La Tunisie, 5ème producteur mondial de phosphate, intéresse de plus en plus de compagnies étrangères désireuses d'investir dans cette industrie aux perspectives prometteuses. Après les Chinois qui ont exprimé leur intérêt pour le projet d'exploitation de la mine de phosphate de Sra Ouertane, gouvernorat du Kef, l'Inde se positionne pour assurer à son industrie une source d'approvisionnement sur le long terme. Cet intérêt s'illustre par la participation de la compagnie minière indienne NMDC (compagnie nationale de développement minier) à l'appel d'offres d'exploitation de la mine de phosphate de calcium minéral de Tunisie. Il est important de mentionner que la société NMDC est spécialisée dans l'exploitation et l'extraction des minerais comme le minerai de fer, la bentonite, le cuivre, le magnésite, le phosphate de calcium ou encore le diamant. Cette compagnie est l'une des principales compagnies indiennes productrices et exportatrices du minerai de fer.
Une industrie aux perspectives prometteuses Le secteur phosphatier occupe une place importante dans l'économie tunisienne, tant au niveau de l'emploi qu'au niveau de la balance commerciale. A l'échelle mondiale, l'industrie tunisienne des phosphates occupe la 5ème place parmi les plus grands opérateurs internationaux dans cette activité. En effet, le phosphate naturel ainsi que ses dérivés (acide phosphorique, DAP, TSP, DCP, etc.) sont exportés actuellement sur une cinquantaine de pays répartis dans les cinq continents. En 1994, le gouvernement tunisien a décidé l'unification de la direction générale de la CPG et du GCT par la nomination d'un même Président Directeur Général. Elle a été suivie en 1996 par la fusion des deux directions commerciales. Ces décisions ont conféré au secteur plus de cohésion et d'efficacité. *Aperçu historique C'était en avril 1885, lors d'une prospection dans la région de Metlaoui, partie occidentale du sud du pays, que Philippe THOMAS, géologue amateur français, a découvert des couches puissantes de phosphates de calcium sur le versant Nord de JEBEL THELJA. D'autres prospections géologiques et des explorations de grande envergure ont suivi cette découverte décisive. Celles-ci ont révélé l'existence d'importants gisements de phosphate au sud et au Nord de l'île de Kasserine. A partir de 1896, date de création de "la Compagnie de Phosphate et de Chemin de Fer de Gafsa," une nouvelle activité industrielle des phosphates a vu le jour dans le pays. Les premières excavations ont commencé dans la région de Metlaoui et vers 1900, la production de phosphate marchand a atteint un niveau de 200,000 tonnes. Après ces débuts, la Compagnie de Phosphate et de Chemin de Fer de Gafsa a connu tout au long de sa longue histoire une série de changements structurels avant d'acquérir son statut actuel et de devenir, en janvier 1976, la Compagnie des Phosphates de Gafsa - CPG. Avec une expérience centenaire dans l'exploitation et la commercialisation des phosphates tunisiens, la CPG figure parmi les plus gros producteurs de phosphate dans le monde. Elle occupe le cinquième rang à l'échelle mondiale avec une production actuelle excédant 8 millions de tonnes de phosphate marchand (année 2007). Orascom lorgne le phosphate tunisien Orascom Construction Industries, le plus grand constructeur coté en bourse en Egypte, a déclaré qu'il dépensera 800 millions de dollars pour construire les usines d'engrais à base de phosphates au Moyen-Orient et en Afrique du Nord dès le début de l'année 2009. ''Nassef Sawiris, directeur général de Orascom Construction, a déclaré dans une interview au Forum économique mondial à Charm el-Cheikh, en Egypte, le 19 mai 2008 : «Nous étudions les possibilités du Maroc, de l'Algérie, de la Tunisie, la Jordanie et de l'Egypte…. Cela fait partie de notre nouvel intérêt pour les engrais.''
Orascom Construction, la deuxième plus grande société cotée en bourse en Egypte après Orascom Telecom Holding SAE, a vendu son unité de production de ciment en décembre 2007 au groupe français Lafarge SA, pour 12,9 milliards de dollars. Orascom Construction veut se concentrer sur ses activités principales. Sawiris avait déclaré à ce moment que sa société mettrait de côté 2 milliards de dollars pour de nouvelles acquisitions. Les prix des engrais ont monté en flèche durant l'année écoulée. Les coûts des engrais azotés ont augmenté de 36%. Ceux de la potasse et des engrais phosphatés ont cru de 96%. Une santé financière plutôt satisfaisante D'après une récente note sur l'état financier de la Compagnie des Phosphates de Gafsa et du Groupe Chimique tunisien, l'agence de notation anglaise « Fitch »,a affirmé la santé financière plutôt satisfaisante de ce groupe phare de l'économie tunisienne et de son entreprise leader. Elle attire cependant l'attention sur le caractère volatil de cette très bonne santé, tant les chiffres de la Compagnie dépendent de la conjoncture internationale. La révision des notes fait suite à une réévaluation des liens opérationnels étroits existant entre l'industrie tunisienne des phosphates et le gouvernement tunisien, ainsi que du fort soutien manifesté par ce dernier. Cette réévaluation se conforme à l'approche explicitée par « Fitch » dans son rapport. « Fitch » reconnaît l'importance de l'influence du gouvernement sur la gestion du GCT et de la CPG, compte tenu de leur appartenance à l'Etat. Dans le même temps, Fitch souligne l'importance stratégique de l'industrie des phosphates pour le pays, eu égard aux efforts du gouvernement, relatifs à la diversification de l'économie, à la maximisation des recettes en devises, ainsi qu'à la valorisation des réserves tunisiennes de phosphates et à la création d'un grand nombre d'emplois. Les notes reflètent la forte intégration de l'industrie tunisienne des phosphates (la CPG pourvoyant à la totalité des besoins en minerai du GCT). Elles traduisent à nouveau les performances exceptionnelles du GCT et de la CPG, leur forte capacité de génération de cash-flow et leur solide trésorerie, alimentée par des niveaux de prix largement supérieurs aux estimations. La hausse des prix du phosphate et des engrais phosphatés s'explique par l'explosion de la demande mondiale de produits agricoles et le besoin d'élargir les surfaces cultivables, d'améliorer les rendements agricoles et d'accroître les récoltes afin de subvenir aux besoins d'une population mondiale en forte croissance. La demande mondiale en phosphate est également soutenue par les nouvelles applications du phosphate, utilisé pour la production des bioénergies et dans l'épandage direct de phosphate brut en remplacement des engrais solubles. De surcroît, l'épuisement progressif de ces réserves mondiales favorise encore la hausse des prix du minerai ; Fitch s'attend donc à ce que les exploitants de mines de phosphate et les producteurs d'engrais phosphatés enregistrent une nette augmentation de leurs revenus et une consolidation de leur trésorerie à court et moyen termes. En 2007, les revenus du GCT et de la CPG ont augmenté de 22% à 1357 MDT et 414 MDT respectivement. Leur marge brute d'exploitation était parmi les plus élevées du secteur, et elle est passée de 26% à 37,5% pour la CPG et de 16% à 30,8% pour le GCT. Le flux d'exploitation de la CPG a quasiment doublé (144,4 MDT) tandis que celui du GCT a progressé de 62% pour s'établir à 314,7 MDT. La trésorerie de la CPG s'est également améliorée (215,4 MDT contre 178,9Mio en 2006), celle du GCT s'est consolidée (556,3 MDT contre 345,3 MDT en 2006). La dette brute demeurait relativement faible (91,3 MDT pour la CPG et 34 MDT pour le GCT) avec un ratio d'endettement (dette brute/EBITDAR) en baisse à 0,6x pour la CPG (0,8x en 2006) et 0,1x pour le GCT (0,2 en 2006). Les ratios de couverture s'établissaient à des niveaux très confortables avec un rapport Flux de trésorerie provenant de l'exploitation/intérêts de 39x pour la CPG et 1046x pour le GCT. Une industrie qui reste fragile. Les notes de la CPG et celles du GCT sont, en revanche, limitées par la cyclicité du marché mondial des engrais : l'offre et la demande dépendent en effet de facteurs aussi variés que le climat, l'économie, ou la géopolitique, entre autres. Ces notes sont également affectées par la volatilité des cours mondiaux de minerai et la forte sensibilité des revenus à la parité de change dollar américain / dinar tunisien».