Le FMI vient de publier les chapitres de son rapport sur les perspectives de l'économie mondiale. Dans son 3ème chapitre consacré aux enseignements à tirer des fluctuations des prix des actifs pour la politique monétaire, le rapport conclut que les politiques monétaires des différents pays développés ne sont pas responsables de la crise actuelle. Dans le cadre de ce chapitre, le FMI affirme que les responsables de la politique monétaire auraient pu détecter certains signaux d'alerte concernant la crise actuelle, et appelle à l'adoption de plus d'instruments «macroprudentiels» variables. Voici les principaux éléments de ce chapitre communiqués à la presse. Le chapitre 3 s'efforce de dégager des effondrements récents des prix des actifs des enseignements utiles pour la politique monétaire. Il étudie les données historiques pour vérifier s'il existe des tendances macroéconomiques régulières conduisant à ces phénomènes, examine le rôle de la politique monétaire dans la période les précédant, notamment dans le cas de la dernière crise, et s'interroge sur la question de savoir si la responsabilité de la politique monétaire doit être étendue à d'autres domaines que la stabilité de l'inflation des prix des marchandises, sur la façon dont cela pourrait se faire, et sur les arbitrages éventuels. Il conclut que la politique monétaire n'est pas responsable de la crise actuelle. Certains éléments indiquent que, dans quelques pays, elle a été laxiste durant les années qui l'ont précédée, mais il est improbable qu'elle ait été la principale cause systématique des expansions et des récessions consécutives dans l'ensemble de l'économie mondiale. Les différences entre les politiques monétaires nationales ne sont pas bien corrélées aux écarts entre la croissance des prix immobiliers et boursiers. Cela dit, les responsables de la politique monétaire auraient pu détecter certains signaux d'alerte. Les banques centrales ont rempli leur mission — l'inflation dans les pays avancés s'est maintenue dans une fourchette étroite au cours de la période précédant la crise actuelle. Mais elles ont accepté l'assouplissement des conditions de financement, créant le risque d'une grave récession. Normalement, le crédit, la part de l'investissement dans le PIB, le déficit du compte des transactions courantes, et les prix des actifs augmentent dans la période précédant un effondrement des prix des actifs, et constituent ainsi des indicateurs précurseurs utiles de ces phénomènes. L'inflation et la production, en revanche, n'affichent généralement pas de comportements inhabituels. En conséquence, il serait utile que les responsables de la politique monétaire fassent une plus grande place aux mesures visant à éviter un effondrement des prix des actifs. Il ressort d'une analyse modélisée que l'application de mesures monétaires plus énergiques qu'à l'accoutumée face à des signes de surchauffe ou à une bulle des prix des actifs pourrait se justifier pour réduire la volatilité macroéconomique. Cela supposerait de resserrer plus tôt et plus vigoureusement les conditions monétaires pour tenter de prévenir l'accumulation d'excès dangereux, même si l'inflation paraît maîtrisée.
L'instauration d'instruments «macroprudentiels» variables dans le temps, conçus spécifiquement pour atténuer les cycles du marché du crédit, pourrait faciliter la politique monétaire. Certaines propositions comprennent ce qu'il est convenu d'appeler le «provisionnement dynamique» (en vertu duquel les institutions financières mettent automatiquement de côté des capitaux à mesure que l'endettement augmente) ou prévoient de conférer aux pouvoirs publics un pouvoir discrétionnaire sur les réserves obligatoires. Pour obtenir un effet optimal, l'établissement de la politique monétaire et la mise en place des instruments macroprudentiels devraient être étroitement coordonnés. Un élargissement du mandat des banques centrales afin d'y intégrer expressément la stabilité macrofinancière pourrait s'avérer nécessaire. Les responsables qui adopteraient cette approche plus générale à la politique monétaire devraient néanmoins expliquer en détail les raisons pour lesquelles des mesures sont prises, quel en est l'objectif immédiat, et en quoi elles cadrent avec les objectifs à plus long terme de stabilité macroéconomique et financière. Il convient cependant d'être réaliste quant aux résultats que ces approches permettraient d'obtenir. Des évolutions favorables en termes de productivité peuvent parfois justifier l'envolée du crédit et des prix des actifs, et il est difficile de définir à l'avance si les périodes d'expansion sont alimentées par une conjoncture saine ou délétère. Les données empiriques confirment que même les meilleurs indicateurs de la vulnérabilité financière ne sont pas fiables : ils envoient parfois des signaux erronés et augmentent le risque d'erreurs stratégiques. L'application rigide d'instruments macroprudentiels pourrait amener les pouvoirs publics à commettre des erreurs; il leur faut donc faire preuve d'une certaine souplesse.