• L'une des spécificités du plan statistique tunisien est qu'il est en concordance temporelle avec les plans de développement. • Avec la crise économique, les entreprises doivent être au centre du système statistique tunisien. La Tunisie vient de célébrer hier, la 1ère journée mondiale de la Statistique décidée par la l'assemblée générale des Nations Unis sous le thème « Célébrer les nombreuses avancées de la statistique officielle et les valeurs fondamentales de services, d'intégrité et de professionnalisme ». Cette journée mondiale qui tend à sensibiliser les pouvoirs publics sur le rôle de l'information statistique dans l'élaboration des plans de développement et des stratégies, était aussi une occasion pour mettre la lumière sur les avancées enregistrées dans les statistiques officielles tunisiennes, et de détecter les différentes insuffisances. Rôle des statistiques dans le développement : Personne ne peut nier le rôle des statistiques dans le développement économique d'un pays, puisqu'elles constituent un outil important dans l'élaboration des stratégies, la prise de décision et la planification. L'information statistique retrouve pleinement son importance dans le cadre des bouleversements économiques, et des changements qui s'opèrent d'un jour à l'autre. C'est un réducteur d'incertitude qui permet d'être proactif, d'anticiper les changements et de prendre les mesures qui s'imposent. Le système tunisien des statistiques a réalisé plusieurs avancées depuis des années, surtout suite à la création du conseil national des statistiques en 1999, sur instruction du Président de la République. Un conseil qui a été chargé de coordonner les travaux statistiques des différentes structures publiques. Selon le conseil national de la statistique, le système national a pour mission de : - Collecter les données auprès des ménages, des entreprises, des administrations et de toutes autres unités pouvant faire l'objet d'une enquête statistique et assurer le traitement et l'enregistrement de ces données. Dans ce cadre, le Système National de la Statistique procède à la classification des statistiques selon les critères requis et notamment selon le sexe et la répartition géographique. - Publier et diffuser l'information statistique auprès de tous les utilisateurs publics et privés tout en veillant à son développement par le recours aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. Les utilisateurs peuvent être appelés, dans certains cas, à payer une contribution aux frais de collecte et de diffusion. - Elaborer sur la base des informations statistiques disponibles, les analyses préliminaires en rapport avec les différents domaines liés au développement. - Coordonner les activités des différentes structures et organismes chargés de la statistique, programmer les activités statistiques. Définir les concepts, les nomenclatures et les normes et adopter les méthodes statistiques en vigueur à l'échelle internationale. - Organiser la concertation entre les producteurs et les utilisateurs de l'information statistique afin de répondre aux besoins en données et de garantir la disponibilité des statistiques demandées. - Assurer la formation initiale et continue du personnel exerçant dans le domaine statistique, la promotion de la recherche et la diffusion de la culture statistique. L'une des spécificités du plan statistique tunisien est qu'il est en concordance temporelle avec les plans de développement. Une stratégie qui témoigne du rôle important de la statistique dans la planification. Depuis des années, les statistiques en Tunisie ont gagné en terme de qualité, de couverture et de diffusion. Au niveau de la qualité, les statistiques en Tunisie obéissent dans leur majorité aux normes internationales et spécialement celles des Nations unies. En effet, on vient d'adopter un nouveau système de compatibilité nationale qui prend en considération les exigences et méthodes du système onusien. Au niveau de la couverture, les structures statistiques gouvernementales et surtout l'Institut National de la Statistique, entreprend des efforts importants afin d'élargir le champ de son intervention, en couvrant plus de domaines et intégrant plus d'indicateurs. Il a aussi insisté à maintenir la périodicité des enquêtes et statistiques malgré leur coût très important. Au niveau de la diffusion de l'information statistique, des avancées sont à signaler, surtout concernant l'utilisation des technologies de l'information et les médias pour la communication. En effet, le site de l'INS et de certaines autres structures statistiques tels que la Banque Centrale de Tunisie, offrent une panoplie d'indicateurs et enquêtes qui sont très utiles pour les décideurs, les opérateurs économiques, ainsi que les chercheurs et universitaires. Au niveau de la formation, on rappelle la création de l'Ecole Supérieure de la Statistique et de l'Analyse de l'Information (ESSAI) en 2001, et l'Ecole de la Statistique, qui contribuent à la formation d'ingénieurs et de techniciens en statistiques. Des insuffisances à rattraper : Ces réalisations ne doivent pas cacher certaines insuffisances qui peuvent limiter l'apport de notre système statistique. En effet, les administrations publiques tunisiennes regorgent d'informations et d'indicateurs, qui peuvent être utilisés pour établir des stratégies et dresser des rapports sur certains sujets. Or, et à cause d'un manque de communication flagrant entre les structures, et sous le prétexte du secret administratif, plusieurs indicateurs et informations ne sont pas communiqués. Même avec l'intervention du conseil national de la statistique pour coordonner les travaux, la coopération inter-administrations n'est pas effective. Il est important à ce niveau de mutualiser les efforts, et d'utiliser au maximum les registres et fichiers administratifs afin d'élargir le champ des sources statistiques. La solution se trouve dans le réseautage des structures, et surtout l'abandon de la culture de la rétention de l'information. L'autre insuffisance, non moins importante, est l'accès à l'information statistique. En effet, les structures statistiques publiques ne sont pas très ouvertes sur les différents utilisateurs et ne communiquent que peu d'informations, qui ne répondent pas parfois à leurs besoins. Le recours aux nouvelles technologies de la communication est très important à ce niveau, afin de permettre la diffusion la plus étendue. Il est nécessaire aussi de mener des enquêtes sur les besoins des différents utilisateurs, privés comme publics, pour pouvoir fournir une information de qualité et profonde pour la rendre utile et opportune. Les sites webs des principaux organismes publics offrent de leur côté des statistiques qui ne sont pas mises à jour constamment et qui n'obéissent pas aux normes statistiques, à savoir la périodicité, la source, la méthodologie… Une situation qui influence énormément sur la crédibilité de nos structures et des informations qu'elles communiquent. Le problème le plus épineux dans les statistiques tunisiennes réside aussi dans les nomenclatures. En effet, les nomenclatures concernant les activités ou les produits ne concordent pas avec celles utilisées par les différentes structures publiques, ni même celles utilisés hors de nos frontières. L'exemple le plus frappant se présente au niveau des activités de services dont la nomenclature nationale ne correspond pas avec celle qu'on utilise pour négocier l'ouverture de ce secteur avec l'Union européenne ou dans le cadre de l'OMC. Concernant la couverture statistique, des efforts supplémentaires sont à déployer afin de couvrir des secteurs tels que le commerce, les technologies de l'information ou l'environnement. Les statistiques sur l'emploi ou la consommation des ménages et leur niveau de vie, doivent avoir une périodicité moins longue avec un approfondissement de leur contenu, et l'intégration de la dimension régionale. Avec la crise économique, les entreprises doivent être au centre du système statistique tunisien. Le registre national des entreprises, qui contient un certain nombre d'indicateurs importants doit, à son tour, subir une refonte totale à la lumière de la conjoncture économique afin d'enrichir les indicateurs qui existent. Et en parlant de conjoncture, on signale au passage l'inactivité dans laquelle « baigne » l'observatoire national de la conjoncture. Un observatoire, duquel on attendait beaucoup, mais qui malheureusement ne donne pas signe de vie à travers des publications ou des analyses de la conjoncture nationale et internationale. Pourtant c'est le moment idéal pour s'y mettre.
La journée mondiale de la statistique a eu pour mérite d'offrir une occasion pour déballer certaines insuffisances du système actuel, afin de s'y pencher pour trouver les bonnes solutions. Au passage, il est nécessaire d'adresser un fervent hommage à tous les enquêteurs qui, sur le terrain, assurent la collecte de l'information. L'Institut national de la Statistique a eu le réflexe hier, en présence du Ministre du Commerce et de l'Artisanat de les décorer. Un acte qu'on salue humblement.