Rien de telle que cette belle initiative de «l'Expert» d'organiser des déjeuner-débats pour donner la libre parole à toutes les bonnes volontés du pays afin que le changement se fasse dans la liesse. Pour sa troisième table ronde, organisée lundi dernier dans un hôtel à Tunis, le journal «l'Expert» continue d'attirer plus de monde pour débattre des questions de l'heure qui animent la vie politique, économique et socio-culturelle du pays. «La conciliation nationale post-révolution», tel était le thème de cette troisième rencontre qui a regroupé plusieurs personnalités de différents horizons ainsi que les représentants de la société civile. A l'ordre du jour de cette rencontre, l'aveu, le jugement, les excuses, l'acceptation de la sanction, le pardon et les contrats et pacte pour lesquels plusieurs intervenants ont pris la parole pour donner leur avis. Ces six étapes nécessaires pour œuvrer à l'aboutissement de la conciliation entrent dans le cadre de la justice transitoire jetant les bases d'une démocratie durable. Après la séance d'ouverture de la table ronde présidée par le directeur du journal «l'Expert», M. Abdelwahab Hani (président du parti El Mejd) a relevé le fait qu'il faut définir la conciliation nationale comme « une résultante de la justice transitionnelle dans le cadre de la transition démocratique ». Pour lui, ce processus est basé avant tout «sur le droit à la vérité, la reconnaissance des faits, la justice, la demande du pardon et le pacte d'avenir pour que cela ne se reproduise plus jamais». Dans sa prise de parole, Mme Sihem Ben Sedrine (présidente du Conseil National pour les Libertés) est convaincue que cette initiative de «l'Expert» ne peut qu'avoir une ligne droite vers un Etat de droit. Pour arriver, selon elle, à instaurer la conciliation, «il faut mettre les bases d'une justice transitoire». Une justice, poursuit-elle, qui «doit nécessairement préciser les faits par l'ouverture des deux grands dossiers de la corruption politique et celle économique». Relayé par Adnan Ben Hanachia (Parti Majd), ce dernier estime que la paix devrait être faite avec tout le monde. Sans citer de noms, il avertit: «Je demande aux membres du gouvernement provisoire de faire face attention à une bande de malfaiteurs déguisés en hommes d'affaires qui essayent de les corrompre afin qu'ils aient le même sort que les autres». Lors de sa prise de parole, Fawzi Marrouchi (spécialiste en droit international) a analysé les quatre phases du processus de transition démocratique: l'éjection, les vertiges post-révolutionnaires, la transition institutionnelle et la démocratisation. Selon lui, la justice transitionnelle c'est à la fois une théorie et une pratique car, dit-il, «pour chaque pays, il existe des facteurs locaux et subjectifs qui sont propres à la révolution concernée». M. Marrouchi estime que pour sortir de toutes ces phases, il faut passer par deux processus évidents, celui consensuel et violent pour le cas de l'Algérie. Un avis que ne partage pas totalement M. Sahbi El Basli (président du Parti El Mostakbel). Ce dernier, est contre le fait, justement que l'on se focalise uniquement sur la justice transitoire. A ce propos, il rappellera que tout le pays est en transition, que se soit le gouvernement provisoire, l'Intérieur, les institutions de l'Etat ou la société civile. «Tout ce que je peux dire est que cela demandera du temps pour que les personnes et les institutions arriveront à créer de nouveaux repères. Dans chaque phase de transition, il existe toujours des relents vers le retour au statu quo». De ce point de vue, M. El Basli considère que cette initiative prise par le journal «l'Expert» est excellente et constitue, selon lui, un prélude à une conférence nationale de réconciliation jugée comme une étape, peut-être, pas suffisante mais nécessaire pour garantir cette transition démocratique dont la Tunisie a le plus besoin aujourd'hui. L'intervenant nous a déclaré en aparté qu'il ne partage pas l'avis selon lequel il faut institutionnaliser ce groupe. Et d'argumenter: «Tout simplement parce qu'on tomberait dans le pêché de la haute instance qui n'est pas représentative de toutes les sensibilités du pays ». A moins, poursuit-il que les personnes physiques présentes autour de cette table ronde agissent es-qualité». A.O.