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QUEL SYSTEME BANCAIRE POUR L'APRES-CRISE ?
Publié dans L'expert le 23 - 02 - 2010

Il est important de s'interroger sur la place que va prendre le système bancaire dans l'économie de l'après crise, car son avenir et celui du système financier en général montre que la banque a intégré la quasi-totalité des activités financières. Au cours de ces 10 ou 15 dernières années, le développement financier a servi et déterminé le développement économique. La forte croissance mondiale a principalement concerné les pays émergents (la Chine bien sûr, les pays producteurs de pétrole, certains pays d'Europe de l'Est …). En alimentant le développement financier, ces pays ont enregistré des surplus très importants de leurs balances commerciales qu'ils ont recyclé vers les pays développés, particulièrement les Etats-Unis. C'est donc le développement des pays en transition qui a provoqué l'excroissance du secteur financier dans les pays développés.
Si l'on imagine une sortie de crise assez rapide et qui ne remet pas profondément en cause les évolutions économiques de ces dernières années, le système bancaire va devoir se transformer. Son instabilité devra être corrigée, et la sortie de crise imposera une remise en ordre des relations commerciales et financières internationales, ainsi qu'un dégonflement de l'endettement privé et public dans nombre de pays développés.

Nous allons d'abord revenir sur les grandes évolutions qui ont marqué les systèmes financiers et bancaires durant ces dernières années. Nous évoquerons, ensuite, les corrections qui devraient y être apportées. Enfin, nous envisagerons le nouveau modèle de banque qui pourrait en résulter.

I – La titrisation et les déconvenues du modèle « Originate and Distribute ».

La titrisation est une technique bancaire qui permet aux banques de céder leurs créances à des organismes émetteurs de titres négociables, ceux-ci se substituant alors aux créances. Ce phénomène remet en cause la conception traditionnelle de l'intermédiation bancaire.

Grace à la titrisation, on assiste à un véritable basculement conceptuel et à un changement radical dans le « business model » de l'intermédiation bancaire. Pour reprendre les expressions à la mode, on est passé du modèle « originate and hold » au modèle « originate and distribute ».

La technique de titrisation a d'importants avantages, tant du point de vue des banques que des investisseurs potentiels :
- les banques y trouvent la possibilité de faire crédit sans avoir à mobiliser leurs ressources et en particulier leurs fonds propres. Elles peuvent également mieux diversifier leurs actifs en les rendant moins dépendantes des évolutions des taux d'intérêt et de leur structure.
- les investisseurs trouvent, quant à eux, dans la titrisation de nouvelles opportunités de placement. Ce qui leur permet théoriquement de mieux diversifier les risques et de composer des portefeuilles plus adaptés à leurs préférences et à leur capacité de porter ces risques.

Il convient dès lors d'affirmer que le modèle « originate and distribute » est fondamentalement sain, qu'il concourt à l'efficience du système financier et que sa remise en cause n'est pas souhaitable. Certes les banques ont existé et survécu sans avoir besoin de la titrisation, leurs résultats ne semblaient pas plus volatils qu'aujourd'hui. Mais en réalité, avec un peu de recul, il apparaît que la titrisation n'a pas été le moyen d'une meilleure gestion des risques, mais l'instrument de leur propagation.

La titrisation a conduit les banques à relâcher leur effort de sélection et de surveillance des emprunteurs, elles ont été moins vigilantes, dès lors qu'elles savaient qu'elles seraient amenées à se défaire des crédits qu'elles accordaient. Et cela a bien augmenté les risques dans le système au lieu de les réduire.

Bien que la titrisation a été utile aux banques parce qu'elle leur a permis de contourner la réglementation des fonds propres, leur a aussi permis de dissimuler les risques, en rendant très difficile leur évaluation ; elle prouve qu'il est pour le moins audacieux de vouloir transformer en titres des crédits consentis dans le cadre de relations bilatérales et qui auraient dû être gérés de la même façon.

II – Compléter la régulation bancaire : jusqu'à la segmentation des activités ?

C'est bien dans l'imbrication des activités de marché et des activités traditionnelles que se sont jouées l'amorce et surtout l'amplification de la crise. Et c'est, en conséquence, sur cette interconnexion que la réforme de la régulation bancaire devrait agir en priorité, soit pour la sécuriser, soit pour la défaire.

Des pistes pour renforcer la réglementation bancaire
-L'amélioration de la transparence des comptes et des pratiques des institutions bancaires.
-Imposer aux agences de notation le respect d'une plus stricte déontologie.
-Imaginer et de simuler les scénarios prenant en considération les différentes dimensions d'une crise, de façon à générer des valeurs extrêmes que la référence à des données historiques ne permet pas d'obtenir.
-Eliminer ou corriger le schéma de rémunération à la performance.
-Imposer la détention d'une certaine proportion de chaque bloc de crédits titrisés pour éviter aux banques de relâcher leur vigilance dans la sélection et la surveillance des crédits qu'elles titrisent.
-Permettre aux banques de lisser leurs provisions et/ou de ne pas observer le même ratio de fonds propres selon la conjoncture.
-Introduire une réglementation de la liquidité bancaire ou la durcir lorsqu'elle existe.

Faut-il revenir à une segmentation des activités ?
A la suite de la crise de 29, on avait retenu le principe d'une assez stricte séparation entre les activités de marchés et celles de la banque de dépôt. Aux Etats-Unis, cela avait donné naissance au Glass Steagall Act. Aussi la question mérite d'être posée, de savoir s'il ne faut pas réhabiliter ce principe. Est-ce vraiment un hasard si cette crise est intervenue moins de huit ans après le démantèlement du Glass-Stegall Act ?

III – Quel « business model » bancaire pour demain ?

Les banques vont évoluer dans un contexte de rétrécissement du secteur financier. Car l'excroissance de la finance durant les 15 dernières années n'est que le produit de déséquilibres qu'elle a contribué à accroître.

En toute hypothèse, une contraction des activités de marché
Les activités de marché vont faire les frais de ce retour à la raison, Ce sont d'ailleurs elles qui avaient connu le développement le plus rapide et le taux de rentabilité le plus extravagant. La contraction des activités de marché sera aussi la conséquence d'une plus grande prudence des agents financiers vis-à-vis de certains placements ou de certaines opérations qui se sont avérés bien plus risqués que ce qui avait été anticipé et annoncé.

Ces restructurations, que la crise impose, vont-elles dans la bonne direction ?
La crise a poussé à la constitution de banques de grande taille, multi activités et internationalisées. C'était sans doute la façon obligée d'éviter des faillites trop coûteuses, de colmater des brèches, de saisir des opportunités ou, au contraire, d'éviter de servir de proie. Mais peut-on dire que ces opérations menées dans l'urgence et sous la contrainte des évènements ont orienté les systèmes bancaires dans les bonnes directions ? De nombreux arguments permettent d'en douter :
-Il ne semble pas que la concentration des établissements et la diversification de leurs activités constituent des avantages concurrentiels.
- la diversification et la concentration des établissements ne paraissent pas, non plus, favoriser la réduction de leurs risques et plus généralement la stabilité du système dans son ensemble.
-Il est très discutable de laisser se constituer des groupes financiers multinationaux, alors que l'on ne dispose pas d'une structure internationale de régulation et qu'il existe en ce domaine des conceptions très divergentes entre pays.

IV – Conclusion : l'Etat suiveur ou reconstructeur ?

La purge que subissent les activités de marché est certainement salutaire. Mais d'autres aspects de la restructuration du système bancaire ne vont pas nécessairement dans la bonne direction. Si la crise n'est pas purement cyclique, il faudra plus que des opérations cosmétiques et des ajustements à la marge pour mettre en accord le système financier avec les besoins d'une nouvelle forme de croissance.
La légitimité de l'Etat va bien au-delà de la nécessité d'adapter la banque et la finance à l'économie réelle. Car le système financier gouverne bien des aspects du modèle économique et social : la nature des investissements, l'horizon des firmes, mais aussi le partage de la valeur ajoutée (les exigences de rentabilité du capital), la démocratie dans l'entreprise (le partage du pouvoir entre actionnaires et autres « parties prenantes)… Or, ces considérations dépassent de beaucoup quand elles ne contredisent pas, les objectifs particuliers des établissements financiers. C'est pourquoi l'Etat n'a aucune raison d'être le simple porteur de leurs stratégies. Il a plus et mieux à faire qu'à jouer le jeu d'institutions qui ont toutes plus ou moins failli.


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