Nabeul, ville du Nord-Est de la Tunisie, située au Sud de la péninsule du Cap-Bon, à 60 kilomètres au Sud-Est de la capitale Tunis, occupe actuellement l'emplacement de l'antique Néapolis (Toponyme grec voulant dire ville nouvelle). A l'origine, elle fut un comptoir fondé par des commerçants grecs qui tomba rapidement sous domination carthaginoise. Thucydide, historien grec, auteur de l'Histoire de la guerre du Péloponnèse, relata des événements qui se déroulèrent en 413 avant J.-C. rapportant que Néapolis était un comptoir carthaginois, qu'elle était la ville d'Afrique la plus proche de la Sicile dont elle n'est séparée que de deux jours et une nuit de navigation. Vers 310 avant J.-C., elle fut prise par Agatlocle, tyran de Syracuse au cours de sa guerre contre Carthage. Selon l'historien grec Diodore de Sicile, les habitants de Néapolis furent traités avec humanité. Au courant de la troisième guerre punique, Néapolis se rangea du côté des Carthaginois contre les Romains. En 148 avant J.-C., elle fut occupée par les troupes romaines et punie. Durant, tout un siècle jusqu'à la guerre civile, on n'entendait plus parler de la ville. A l'occasion de cette guerre, elle se rallia à César contre Pompée. César lui accorda en retour, la liberté. Sous Auguste, elle devint une cité autonome. Alors commença son développement. Elle devint vite le siège d'un évêché et en 256 après J.-C., elle obtint le titre de cité romaine. Dans ce contexte, diverses sources épigraphiques ainsi que certaines mosaïques témoignent de l'importance de Néapolis sur les plans stratégique et économique. Par ailleurs, l'occupation vandale de l'Afrique romaine, et en l'occurrence de Néapolis, apporta un coup fatal à la prospérité de la ville. En outre, l'armée musulmane commandée par Abou Al Mouhajer venant de la péninsule arabique conquit, en 674, le Cap-Bon plus connu par Djazirat Bachou. Les voyageurs arabes ont souvent décrit cette région comme fertile et prospère. L'un des premiers monuments construits par les Arabes fut Ksar Nabeul, érigé au 9ème siècle, il faisait partie des œuvres architecturales construites par les Arabes tout au long de la côte formant ainsi une sorte de garnison pour défendre le pays des invasions venant par mer. Nabeul commença sa formation progressive comme métropole régionale vers le 12ème siècle. L'extension de la ville était alors bien visible. Des flux migratoires étaient venus de diverses villes tunisiennes comme Djerba et Kairouan. D'un autre côté, le développement de l'agriculture fut renforcé par l'arrivée des Andalous qui ont participé à la mise en valeur des terres par l'apport important de leur savoir-faire surtout en irrigation. De nombreuses cultures furent alors développées comme celles des orangers, citronniers, oliviers et grenadiers. Par ailleurs, pour la conservation du site antique de Nabeul, des fouilles ont été entreprises en 1965 sous la responsabilité de l'archéologue français J-P Darmon, mais elles s'arrêtèrent au bout de deux années. Cette période a permis de dégager deux intéressants monuments. Ce sont la maison des Nymphes et l'usine de traitement de poissons.
La maison des Nymphes (4ème siècle après J.-C.) Il s'agit d'une maison privée bordée au Nord et au Sud par deux rues dallées, occupant ainsi la largeur d'une «insula». Cette grande et somptueuse demeure à péristyle et viridarium a une superficie de 1.500 mètres carrés renfermant une vingtaine de pièces, certaines ouvraient sur la rue dallée et servaient probablement de boutiques. La plupart de ces pièces, une quinzaine au total, étaient pavées en mosaïques polychromes; elles s'ordonnaient autour d'un vaste jardin au milieu duquel se trouve un bassin en abside intérieurement décoré d'une mosaïque représentant des motifs figurés: une belle tête du dieu Océan bordée à droite et à gauche de différentes espèces de poissons et autres animaux marins, notamment de petits dauphins, une langouste… En face de ce bassin, les archéologues ont mis au jour une grande pièce, ainsi qu'une belle mosaïque rectangulaire figurant deux coqs affrontés de part et d'autre d'une amphore, remplie, selon les spécialistes, de pièces d'or.
L'usine de traitement de poissons Au bord de la plage on visitera un ensemble industriel d'époque romaine destiné à la fabrication de salaisons et de garum, qui s'était superposé sur une construction d'époque punique datant du 2ème ou 3ème siècle avant J.-C. Néapolis n'avait pas l'exclusivité de cette activité, on en trouvait un peu partout sur les côtes du Cap-Bon qui constituaient un milieu favorable à cette industrie grâce à l'abondance du poisson bleu (sardine, maquereau…). Mais l'usine de Néapolis frappe par ses dimensions importantes: une batterie de six bassins accolés à deux autres d'une profondeur de deux mètres environ; certains bassins, au moment de leur dégagement, contenaient encore des amphores pleines de restes pulvérulents avec des arêtes, des fragments de vertèbres et de minuscules têtes de menu fretin.
Artisanat Nabeul est considérée comme la capitale de la poterie, de la fabrication des nattes et autres produits en fibres végétales, de la broderie, du fer forgé, des carreaux de céramique et de la pierre sculptée. Elle se distingue également par la distillation d'eau de fleur de bigaradier (Zhar). Il s'agit d'une tradition bien enracinée dans la région du Cap-Bon et jalousement conservée par la population. Le bigaradier est très apprécié et se prête à une multitude d'usage. Il sert, entre autres, comme arôme pour parfumer les pâtisseries, confiseries et café. Il est aussi utilisé pour traiter l'insolation, les douleurs intestinales ainsi que comme produit cosmétique, notamment pour le nettoyage de la peau. C'est donc un produit de terroir par excellence. Moncef Ben Salem