Le dossier des entreprises et des établissements publics demeurent un casse-tête, pour tout le monde, avec différents facteurs qui les mènent vers l'abime. Certes, ces entreprises avaient commencé la dégringolade, bien avant la révolution. Mais la nouvelle situation aurait dû permettre de les mener à bon port, sans l'injection de milliers d'employés, depuis la période de la gouvernance de la maudite Troïka, avec la bénédiction du mouvement islamiste Ennahdha, la ligne rouge tracée par l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui est contre toute privatisation, le favoritisme et l'allégeance dans la désignation de leurs responsables qui sont, parfois, des incompétents ou des personnes qui ne peuvent pas gérer l'ingérable. Le cri d'alarme a été lancé, depuis longtemps, mais la situation continue à se dégrader et les entreprises et établissements publics coulent de la médiocre des manières, en puisant dans les caisses de l'Etat, dans des tentatives de redressement qui tardent à percer. Et, depuis la Révolution et le retour des islamistes, la situation n'a pas cessé d'empirer, avec l'injection de centaines de millions de fonctionnaires et d'employés dont certains sont payés pour ne rien faire, dans ces entreprises publiques Il faut imaginer que la compagnie Tunisair a plus de 1200 employés supplémentaires dont elle n'arrive pas à se débarrasser, pour redresser ses chiffres et partir à la conquête des performances. Il faut avoir connaissance, aussi, de ce qui se passe à la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) et du Groupe chimique tunisien (GCT). Ces deux entreprises ne produisent plus la moitié (et c'est optimiste), depuis la révolution, alors qu'elle compte le triple du personnel dont les deux entreprises disposaient, avant la révolution. Si on ajoute à cela, les sociétés de l'environnement et du jardinage, avec les milliers de travailleurs qui restent à la maison, tout en étant payés, cela permet à quoi sont réduites ces entreprises qui puisent dans les caisses de l'Etat, alors qu'elles sont censées fournir des dividendes. La situation de la Régie nationale du tabac et des allumettes (RNTA) ne vit pas une meilleure situation, alors qu'elle devait être le premier fournisseur de fonds à l'Etat. Cette entreprise publique qui est un monopole, n'arrive plus à produire suffisamment de cigarettes pour la consommation locale. Les citoyens dont la bourse s'épuise de jour en jour sont obligés de se rabattre sur les cigarettes étrangères, payées au prix fort. Pourtant, l'ancien président-directeur général précédent avait été promu à un meilleur poste, il y a un certain temps. Allez comprendre quelque chose, à ce propos ! Ce ne sont que quelques exemples et il y en a, beaucoup d'autres. En principe, après la Révolution, les hauts responsables auraient dû être chargés de leur mission, sur la base de contrats à objectifs, ce qui les aurait incités à être plus efficaces et ne pas se contenter de se vautrer dans leurs fauteuils. L'autre facteur qui a envenimé la situation est la ligne rouge de l'UGTT qui est contre la privatisation des entreprises publiques qui représentent les principaux viviers de ses adhérents. La centrale syndicale aurait mieux fait d'inciter les travailleurs, aussi, à aider au redressement de ces entreprises publiques, au lieu de soutenir leurs revendications qui grèvent davantage les caisses de leurs employeurs. On ne peut passer sans évoquer, aussi, les allégeances partisanes, le favoritisme et le copinages dans les nominations des PDG qui ne savent, même pas, pourquoi ils occupent les postes où ils sont auxquels ils n'auraient, jamais, aspiré, en d'autres temps. Dans son rapport pour l'année 2018, le Haut comité du contrôle administratif et financier (HCCAF) y est allé de main tendre, face à la situation des entreprises et des établissements publics, en soulignant seulement certaines défaillances. Les gestionnaires des entreprises et établissements publics sont à l'origine de 4035 dysfonctionnements au niveau de la gestion, durant l'année 2018, a indiqué le président du HCCAF, Kamel Ayadi. Dans une déclaration à la presse, en marge d'une journée d'étude sur le thème « une meilleure gouvernance des établissements et des entreprises publics », Ayadi a précisé que ces dysfonctionnements ont été repérés dans les différents secteurs d'activités sans exception, et portent, essentiellement, sur les achats publics, les ressources humaines, l'usage des voitures publiques, l'assurance… « Chaque dysfonctionnement se présente comme une opportunité non saisie, et par conséquent c'est une sorte de gaspillage des fonds publics », a-t-il noté. Ayadi a souligné l'impératif de remédier à ces dysfonctionnements via le contrôle assuré par la HCCAF, mais aussi en renforçant les mécanismes de contrôle interne des sociétés publiques, en programmant des formations au profit des ressources humaines et en dotant les gestionnaires des outils de la bonne gouvernance. Il a rappelé, dans ce cadre, que la mauvaise gouvernance coûte au pays beaucoup plus que la corruption. De son côté, Abdellatif Hmam, président-directeur général de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) et du Groupe Chimique Tunisien (GCT), a annoncé, que la Loi Organique de la CPG et celle du GCT seront amendées, très prochainement (lors de l'assemblée général extraordinaire, prévue le 3 mai), en vue d'intégrer le principe de la séparation des prérogatives du président du Conseil d'administration, de celles du directeur général de chacune des deux sociétés. Hmam a précisé que cette décision s'inscrit dans le cadre des efforts déployés en vue de concrétiser la réforme souhaitée et d'ancrer les principes de la bonne gouvernance au sein de la CPG et CGT, afin d'assurer leurs pérennité. Il a fait savoir, aussi, que les deux compagnies sont en train de préparer deux guides portant respectivement sur les procédures des achats dans un environnement concurrentiel, et sur l'acquisition des matières premières. Par ailleurs, le « Guide des bonnes pratiques pour une meilleure gouvernance des établissements et des entreprises publics », qui vient d'être publié, en 2019, par la HCCAF, a été présenté au cours de cette journée Ce document, destiné aux gestionnaires des établissements et entreprises publics, est un outil d'aide à la décision, mais également un outil de transfert de connaissances. Il s'intéresse à 6 domaines de gouvernance, à savoir le contrôle de pilotage, les marchés publics, le capital humain, les conflits d'intérêts, la RSE et la gouvernance stratégique. Allons, messieurs les responsables. Le pays va mal et les entreprises et établissements publics lui font beaucoup plus de mal. Il faut donc arrêter l'hémorragie… mais, y a-t-il quelqu'un qui peut oser le faire ?