Selon un communiqué de nos confrères de la TAP, les résultats de la première phase de l'audit intégral des deux banques publiques, en l'occurrence la Banque de l'Habitat (BH) et la Société Tunisienne de Banque (STB) et de leurs 8 filiales, ont révélé « une faible rentabilité de ces institutions bancaires ». Les résultats de cet audit, entamé en 2013 et qui a fait l'objet d'un appel d'offres international lancé par le ministère des Finances, ont fait état d'un ensemble de faiblesses et de lacunes concernant, notamment, les volets social, institutionnel et financier et aussi l'efficacité, selon un document du département des Finances, dont la TAP a obtenu une copie. En vous épargnant le fardeau de la lecture de la littérature argumentant ces conclusions, on peut affirmer d'ores et déjà que cet audit n'a apporté rien de nouveau. Toutes ces remarques, réserves, suggestions ....ont fait l'objet d'une multitude de recherches, colloques, séminaires, tables rondes ......bien avant les événements du 14 janvier.
Le secret de polichinelle La preuve de l'inutilité de cet audit nous nous permettons de reprendre cette note de presse éditée par nos confrères de kapitalis depuis le 2 décembre 2010 Dans sa réponse aux interventions des députés sur le budget de son département pour l'exercice 2011, relayée par la TAP, Mohamed Ridha Chalghoum, ministre des Finances, a affirmé que la décision présidentielle de fusionner les banques publiques, la STB et la BH, vise à répondre aux besoins de financement des entreprises et des grandes institutions et à ouvrir de nouvelles opportunités pour les exportations et les investissements tunisiens à l'étranger. Cette opération qui s'effectuera selon les normes internationales en vigueur, permettra de créer une des premières banques à l'échelle maghrébine et africaine. Il a précisé qu'un bureau international disposant d'une grande expertise a été retenu pour aider l'administration à piloter cette fusion. Le ministre a indiqué que les profondes réformes initiées dans le secteur bancaire ont permis de consolider les assises financières des banques, de réduire les créances classées qui sont passées de 36% en 1993 à 13,2% actuellement. L'objectif est d'atteindre 7%, à l'horizon 2014, conformément aux objectifs du programme présidentiel. Il a par ailleurs noté que les délais de télécompensation passeront de 48 heures actuellement, à 24 heures, ce qui permettra de faciliter le règlement des transactions économiques et de mieux encadrer les clients à travers la généralisation de la fonction de ‘'chargé de la clientèle''. S'agissant du financement des petits et moyens projets, M.Chalghoum a souligné que la création d'un holding bancaire spécialisé dans le financement des PME ‘'Moubadara'' permettra de mettre en place un cadre global et simplifié qui ne manquera pas de consolider l'efficacité du système de financement et d'accélérer le rythme de création des petits et moyens projets à travers la mise en place de l'interlocuteur unique. Le ministre des Finances avait auparavant souligné que les prévisions tablent sur une augmentation, de 7,5%, des crédits de développement par rapport à 2010, tout en maîtrisant le déficit budgétaire aux alentours de 2,5%. Le taux d'endettement public va être maintenu dans la limite de 39%. «Les efforts sont déployés en vue de réduire la part de l'endettement extérieur dans la dette publique, d'instituer le remboursement anticipé des dettes extérieures et d'œuvrer à obtenir des crédits aux meilleures conditions», a-t-il indiqué. La période 2006-2010 a connu le remboursement anticipé de 850 millions de dinars, a-t-il souligné.
La question que l'on est en droit de poser : à qui profite cet audit ??? En ce qui concerne la Société Tunisienne de Banque (STB) Le document a dévoilé, concernant la STB, une faiblesse de la rentabilité de la banque par rapport à celle des banques concurrentes et une augmentation du coût des ressources outre l'existence d'une marge de bénéfices nets, inférieure à la moyenne enregistrée par les établissements concurrents. L'opération d'audit a aussi mis en exergue la faiblesse du système de contrôle interne et l'absence d'un système de gestion outre l'absence de la fonction de sécurité informatique. Le document n'a pas évoqué, par contre, les résultats de l'audit financier et s'est contenté de mentionner un accroissement des dettes classées et des lacunes dans l'évaluation de certaines garanties. L'audit social de la banque a révélé une augmentation de la moyenne des âges des agents en l'absence d'une stratégie de remplacement. Il a qualifié, sur un autre plan, la fonction de gestion des ressources humaines de « limitée » et fait valoir qu'elle est focalisée, seulement, sur l'aspect administratif. L'audit institutionnel concernant la BH a jeté la lumière, lui, sur la lenteur dans la prise de décision, l'interférence des responsabilités avec une faiblesse du contrôle interne. Il a identifié, dans le même cadre, le besoin de la banque à acquérir un système informatique intégral. En ce qui concerne l'efficacité, l'audit a indiqué que la banque utilise essentiellement le produit logement pour attirer les clients sans mettre en place une stratégie pour les fidéliser en leur proposant d'autres produits et services. D'après le document, l'audit a aussi mis en exergue la faiblesse des recettes provenant des commissions. Pour ce qui concerne l'audit financier de la Banque de l'Habitat, le document a fait montrer l'insuffisance des réserves. S'agissant de l'audit social pour cette institution bancaire, le document a révélé l'absence d'une culture d'entreprise et d'une vision stratégique pour motiver les agents. Il a aussi évoqué des recrutements inadaptés aux besoins de la banque outre l'absence de programmes de formation adaptés aux exigences et besoins de la banque. Slim Bèsbès, conseiller auprès du chef du gouvernement, a souligné dans une déclaration à la TAP que la réalisation de l'audit exhaustif et approfondi des trois banques publiques tunisiennes (BH, BNA et STB), s'inscrit dans le cadre d'un programme de leur restructuration à travers la mise en oeuvre d'un plan stratégique visant la réforme intégrale dans le domaine de la gestion et des secteurs financier et institutionnel. L'objectif étant de renforcer les assises de ses banques et d'améliorer la méthode de leur gouvernance et leur gestion, a-t-il dit. M. Besbès a indiqué que l'audit de la BNA (Banque Nationale Agricole) n'a pas encore été effectué en raison des désaccords entre les deux bureaux américain et français d'expertise et d'études. Il a rappelé que la mission de l'audit se fait en deux phases : la première concerne l'audit individuel approfondi touchant les domaines financier, institutionnel, social et d'efficacité alors que la deuxième concerne la mise en oeuvre d'une stratégie de restructuration à travers la détermination de différents scénarios pour choisir le plus approprié et le mettre ensuite en oeuvre. Il a fait observer que le gouvernement de Larayedh a alloué une enveloppe de 500 MD dans le cadre de la loi de finances complémentaire de l'année 2013 ainsi que la loi de finances de l'année 2014 pour la recapitalisation des banques publiques. Il est à signaler qu'une commission technique relevant de la Banque Mondiale a fixé le déficit des banques publiques aux alentours de 2,2 milliards de dinars.