« En Tunisie, les opportunités économiques qui nous entourent sont nombreuses, mais nous les saisissons pas, ou pas suffisamment, ou trop tard » a regretté, mardi, le président de l'UTICA, Samir Majoul. Intervenant à une conférence organisée au siège de la centrale patronale par l'ESCP Business School, (Ecole supérieure de commerce de Paris), sur le thème » Dirigeants, face à l'incertitude, osez l'optimisme « , Majoul a évoqué les opportunités qui se présentent au pays, » 70% de nos exportations sont destinées à l''Europe. Mais les exportations nationales ne représentent que 0,5% des importations européennes. Alors imaginez que la Tunisie se donne les moyens de représenter 1% des importations européennes. En fait, doubler nos exportations vers l'UE, c'est 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires de plus, ce qui équivaut à peu près au budget de l'Etat et à la création d'environ 500 mille emplois ». Et d'évoquer » le boom démographique en Afrique et tous les besoins du continent en matière d'éducation, d'enseignement supérieur et technique, de santé, d'infrastructures, de consommation et d'investissement. Il y a également, la reconstruction de la Libye, mais aussi, le potentiel inexploité du Maghreb économique « . Il a, en outre, cité « la révolution digitale, la transition énergétique et toutes les opportunités qui résultent d'une meilleure connexion entre les secteurs, l'innovation et la recherche scientifique » Pour saisir les opportunités de l'économie mondiale, il faut être connecté à ses flux financiers Pour pouvoir saisir toutes ces opportunités, Majoul estime nécessaire de revoir le code des changes, « nous avons besoin d'une monnaie qui nous connecte au reste du monde et non d'une monnaie qui nous isole. Nous pensons que le « non-convertible » a fait son temps. Il faut passer au dinar « convertible », à un taux fixe probablement. Pour saisir les opportunités de l'économie mondiale, il faut être connecté à ses flux financiers ». « Nous devons également, avoir un secteur logistique et portuaire digne de l'héritière de la Carthage punique. Nous devons nous donner l'objectif de réaliser un port, je n'ai pas dit une étude, mais un port digne de Carthage » « Le troisième levier pour pouvoir saisir les opportunités, c'est l'égalité des chances. D'abord par la mise en concurrence. Il faut en finir avec les monopoles et aujourd'hui les monopoles c'est l'Etat. Pour activer cette égalité de chances, il faut libérer le capital humain, le mettre en situation de pouvoir choisir et décider, le libérer des contraintes bureaucratiques et réglementaires « . Pour sa part, Sami Zaouïa, Associé, Ernst & Young, l'un des anciens de l'Ecole supérieure de commerce de Paris, a considéré que « nos chefs d'entreprise ont longtemps agi dans un contexte de stabilité. Aujourd'hui, il va falloir qu'ils acceptent que l'instabilité et l'incertitude fassent partie de l'équation. C'est un nouvel état d'esprit que nos chefs d'entreprises doivent avoir ». Et d'ajouter « il faut que l'entreprise sache qu'elle n'obtiendra pas toujours toutes les conditions favorables pour agir au mieux et qu'elle ait la capacité d'adaptation nécessaire pour agir dans un environnement parfois dégradé ». Toujours selon lui « certains préalables sont toutefois nécessaires pour que l'investissement puisse retrouver l'optimisme nécessaire à son action. Il s'agit de la stabilité politique, l'efficacité de l'administration, la révision de certaines réglementation (change, autorisations d'exercer …) et un dialogue plus constructif entre le politique et l'économique… « .