Tableau noir, chute, régression, Le tunnel, faillite, ... des mots qui se répètent pour décrire la conjoncture économique du pays. Tous les chiffres sont au dessous des prévisions pour l'année 2013. Le taux de croissance ne dépasserait pas 2,8%, l'endettement dépasse la barre symbolique de 50% du PIB, une hausse du déficit budgétaire (2013) à 6,5% du PIB contre 5,9% projetés initialement, l'équivalent d'un déficit de 608 millions de dinars (368 millions USD). Le taux d'inflation atteint 6,9%. 2013 a été une année ratée de point de vue croissance économique. Trois ans après les évènements du 14 janvier, l'économie tunisienne cherche encore la voie de secours pour sortir de la crise après la récession qui a touché le pays. L'inflation est devenue structurelle, ce qui menace sérieusement l'économie dans son ensemble. Mais il faut dire que 6% d'inflation ne reflètent pas son taux réel, car ce taux ne concerne pas les produits subventionnés qui devraient être comptabilisés. C'est ce que nous appelons communément l'inflation centrale et si nous devons l'estimer, elle devrait dépasser les 9%. L'inflation, ce mal incarné, génère de l'incertitude et augmente les risques, entravant ainsi la croissance économique. Elle provoque une baisse du pouvoir d'achat des citoyens et peut les appauvrir. Une inflation élevée peut inciter les entreprises à prendre moins de risques et à réaliser moins d'investissements à long terme. On en est touché. L'année 2013 a été marquée par des turbulences politiques et sécuritaires, des actes terroristes, une série d'assassinats politiques qui a commencé par l'assassinat de Lotfi Nagdh, membre de Nidaa Tounes, fin 2012. L'année 2013 a commencé par l'assassinat de Chokri Belaid en février et celle de Mohamed Brahmi assassiné le 25 juillet 2013 à l'Ariana. Ces évènements ont créé un climat lourd. Ajoutons à cela la nomination de trois gouvernements pendant cette année, le troisième étant en cours. A cela s'ajoutent les fortes critiques qui ont accompagné le vote du budget de l'Etat pour l'exercice 2013. L'année 2013 n'est pas moins dure que les précédentes. Tous ces ingrédients réunis ont fait de l'année 2013, une année cruciale sur le plan économique autant que sur le plan politique. La bourse : record en cotation...mais Le marché financier tunisien reste «limité». Sa contribution au financement de l'économie ne dépasse pas les 5%, et partant son impact sur l'économie demeure faible. Et ce malgré l'introduction en bourse de pas moins de dix entreprises, depuis le début de 2013. Parmi ces sociétés, on cite : Syphax Airlines, AeTech, La Centrale Laitière du Cap Bon (CLC, les produits Délice), la Société d'Articles Hygiéniques (SAH, la marque Lilas), Land'Or, One Tech Holding SA...et la liste est encore longue. Le marché boursier tunisien ne cesse de s'enfoncer. Le Tunindex a enregistré des niveaux très bas consécutifs, accusant à la bourse de lourdes pertes toujours à cause de l'absence de visibilité politique et le ralentissement de l'économie tunisienne. Ces nouvelles introductions ont été surévaluées lors de l'obtention du visa. Par conséquent, sur les neufs nouvelles cotations en bourse de 2013, seule Land'or cote aujourd'hui à un prix légèrement supérieur à son prix d'introduction. On se trouve aujourd'hui avec des titres nouvellement introduits mais avec des Price Earning Ratio (PER) assez élevés. Ainsi, on a un PER 2012 de 110 pour AeTech, 28 pour Best Lease, 19 pour Hannibal Lease, 21 pour OneTech, 19 pour City Cars. Par contre les anciennes valeurs avaient des PER beaucoup plus attractifs tels que le 7 de PER de CIL, 5 de la BNA, 10 de Assad et 6 de la SIMPAR, … Pénurie de devises Les agences de notation n'ont pas raté l'occasion pour abaisser la notation tunisienne à trois reprises, dont deux suite aux assassinats politiques. La Banque centrale tunisienne a trouvé une solution à ce problème : demander tout simplement à Standard & Poor's de… ne plus noter la Tunisie. Cette « solution radicale », n'est pas certes la bonne solution, le problème étant beaucoup plus profond et ainsi la BCT passe à côté du fond du problème et la situation ne va pas s'améliorer pour autant. Par ailleurs, un quasi épuisement total des réserves en devises a causé la dépréciation du dinar tunisien. Cette dépréciation successive devient de plus en plus une affaire préoccupante, d'autant plus qu'elle est accompagnée par des restrictions à l'importation, de la perte à la valeur de l'investissement et l'aggravation de l'inflation Le dinar a été dévalué de 10% par rapport à l'euro, et ce malgré des réserves en devises équivalentes à environ 100 jours d'importation. Cette tendance résulte de plusieurs facteurs combinés dont notamment la forte détérioration de notre balance commerciale. D'autre part, la Tunisie enregistre aujourd'hui une insuffisance de liquidité bancaire de 4392 millions de dinars au terme du même mois et un taux d'intérêt directeur en accroissement continu atteignant 4,75%.
Des chiffres qui font froid au dos Lors de l'examen des indicateurs relevant de l'activité du secteur bancaire au cours des dix premiers mois de l'année en cours, le Conseil de la BCT a dernièrement noté que l'encours des dépôts a retrouvé son rythme d'évolution enregistré au cours de la même période de l'année 2012 (5,2%) contre une poursuite de la décélération des concours à l'économie par rapport à la même période de 2012 (5,8% contre 7,8%). Le taux de croissance est à 2,8% pour les neuf premiers mois de 2013. Ce ralentissement du rythme de la croissance s'explique, selon le dernier communiqué de la BCT, par la contraction enregistrée au niveau du secteur agricole (-3,3%) et celui des industries non manufacturières (-0,4%), surtout le secteur des mines, outre la quasi-stagnation des industries manufacturières (+0,2%). Par contre, on enregistre une évolution positive enregistrée dans le secteur des services marchands, notamment les transports et les télécommunications, mais aussi dans les activités non marchandes liées aux services administratifs. Compte tenu de cette évolution, le Conseil a noté que l'actualisation du taux de croissance attendu pour l'année 2013 de 3,6% à 3% demeure quelque peu optimiste car sa réalisation requiert une croissance d'au moins 3,7% au cours du quatrième trimestre de cette année. On note une atonie de l'investissement et, par conséquent, le repli des importations des biens d'équipement et la décélération du rythme des crédits à moyen et long termes au cours des dix premiers mois de l'année en cours contre une augmentation des IDE de 13% au cours de la même période. Les turbulences sécuritaires et le flou politique viennent accentuer la souffrance de l'activité touristique, avec un grand nombre d'anomalies structurelles.
Jusqu'au mois dernier, les recettes touristiques ont atteint, selon l'ex-ministre des Finances, Houssine Dimassi, 2 665 millions de dinars contre 2 621 millions de dinars pour la même période de 2012, ce qui correspond à une progression de 1.7%. Il a également noté sur les ondes de Jawhara FM que le grand nombre des touristes n'est pas un indice de réussite économique, surtout avec l'avènement d'un système « All inclusive » qui a diminué le nombre des travailleurs dans le secteur touristique, ainsi que la baisse des revenus en devises provenant du secteur du tourisme de 6,9%. Le taux de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur garde une tendance haussière de 1,9 % au cours du troisième trimestre de 2013 pour s'établir à 33,5% soit 248 mille personnes. Le taux de chômage global par rapport au trimestre précédent s'est légèrement rétréci, revenant à 15,7%. Des chiffres qui font froid au dos, espérons que l'année 2014 nous cache une conjoncture meilleure et des planifications positives. Soyons optimistes et surtout ayons confiance en l'avenir.