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Semer les graines du succès pendant la crise
Publié dans L'expert le 14 - 05 - 2020

L'économie mondiale vient d'être secouée par une crise sans précédent et dépassant selon certains experts, celle de 1929. Toutes les projections et les perspectives économiques établies par les organismes internationaux et les économistes sont tombées dans l'eau. C'est le flou total et la situation risque de durer encore plus longtemps. Dans ce tableau morose et sinistre, l'économie tunisienne n'échappera pas à un Tsunami dont les répercussions seront très négatives.
Même si sur le plan sanitaire la Tunisie tire bien son épingle du jeu et on semble descendre la pente pour une stabilisation,
le coût économique est bel et bien présent, surtout dans un contexte d'une économie déjà fragile et fragilisée.
Une économie mise à nu face aux risques :
Selon les perspectives, le PIB tunisien reculera d'au moins 4.5%. Nos principaux partenaires économiques européens accuseront quant à eux des baisses de 6 à 9% selon les pays. Selon les prévisions de la commission européenne la contraction du PIB de l'union sera de l'ordre de 7.5% en 2020.
Plusieurs compartiments de l'économie tunisienne seront drastiquement affectés. On cite principalement le secteur de l'aérien, le secteur industriel, le secteur du Tourisme, le secteur du transport terrestre, et certains secteurs de la distribution tel que le textile habillement. Les secteurs qui semblent sortir avec le moins de dégât, sont principalement le secteur de l'agroalimentaire, le secteur de la distribution, le secteur des assurances, et le secteur agricole.
La crise du Covid-19 n'a fait qu'aggraver les séquelles de l'économie tunisienne, et révéler les défaillances que tout le monde connait, mais ne mesure pas l'étendue :
-Les finances publiques sont le talon d'Achille de notre économie. « Les trous » sont partout et on n'a pas les moyens de les couvrir. La crise est venue ajouter des dépenses supplémentaires imprévues,
-Un niveau de pauvreté important dépassant les statistiques officielles et une précarité qui laisse prédire l'explosion sociale. Avec un niveau de pauvreté de 15% et une pauvreté extrême de 4%, les chiffres risquent d'augmenter sous l'effet de la crise.
-Une capacité d'innovation et d'invention chez nos jeunes mais qui n'est pas capitalisée et mise en valeur. On a découvert durant la crise que nos startups et nos universités regorgent d'idées et d'innovations qui sont considérées comme fierté,
-Un manque flagrant au niveau de la communication de crise et de la prise de décision. Les tunisiens ont eu droit durant le confinement à une valse de bourdes de la part du gouvernement, et surtout un flou absolu sur la stratégie adoptée et le bien fondé des décisions
-Une administration archaïque, qui a pendant longtemps levé le signe de la digitalisation, mais qui a montré son vrai visage. Nous avons découvert une administration pas capable d'activer le travail à domicile, ni offrir des services à distance, ni assurer un paiement électronique sécurisé, ou tenir des bases de données fiables.
Avec cette pandémie la Tunisie est exposée à des risques majeurs qui peuvent mettre à nu tous les acquis, même les plus dérisoires.
Le plus grand risque est l'explosion du chômage. La Tunisie qui enregistrait jusqu'en 2019, un taux de chômage de 15.2%, avec plus de 650 milles demandeurs d'emplois, risque de se trouver face à plus de 160 milles nouveaux chômeurs selon les analyses des experts. Ceci ajoutera plus de précarité sociale surtout au niveau des emplois du secteur informel qui comptent pour 32% des actifs en Tunisie. On doit aussi répondre à la disparition d'une grande partie des petites entreprises et des entreprises individuelles qui n'ont pas pu surmonter le choc de la crise.
Le déficit public va certainement s'aggraver vu l'augmentation des dépenses publiques pour endiguer les impacts de la crise. Le gouvernement avait déjà annoncé la mobilisation de quelques 2500 millions de dinars pour soutenir les entreprises et les couches sociales les plus défavorisées. Ce déficit va encore être mis sous pression avec les déficits qui vont être enregistrés au niveau de certaines entreprises publiques telles que Tunisair (pertes de plus de 60 millions de dinars), les sociétés de transports publics,…Le gouvernement va être obligé comme d'habitude à mettre la main dans les caisses pour couvrir leurs déficits.
La contraction de l'activité économique sera aussi causée par une baisse considérable de l'investissement, qui ne représentait déjà que 18% du PIB. Dans un contexte de flou et de récession économique, aucun investisseur ne risque de s'aventurer pour lancer un projet ou faire une extension. C'est à ce niveau que doit intervenir l'investissement public afin de combler ce déficit. Même s'il y a une volonté d'investir avec les risques majeurs qui existent, il n'y aura pas la liquidité nécessaire pour le faire au niveau des banques. Les dépôts sont en chute libre, et l'épargne nationale ne va pas dépasser les 6% au meilleur des cas.
Les exportations qui sont un des moteurs de la croissance économique vont se trouver à sec d'ici quelques jours et ce à cause des difficultés économiques du secteur industriel et surtout l'éventuelle baisse de la demande des principaux partenaires économiques.
Outre l'impact économique, on doit s'attendre à une crise sociale sans précédent, qui peut se manifester par des soulèvements populaires, des barrages, et des grèves. Un risque certain pour des analystes et qui peut engendrer des blocages tout azimut. Certains prédisent même « une révolution des pauvres », contre la pauvreté et l'injustice sociale.
Semer les graines du succès :
« Une période d'échec est un moment rêvé pour semer les graines du succès. » disait Emmelyne Raymond. Nous sommes déjà en pleine crise et nous la subissons en pleine figure. Le fait est là. Il ne faut pas rester figé et se lamenter sur son sort. La Tunisie doit se mettre impérativement dans le feu de l'action, et apprendre de cette crise pour la transformer en opportunité.
On a toujours évoqué l'industrie pharmaceutique tunisienne comme un fleuron de notre économie qui nous permet de couvrir plus de 57% de nos besoins en médicaments et d'en exporter pour quelques 100 millions de dinars vers l'étranger. La crise actuelle a révélé que ce secteur est bien structuré et a constitué une soupape de secours importante pour les établissements de santé tunisien. Les pandémies à répétition (SARS, vache folle, Covid-19) ont nettement augmenté l'intérêt à l'échelle mondiale pour cette industrie, c'est donc une vraie opportunité pour la Tunisie de s'investir encore plus dans ce domaine afin de garantir des exportations importantes. Il y a une réelle opportunité à saisir, surtout que nous avons une bonne assise pour le faire et une expertise à valoriser.
La crise du Covid-19 a démontré que notre administration et nos services administratifs ne sont pas à jour pour passer au digital et les services à distance. La possibilité pour les fonctionnaires de travailler à domicile n'était pas possible pour la majorité des départements, plusieurs services administratifs ne peuvent pas être assurés à distance. La Tunisie doit saisir cette crise pour activer la digitalisation de l'administration et l'amorçage de la transition numérique, qui sont tous deux restés au niveau des slogans politiques. C'est l'un des projets dans lequel il faut investir et qui peut être un élément important de création de valeur ajoutée et de réduction des frais de fonctionnement de l'administration, et d'amélioration de la qualité des services et la promotion de la transparence.
Lors du confinement, plusieurs consommateurs n'ont trouvé que le canal du commerce électronique pour s'approvisionner en différents produits. Les professionnels affirment des hausses de 40 à 50% de leur chiffre d'affaire durant le confinement. Cette crise a affirmé qu'il existe un grand potentiel de développement du commerce électronique. C'est une opportunité réelle pour les entreprises de se pencher sur ce canal. De son côté le gouvernement doit s'y mettre pour soutenir ce mode de distribution et qui contribue largement au décashing et à la lutte contre le commerce parallèle et la contrefaçon.
Il est évident que les pays qui ont choisi le confinement sanitaire général sont ceux qui n'ont pas confiance dans leur système de santé. Notre système de santé publique souffrait déjà de plusieurs problèmes et défaillances, qui laissent l'offre en deçà des besoins de la population au niveau de la qualité et la couverture géographique. L'engouement de solidarité avec le secteur de la santé publique durant cette crise, surtout via les dons du fonds 1818, a démontré que les tunisiens tiennent beaucoup à leur secteur public et qu'ils veulent l'améliorer. Cette crise semble constituer une belle opportunité pour entamer une mise à niveau réelle de notre système de santé publique, et d'améliorer l'offre pour les citoyens. L'expérience a aussi démontré que cette réforme peut se faire dans un cadre de partenariat public-privé.
La crise économique actuelle avec son éten due internationale peut constituer une belle opportunité pour la Tunisie pour capter des investissements directs étrangers générateurs de croissance. En effet, plusieurs investisseurs et entreprises vont se trouver dans l'impossibilité de continuer à fonctionner sans réduction des coûts de production. A ce niveau la Tunisie peut être une solution pour plusieurs multinationales pour délocaliser et bénéficier de coûts de productions bas, surtout au niveau de la main d'œuvre.
Autant d'opportunités qu'il est important de saisir afin d'atténuer l'impact de cette crise économique, et entamer la phase de la relance avec beaucoup plus d'assurance. Cette crise sanitaire et économique peut constituer un déclic pour amorcer les différentes transitions auxquels tient beaucoup notre chef de gouvernement, à savoir la transition numérique, la transition énergétique et la transition entrepreneuriale.


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