Le changement du monde n'est pas seulement création, progrès, il est d'abord et toujours décomposition, crise. ..
A utour de notre café du mardi 16septembre, nous avons ironisé sur la crise des subprimes en traitant la crise la plus sérieuse de ce début de siècle comme l'une des manifestations des « soldes » qui terminent leurs jours.En effet et en raison de cette crise, l'Amérique avait connu la baisse la plus spectaculaire de son histoire des prix de l'immobilier. Parallèlement, nous avons traité avec sérieux dans notre « mardi économique » de cette même journée les origines de cette crise et ses conséquences et nous avons promis d'y revenir. Nous avons tenu promesse et avons commenté et synthétisé dans le mardi économique du 23 septembre les points de vue d'un grand économiste et d'un grand journaliste français qui regardent que la crise « n'est pas finie ». Jusque là tous les observateurs et analystes ont estimé que, dans l'opération de sauvetage qu'elles ont opérée à deux ou trois reprises, les banques Centrales ont fait leur métier de préteur en dernier ressort. Le Prix Nobel d'économie Joseph Stieglitz prévoit que la situation devrait continuer à se détériorer sur les marchés financiers et sur le marché immobilier, mais que la mondialisation devrait jouer un rôle d'amortisseur. Jacques Attali estime que la crise a détruit, en quelques mois, des richesses égales à 10 % du PIB mondial, soit 4.000 milliards de dollars, c'est-à-dire 50 fois plus que les pertes générées dans les industries de pointe par l'explosion de la bulle internet ». « le renflouage massif des banques américaines portera la dette du gouvernement américain à plus de 70% du PIB pour la première fois depuis les années 50. » Agence fitch
« Plus aucune banque ne prête à une autre banque. Et si les banquiers continuent à paniquer, nous risquons une crise de 29. D'ailleurs, aux Etats-Unis et ailleurs, certains grands patrons de la finance me disent en privé : "Nous sommes en 1928" ! » J. Attali
« On est passé, en une semaine, de l'euphorie à la panique : plus personne ne prête à personne. Plus aucune banque ne prête à une autre banque. Et si les banquiers continuent à paniquer, nous risquons une crise de 29. D'ailleurs, aux Etats-Unis et ailleurs, certains grands patrons de la finance me disent en privé : "Nous sommes en 1928" ! »,commente Attali.
Propos très pessimiste aussi de l'économiste Pierre Larrouturou qui pense que les raisons de la crise sont plus larges que les seuls crédits immobiliers: "le plus grave c'est sans doute l'envolée de la dette privée, celle des ménages. Dans de nombreux pays, le seul ressort de la croissance est l'endettement des ménages. La crise des crédits subprimes aux Etats-Unis en est une preuve : tout a été imaginé pour pousser les ménages à s'endetter sur des montants incroyablement élevés et sur des périodes extrêmement longues.. Aux Etats-Unis, la dette totale des ménages, des entreprises et des collectivités (sans parler du secteur financier) vient de dépasser les 230 % du PIB. En 1929, lors de la dernière grande crise du capitalisme, le même ratio atteignait «seulement» 140 % du PIB. Si on ajoute la dette du secteur financier, la dette atteint 340 % du PIB américain ! Du jamais-vu. L'onde de choc provoquée par la crise, ne cesse d'avoir des répercussions .Dans les faits de ces derniers jours, le flot des faillites a commencé à envahir la sphère financière américaine et à menacer l'économie réelle d'une récession sans précédent.
L'annonce de la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers a provoqué, lundi 15 septembre, un nouveau séisme sur la scène financière mondiale . Les autorités américaines ont prononcé le jeudi 25 septembre dernier la faillite de la caisse d'épargne Washington Mutual, la plus grosse jamais vécue par le secteur bancaire aux Etats-Unis, et ordonné le transfert de ses actifs au groupe JPMorgan Chase & Co pour 1,9 milliard de dollars. L'insolvabilité de "WaMu", dernière conséquence dramatique en date de la crise du crédit, intervient alors même que les négociations sur le plan d'aide au secteur financier, d'un montant de 700 milliards de dollars ont échoué. JPMorgan avait déjà repris en mars la banque d'investissement Bear Stearns, elle aussi en situation de faillite, avec l'aide financière de la Réserve fédérale américaine. Les gouvernements interviennent alors et le plan de sauvetage du système financier américain est enfin promulgué le vendredi, 3 octobre par le président américain George W. Bush adopté dans la journée par la Chambre des représentants. Ce plan devient ainsi « la Loi de stabilisation économique d'urgence 2008 ». Cette loi autorise le gouvernement fédéral à effectuer la plus importante intervention financière depuis la Grande dépression des années 1930 en achetant les actifs douteux des institutions financières. Selon l'agence de notation Fitch, le renflouage massif des banques américaines portera la dette du gouvernement américain à plus de 70% du PIB pour la première fois depuis les années 50. Le candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine Barack Obama évoquait "la crise financière la plus grave depuis la grande dépression de 1929. Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a appelé les pays européens à agir ensemble dans leur réponse à la crise financière, à l'issue d'un entretien avec le président français Nicolas Sarkozy. Aussi, les dirigeants des quatre grandes économies européennes ont tenté, de leurs cotés, de rétablir la confiance lors d'un mini-sommet à Paris consacré à la crise financière. Nous pensons qu'en dépit de tous les avis divergents et convergents ,optimistes et pessimistes, le plan dit de sauvetage de 700 milliards de dollars est certes nécessaire mais non suffisant pour enrayer cette crise. Il ne constitue qu'un traitement de choc et ne peut donc rétablir d'une manière structurelle l'ordre financier normal . Combien de temps durera encore cette crise ? Les efforts des autorités monétaires et des gouvernements aboutissent t ils à limiter les dégâts ? Les prochains jours et mois nous le diront.