassemblés devant le siège de l'UGTT, le 4 décembre dernier, alors que l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) commémorait le 60ème anniversaire de l'assassinat du leader et fondateur du mouvement syndical tunisien, Farhat Hached. Quelques jours plus tôt, les manifestations qui se sont déroulées à Siliana (120 kms au sud-ouest de Tunis) entre le 27 novembre et le 1er décembre 2012 déclenchées après un appel à la grève générale par le bureau régional de l'UGTT ont été violemment réprimées. Les émeutes de Siliana ont déstabilisé le gouvernement d'Ennahda. Mekki parlait de tout, sauf peut-être des problèmes du secteur de la santé. Et puis, il a su gagner la sympathie de "la branche radicale" du parti, en étant assez incisif, à la limite agressif, dans ses répliques. Le ministre de la Santé a affirmé, lors d'une émission télévisée, qu'il n'est pas en conflit avec le chef du gouvernement, pas plus qu'il ne veut prendre sa place. Il a même indiqué que Hamadi Jbali compte parmi « ses plus chers amis », qu'il est son camarade et qu'il ne postule pas au poste du chef du gouvernement. Traitant la crise politique actuelle, lors d'une intervention sur les ondes de Shems FM, Abdellatif Mekki a fait la lumière sur la situation conflictuelle et la pression de la rue, et a déclaré que « ces sit-inneurs et le front de salut font partie intégrante du système de Ben Ali. Ils ont eu des postes, des ministères, des associations et avaient mainmise sur plusieurs organismes ». Il a également affirmé qu'Ennahdha se trouve maintenant « entre deux feux croisés, deux facteurs destructeurs, deux courants anarchiques, l'extrême droite (les terroristes) et l'extrême gauche (les communistes) ». « Ces gens-là ont pris la vie politique en otage et nous en demandent la rançon. Alors que va-t-on discuter et quel dialogue va-t-on avoir avec eux? » Le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, l'étoile montante au sein d'Ennahdha, face au recul de la popularité des autres leaders de mouvement Ennahdha, gagne en popularité grâce à sa crédibilité politique, même ce dernier, a été accusé de l'assassinat de Chokri Belaid. La même personne qui l'a accusé d'assassinat, a déclaré, dans un entretien accordé à Tunisie Numérique, qu'environ 42 plaintes ont été déposées contre le ministre de la santé notamment dans des affaires de commerce d'organes, de malversation financière et d'une autres affaires de harcèlement sexuel au sein du ministère de la Santé. Des accusations que le ministre a qualifiées d'infondées. Mekki à la tête du gouvernement Abdellatif Mekki a su gagner la sympathie des Nahdhaouis, en étant assez incisif, à la limite agressif, dans ses répliques. Son élection à la présidence du dernier congrès, confirme sa popularité. Il a également été parmi ceux qui ont reçu le plus de voix, au même congrès, pour entrer au majlis al-choura, l'instance dirigeante du parti. Selon des sources informées citées par l'hebdomadaire Al Anwar, le mouvement Ennahdha acceptera la dissolution du gouvernement actuel à charge et propose un ministre pour succéder à Ali Laarayedh à la présidence du gouvernement. Les mêmes sources précisent qu'il s'agit de l'actuel ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, qui pilote aux côtés de Rached Ghannouchi, les négociations avec l'UGTT, qu'il a auparavant accusé d'être noyautée par des gauchistes, qui œuvrent à créer un climat de tension dans le pays et à mettre en cause la légalité du pouvoir en place.
Ce choix n'aura pas besoin d'être entériné par le conseil de la Chura, puisque celui-ci a délégué, au cours de sa dernière réunion, au bureau exécutif tous les pouvoirs pour décider de tout ce qu'il jugera nécessaire pour résoudre la crise politique. L'autre face de Abdellatif Mekki Avoir de grands yeux donne un aspect plus juvénile au visage, derrière le visage enfantin de Abdellatif Mekki marqué par les traces de la torture subie pendant plus de dix ans, un homme, selon ses proches, extrêmement sensible à cœur tendre, altruiste et tolérant. Il est également sympathique, drôle et passionné des arts. Ce qui n'est pas étonnant pour un Kefois. Après sa libération, Abdellatif Mekki est resté sous surveillance policière, il sympathisait avec les policiers qui lui surveillaient. Un peu de recul historique, un 14 mai 1991, Abdellatif El Mekki, ancien secrétaire général de l'Union générale tunisienne des étudiants (UGTE, pro-islamiste), illustre nos propos. Mekki a déclaré avoir été arrêté. Le 18 mai, sa famille envoie une lettre recommandée aux autorités, pour s'enquérir de son sort. Le 22 mai, dans une conférence de presse convoquée pour dénoncer le présumé complot du mouvement Ennahdha, le ministre de l'Intérieur Kallel annonce l'arrestation de Mekki. L'importance d'un tel gibier ne pouvait être passée sous silence. Mais le procès- verbal de la police mentionnera comme date d'arrestation...le 11 juillet 1991 ! (Supplice tunisien- Le jardin secret du général Ben Ali ; P. 160) ». Condamné en 1992 à 10 années de prison pour appartenance au mouvement Ennahdha, il a purgé l'intégralité de sa peine. Torturé, il est hospitalisé à deux reprises, il est libéré en 2001. Les prisonniers d'opinion vivaient, pendant l'ancien régime dans les prisons tunisiennes, dans des conditions épouvantables. A sa sortie de prison il a voulu s'inscrire en médecine pour terminer les trois mois d'internat qui lui restaient à faire et soutenir sa thèse de doctorat. Il en a été empêché. Il a pu cependant s'inscrire en 3ème cycle de Biochimie dynamique à la faculté de sciences et réussir ses examens. Il lui restait tout juste deux mois pour terminer ses études, quand il fut exclu de la faculté sans motif. Le doyen était favorable à son inscription, mais son exclusion, devenue définitive le 13 décembre 2002, émanait d'autres centres de décision. Il a écrit au ministre de l'Education nationale, au président de la République et à toutes les organisations tunisiennes des Droits de l'Homme. Il devait revendiquer son droit à finir ses études, à nourrir sa famille et à avoir un statut social autre que celui d'ancien prisonnier qui lui colle à la peau et traumatise sa femme et ses enfants. Désespéré, Abdellatif Mekki a entamé une grève de la faim illimitée le 7 février 2004. La même année, le ministre de la Santé a eu son Diplôme d'Etude Approfondie (DEA). Il a choisi d'aller jusqu'au bout de ses rêves, et ne jamais lâcher. Il a obtenu son doctorat en 2009.