Au large de la Somalie, entre l'Océan Indien et le Golf d'Aden, le monde assiste à une concentration militaire navale multinationale de grande envergure. L'objectif étant d'assurer la sécurité des routes maritimes de navigation pour le commerce international qui se trouve sérieusement menacé par des actes de piraterie, assez timides et isolés au début, et qui prennent actuellement des proportions inquiétantes pour les économies de plusieurs pays et pour la vie de leurs ressortissants. A cet état des choses, les grandes puissances, justement parce qu'elles se sentent puissantes, considèrent ces actes de piraterie comme nuisibles à leurs intérêts et lourdement pénalisants à leurs économies et se projettent vite dans le schéma classique de la confrontation et de la riposte. Ainsi la présence de forces marines russes, françaises, chinoises et bientôt indiennes réunies, forme un dispositif impressionnant de navires de surveillance, de bâtiments de patrouille et d'accompagnement, de vedettes rapides de chasse, d'appareils de force aérienne et pourquoi pas encore de portes avions et de cuirassés. Il est bien évident que cette forme de piraterie doit être combattue et éradiquée. Il est aussi évident qu'il ne faudrait pas se focaliser très longtemps sur la partie apparente de cet iceberg et en occulter l'autre partie cachée. Le véritable combat à mener n'est pas en mer mais plutôt sur la terre ferme. Quand le nerf principal du transport maritime mondial passe par cette région, il serait insensé d'analyser les difficultés dans le cadre d'une équation à une seule inconnue alors qu'elle en est à deux. Qu'a fait, jusque là, la communauté internationale et les pays riches, en particulier, pour le développement et la sécurité dans des pays comme la Somalie, l'Ethiopie ou le Yémen? Les démons de l'Océan ne sont que l'expression des disfonctionnements e provenance de la terre. Cette Corne de l'Afrique n'aurait probablement pas besoin de plus de l'équivalent des coûts supportés et engagés par les intervenants pour entretenir cette armada sur les mers. Leurs intérêts ne seraient, d'ailleurs, que mieux assurés. La seule alternative qui puisse endiguer tous les excès et tous les dangers réside dans le développement économique et social dans cette région du monde.