L'oraison funèbre prononcée par le président Obama devant la dépouille mortelle du sénateur Edward Kennedy a revêtu de multiples significations. Elle a tout d'abord montré un homme qui parle le langage du cœur. En évoquant la souffrance ressentie par Ted Kennedy tout au long de sa vie, Obama a fait sienne cette souffrance. Des malheurs sans nom ont en effet endeuillé la vie de ce grand Américain au point que nombreux sont ceux qui ont qualifié la vie des Kennedy de destin tragique à l'instar des Atrides, cette famille de la mythologie grecque. Des accents émouvants ont émaillé l'oraison. Peut-être Obama pensait-il à son propre destin? Le jour de son investiture mourait sa grand-mère qu'il chérissait. Et maintenant, voilà que son soutien politique le plus fort disparaissait, le laissant seul face à la meute de rivaux qui ne lui pardonneront rien. Les vibrants applaudissements qui ont ponctué son discours, venant d'un large éventail de la classe politique américaine, lui ont rendu un lustre qui commençait à se ternir. L'Obamia qui l'avait accueilli pendant les premiers mois de son mandat, Obama l'a retrouvée pendant cette oraison funèbre. Rassembleur de la nation américaine, le locataire de la Maison-Blanche s'était proposé de se construire, tout au long de son mandat, cet exaltant objectif. L'Afghanistan, l'Irak, le domaine de la santé, ces dossiers qui ont quelque peu entaché ses débuts, ont été oubliés au cours de la cérémonie funèbre. Obama en profitera-t-il pour colmater les brèches et surtout repartir sur un bon pied? C'est là où il lui faudrait faire preuve de véritable sens politique.