L'annonce est aussi spectaculaire que celle sur la levée des sanctions contre la Syrie : Le président Donald Trump a affirmé ce mercredi 14 mai lors de sa visite au Qatar que son homologue syrien, Ahmad al-Charâa, lui a assuré qu'il est "prêt à accéder à sa demande d'une normalisation des relations" avec Israël. Est-ce que le Prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane (MBS), le savait quand il s'est levé hier, avec toute la salle, pour saluer la levée des sanctions contre la Syrie ? Mystère… "Je lui ai dit, j'espère que vous rejoindrez les accords d'Abraham, une fois que vous aurez réglé votre situation et il m'a dit oui. Mais ils ont beaucoup de travail à faire", a indiqué le président américain devant un parterre de journalistes. Donc il faut accorder du crédit à ce qu'il dit, jusqu'à la preuve du contraire. Hier à Riyad il s'était borné à indiquer que c'est MBS qui a insisté pour que Washington soulage les Syriens, il n'est pas allé plus loin sur les dessous de cette affaire, maintenant on sait. Rappelons que peu après l'annonce sur les sanctions Trump a conversé avec Ahmad al-Charâa à Riyad, en présence de MBS et avec le président turc à distance. Ankara aussi a plaidé pour que les USA fassent sauter le verrou, les Turcs lorgnant les méga marchés de la reconstruction et d'autres positions clés, comme les investisseurs saoudiens du reste. Bref, tout ça est un énorme gâteau à partager. Les sanctions frappent depuis 41 ans, du temps de Hafez el-Assad, accusé d'être un promoteur du terrorisme international, sans parler des tourments qu'il infligeait à sa propre population. Donc la première annonce de Trump changera fondamentalement la Syrie post-révolutionnaire, son économie, le destin de ses habitants, celui de la région… Quant à la deuxième annonce, la Syrie ne serait pas le premier pays à le faire dans le coin, les Emirats arabes unis et le Bahreïn ont sauté le pas, avec la bénédiction du grand-frère saoudien, qui lui s'interdit de le faire par bienséance. Le Gardien du Temple ne peut pas se le permettre tant que l'armée israélienne fait ce qu'il fait aux Palestiniens. Par contre se planquer derrière Damas pour se rapprocher de l'Etat hébreu pourquoi pas. Après tout l'autre parrain d'al-Charâa, la Turquie, l'a fait. Le président Recep Tayyip Erdoğan a fortement réduit la voilure mais les liens ne sont pas définitivement rompus. Tout le monde attend la disparition du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ce qui arrivera fatalement. Pour Damas pactiser avec Tel-Aviv, même à minima, lui épargnerait les attaques incessantes de Tsahal alors que le pays est par terre. Si Trump insiste sur la normalisation avec Israël les autorités syriennes pourront difficilement se dérober. Les Saoudiens ont les moyens de dire Non, pas les Syriens. L'âpreté du terrain dictera sa loi. Affaire à suivre…
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