«Tunisia Economic Forum» dans sa troisième édition, et dans la continuité de celles qui l'ont précédée, traitant respectivement de l'Economie Politique des Réformes et de l'Evaluation des Politiques Publiques, s'inscrit dans le même alignement et se focalise sur l'administration publique, premier acteur concerné par l'adoption des réformes, de l'application des politiques publiques et le mécanisme via lequel l'Etat fonctionne. Le thème traité, dans le cadre de cette édition est ainsi : « La réforme de l'administration publique: pour une meilleure performance » L'évènement a évoqué les points clé de la réussite de la réforme administrative en Tunisie, un premier panel constitué de Taoufik Rajhi, Ministre -Conseiller auprès du Chef du Gouvernement, Hedi Larbi, Ancien Ministre de l'Equipement, de l'Aménagement du Territoire et du Développement Durable, et Mongi Rahoui, Président de la commission des finances de l'ARP. La question de la performance de l'administration se trouve actuellement en contradiction avec les expériences internationales réussie, notamment avec la prépondérance des métiers de support au détriment des métiers technique et un apport en valeur ajoutée en deçà de ce que représente l'administration en termes de ressources. Mesure De La Performance De l'Administration Publique L'étude considère que la rémunération dans le secteur public représente un poids très important dans le budget de l'Etat ; il serait ainsi opportun de se poser la question de la performance de l'administration tant elle pèse en terme de ressources. Qu'en est-il de la valeur ajoutée créée par cette administration, et quel serait le moyen d'évaluer sa contribution dans l'économie tunisienne, à part celui de la proportion des salaires publics dans le PIB ? L'étude a cité le cas de la Grèce : 33 agents administratifs pour 100 habitants, 80 en France, 123,6 en Suède et 145 au Danemark. Pour le cas de la Tunisie, il s'agit de 56 agents d'administration pour 1000 habitants. En Tunisie, il existe 650 mille fonctionnaires publics, environ 14 fonctionnaires par unité de PIB contre environ 2 et 8 fonctionnaires par unité de PIB respectivement en France et en Suède. D'autre part, l'expérience internationale a prouvé que l'administration devrait être constituée majoritairement de métiers techniques et ne doit plus être focalisée sur les métiers de support veillant au respect des procédures et des lois en vigueur. Est-ce que la Tunisie dispose des compétences lui permettant de se mesurer à d'autres économies dans le monde ? La réorganisation de l'administration, le basculement du mode de gestion par fonction au mode de gestion par métier et la mise en place d'un nouveau système de rémunération capable d'attirer et retenir les compétences, sont tous des défis de premier plan que l'administration n'a pas encore su relever. Il est aussi à noter que l'administration, dans sa conception actuelle, va à l'encontre du concept organisationnel tel qu'adopté par toutes les économies du monde, à savoir la gestion suivant les chaînes de valeur. De ce fait, le problème donc n'est pas la taille ou la rémunération, mais plutôt la performance de l'administration. La gestion de l'administration : réaffectation des ressources et motivation des managers Le second panel a débattu de la gestion De l'Administration, à savoir la réaffectation des ressources et la motivation des managers. Nathalie Tournyol Du Clos, Directrice de la formation à l'ENA de Paris, est intervenue pour présenter l'expérience de l'ENA de Paris dans la formation et l'insertion professionnelle des hauts cadres de la fonction publique et les systèmes de motivation déployés. Il sera notamment question de la modernisation de l'administration, sa réorganisation par la réallocation des ressources, le basculement du mode de gestion par fonction au mode de gestion par métier et la mise en place d'un nouveau système de rémunération attirant et maintenant les meilleurs profils. En effet, pour les 325 entreprises publiques, l'étude propose de revoir le conseil d'administration par la séparation de la fonction de président de conseil et de directeur général, la présence d'administrateurs indépendants et la responsabilisation du conseil d'administration ainsi que la motivation des managers à travers la contractualisation des directeurs généraux, la mise en place de contrats par objectifs et l'option pour une rémunération liée à la performance Pour une administration décentralisée performante Un débat sur le thème « Pour Une Administration Décentralisée Performante » a porté par la suite sur le management public, la relation qui pourrait lier l'administration locale et centrale, puis sur la relation entre le gouvernement et l'administration, le degré d'implication de l'autorité ministérielle dans l'adoption des décision à l'échelle de chaque ministère, le rôle du directeur général et les attributions à chaque direction relevant des différents ministères… Pour une nouvelle relation Gouvernement- administration De même, l'administration, en Tunisie, dispose de multiples établissements publics allant des entreprises publiques, aux offices, aux caisses. Cette pléthore d'institutions peut prêter à confusion et compliquer le mode d'adoption des réformes. La question du mode de gouvernance est ainsi soulevée, la raison d'être de ces établissements de même que leur mode de fonctionnement est à interroger surtout qu'il pourrait y avoir chevauchement entre les missions et les attributions de chaque institution. En effet, la dépendance de l'administration est définie par rapport au ministère de tutelle qui intervient dans les tâches de suivi et d'exécution et propose le renforcement du rôle de la haute fonction publique, chargée de créer un climat de confiance entre le pouvoir politique et l'administration. Ce qui traduit l'importance de l'interférence dans la gestion des entreprises publiques c'est la fragmentation des responsabilités entre plusieurs ministères laquelle entraine un manque de cohérence vis-à-vis des entreprises publiques et la dilution des responsabilités. Pour une meilleure gestion des entreprises publiques Un autre débat a porté sur la gestion des entreprises publiques et le mode de gouvernance, dans la mesure où la multitude d'établissements dont dispose l'administration en Tunisie (entreprises publiques, offices, caisses…) peut prêter à confusion et compliquer le mode d'adoption des réformes.