Tous les autres partis, Gauche, Droite et Centre, aussi, jubilent en assistant à la désintégration totale du mouvement Nidaa Tounès, celui qui avait gagné les élections présidentielles et législatives de 2014 par la volonté d'un peuple qui avait cru en lui et qui l'avait porté haut, mais qui, en fin de compte, a trahi ses électeurs, à travers une alliance contre-nature avec le mouvement islamiste Ennahdha. Nidaa Tounès a agrémenté la galerie de la pire des mascarades, avec les deux congrès distincts qui avaient eu lieu, samedi dernier, l'un à Monastir pour élire Hafedh Caïd Essebsi, à la tête du bureau politique, avec une minorité affligeante, et l'autre à Hammamet, en présence de 130 membre du comité central, soit plus que le quorum requis, et qui a porté Sofiane Toubel, pourtant l'un des serviteurs de HCE qui a tourné la veste. Pareilles clowneries ne peuvent pas être possibles dans un pays considéré comme une démocratie naissante et cette désintégration de Nidaa Tounès est une aubaine pour les autres partis, surtout le mouvement islamiste Ennahdha qui pense, actuellement, ne plus avoir de concurrent de poids pour faire obstacle à ses ambitions pour les prochaines échéances électorales. Pourtant, malgré ses errements, Nidaa apparaissait comme le refuge idéal pour ceux qui abhorrent le mouvement islamiste et il faut, encore une fois, que le mouvement centriste, démocrate et progressiste mette les pieds dans le plat, en crevant ses yeux avec ses propres doigts, par la volonté du fils de son père HCE qui n'était pas content du résultat des élections du comité central et qui ne voulait pas perdre son pouvoir en tant que directeur exécutif du mouvement. Elles étaient deux forces en présence, mais une majorité s'est dégagée. Dès lors, Hafedh Caïd Essebsi et ses subalternes, contestés de partout et ne faisant plus l'unanimité depuis longtemps, n'ont pas voulu s'adapter aux règles démocratiques, surtout que le fils de son père croyait avoir la même stature que son géniteur… mais, loin de là. Il a préféré désintégrer, encore une fois, son parti, afin de rester aux commandes. La grande mascarade a eu lieu Au cours d'une assemblée qui n'avait réuni que 87 membres au plus du bureau politique sur les 2017 membres, Hafedh Caïd Essebsi a été élu, d'une manière éhontée, samedi soir à Monastir à la tête du Comité central du mouvement de Nidaa Tounès, avec un total de 83 voix sur 87 inscrits, deux abstentions et deux bulletins nuls, selon le huissier Sarah Meddeb, indiquant que le vote a été supervisé par le huissier Mazri Nouira. Kacem Makhlouf a été élu premier vice-président et Marouane Bouda, deuxième vice-président du comité central. Que peut-on attendre de ceux qui transgressent la légalité et la loi des urnes. L'huissier notaire a reconnu qu'il n'y avait que 87 élus dont 4 ont voté contre Hafedh et c'est une honte pour lui, ainsi qu'un déni de légalité de persister à rester le premier responsable du parti. On peut l'accuser de pire, surtout qu'il fait du mal à tout le pays, pour rester en place. Le groupe d'opposants à Hafedh Caïd Essebsi a tenu le même jour une réunion du comité central à Hammamet à la demande de la présidente du congrès de Nidaa Tounès, Samira Belkadhi, au terme de laquelle Sofiane Toubel a été élu président du comité central avec 115 voix. Ce qui représente une majorité réconfortante, pour celui qui était partisan de Hafedh et qui vient de lui tourner le dos. Effronté et audacieux J'espère que l'autre faction, réunie à Hammamet réfléchira bien et nous examinerons à l'avenir l'éventualité qu'elle rejoigne Nidaa Tounès », a déclaré Hafedh Caïd Essebsi a déclaré à la presse après la proclamation des résultats à Monastir. Il se croit, peut-être, le propriétaire de ce parti, pour décider qui peut en faire partie ou non. Mongi Harbaoui, responsable de l'information au sein de Nidaa Tounès, a déclaré auparavant que Sofiane Toubel et Hafedh Caïd Essebsi se sont portés candidats à la présidence du Comité central, un seul candidat, Kassem Makhlouf, pour le poste de premier vice-président, et un autre candidat, Marouane Bouida, pour le poste de deuxième vice-président. « Ces candidatures ont été entérinées après l'adoption du règlement intérieur du mouvement de Nidaa Tounès lors du congrès du parti tenu à Monastir », a-t-il indiqué. La présidente du congrès de Nidaa Tounès Samira Belkhadi a déclaré que la réunion tenue à Hammamet constitue la première réunion du comité central issu du congrès de Nidaa Tounès tenu le 6 avril dernier à Monastir. C'est une réunion « légale » qui est chapeautée par la présidente du congrès élue par 1800 congressistes, s'est-elle défendue, en allusion à la réunion qui se tenait, en même temps, à Monastir à l'appel du camp attribué au directeur exécutif du parti Hafedh Caïd Essebsi qui doit, elle aussi, procéder à l'élection du président du comité central de Nidaa Tounès. Une réunion « légale », a-t-elle insisté, qui s'inscrit dans le cadre du processus du congrès électoral du parti ayant démarré à Monastir, et au cours duquel il a été procédé à l'élection du comité central qui a à son tour élu le bureau politique. La première réunion du comité central est dédiée à l'élection de son président, a-t-elle précisé, rappelant que la présidence du congrès a reçu depuis la réunion de Monastir deux candidatures à la présidence du comité central : celle de Hafedh Caïd Essebsi et de Sofiane Toubel. Le comité central devra élire l'un des deux candidats. Persistance de la présidente du congrès Refusant de commenter la décision des membres du bureau du congrès d'en annuler les résultats, Samira Belkhadi a affirmé qu'en sa qualité de présidente du congrès, neutre et indépendante, elle refuse de commenter des déclarations politiques. Au cours d'une conférence de presse tenue jeudi dernier au siège central de Nidaa Tounès aux Berges du Lac, les membres du bureau du congrès de Nidaa Tounès ont annoncé l'annulation des résultats proclamés suite à l'élection du bureau politique du parti. Aïssa Hidoussi (vice-président du congrès de Nidaa Tounès) avait considéré l'absence de Belkhadi à la conférence de presse comme « injustifiée », l'accusant de « s'être appropriée » les recours introduits contre la liste gagnante et révélant, selon lui, des « défaillances » ainsi que le dossier du congrès et d'avoir coordonné avec des parties au sein de Nidaa Tounès. Sofiane Toubel, candidat élu à la présidence du comité central de Nidaa Tounès a déclaré à l'agence TAP, que la réunion de Hammamet revêt un caractère « légal » dès lors qu'elle a été convoquée par la présidente du congrès et qu'elle n'a pas fait l'objet de recours. De son côté, Abdelaziz Kotti a estimé que la réunion de Hammamet ne peut être mise en doute du moment qu'elle a été convoquée par la présidente élue du congrès. D'après lui, Nidaa Tounès sortira plus fort et plus uni de la réunion de Hammamet. La réunion du bureau politique du parti Nidaa Tounès de Hammamet a abouti à l'élection d'Abdelaziz Kotti, secrétaire général du parti et Adel Jarboui, président du bureau politique. Le quorum a été atteint puisque la majorité des membres du bureau politique (21 sur 32) ont été présents. A noter que Fawzi Elloumi n'a pas accepté ces résultats et a quitté la réunion. Le nouveau président du bureau politique, Adel Jarboui, a déclaré à la TAP que la répartition des tâches s'est déroulée dans la transparence, estimant que Selma Elloumi qui s'est absentée de la réunion « aurait subi certaines pressions ». Appel au ralliement La nouvelle structure du parti (Sofiane Toubel, président du comité central, Abdelaziz Kotti, secrétaire général et Adel Jarboui, président du bureau politique), a-t-il dit, est un message aux nidaïstes et à tous les Tunisiens selon lequel le parti a retrouvé son équilibre. Il a appelé tous les nidaïstes y compris ceux réunis à Monastir et ceux qui ont rejoint d'autres partis à revenir à Nidaa Tounès et à renforcer les rangs de la famille modérée. Concernant la tenue de deux réunions parallèles, Jarboui a déclaré que « le désaccord nous a été imposé » et que « nous avons fait prévaloir la démocratie et la légitimité électorale et nous espérons que notre légitimité nous aidera à rassembler les nidaïstes surtout que la nouvelle structure et le bureau politique seront renforcés par de nouveaux membres qui seront désignés par le Président de la République, Béji Caïd Essebsi. La réunion de Hammamet, a-t-il ajouté, s'est déroulée en présence d'huissiers de justice et dans le cadre de la transparence dans l'élection du président du comité central et dans la répartition des tâches au sein d bureau politique. Les prochaines échéances électorales nécessitent, a-t-il dit, d'unifier les rangs des nidaïstes et de s'ouvrir sur les partis modérés dont le parti Tahya Tounès, Machrou Tounès et El Badil. De son côté, le nouveau secrétaire général du parti, Abdelaziz Kotti a souligné que les différentes étapes des élections se sont déroulées dans le respect de la loi et de la légitimité électorale. Le plus important, a-t-il estimé, c'est que « nous sommes, aujourd'hui, passés à la gouvernance institutionnelle à travers l'élection d'une nouvelle structure qui mettra fin à l'unilatéralisme. Il a ajouté que la répartition des tâches a été longuement débattue avant de parvenir à un consensus. Il s'agit, maintenant, selon Kotti, de reprendre le travail, de bien se préparer aux prochaines élections présidentielles et législatives et de surmonter tous les obstacles qui empêchaient plusieurs personnalités nationales de rejoindre Nidaa Tounès. L'ère Hafedh Essebsi et tout le mal qu'il avait fait à Nidaa Tounès est-elle révolue et la page tournée ? C'est ce que vont nous montrer les prochains jours. Faouzi SNOUSSI