Dans cette seconde partie, nous allons voir comment les membres des familles Ben Ali/Trabelsi se sont répartis les différents domaines d'activité tant industriels que de service de l'économie tunisienne. Il est, en effet, intéressant de constater que, non seulement, les familles et alliés se répartissent par nature d'activité mais également par accointances familiales. Nous allons donc, pour commencer, présenter les sociétés de la famille Ben Ali pour, ensuite, nous intéresser au clan Trabelsi. Nous avons considéré comme strictement famille Ben Ali, les membres de 1ère famille en excluant les gendres Ben Ali/Trabelsi qui sont à comptabiliser dans le clan Trabelsi. Les personnes concernées sont : - Slim Zarrouk, époux de Gazhoua Ben Ali ; - Slim Chiboub, époux de Dorsaf Ben Ali ; - Marouane Mabrouk, époux de Cyrine Ben Ali ; - Faouzi Ben Ali, frère de Ben Ali ; - Najet Ben Ali, soeur de Ben Ali, épouse de Sadok Habib M'hiri ; - Slaheddine Ben Ali ; frère de Ben Ali ; - Kaïs Ben Ali ; neveu de Ben Ali, fils de feu Moncef, arrêté le 16/01/2011 ; - Sofiane Ben Ali, neveu de Ben Ali, en fuite ; - Akram Bouauina, époux d'une nièce de Ben Ali ; - Hedi Jilani, affilié aux 2 familles par les mariages de ses filles. Nous constatons que le nombre des membres de la famille directe de Ben Ali est faible en regard de la famille Trabelsi. Les entreprises concernées pour chacune des personnes sont les suivantes : 1. Plastics Technology PLASTEC (BNA) 2. Société LA CERAMIC (BT) 3. Société Méditerranéenne Air Services MAS (BT) 4. Injection Plastiqyes Système (AMEN BANK) 5. Compte en nom propre (BT) Les deux dernières entreprises correspondent aux chevaux de courses tant en Tunisie qu'ailleurs dans le monde. Il est intéressant de constater à la lecture des codes groupe que Akram Bouauina travaillait autant avec la famille Ben Ali (code Groupe identique pour ABM et pour les différents comptes de Jalila Trabelsi épouse Mahjoub) que la famille Trabelsi. Wikileaks révélait, il y quelques temps, une blague qui circulait à Tunis avant la chute du régime : Un jour, le président Ben Ali roulait au volant de sa voiture, dans les rues de la capitale, seul et sans garde du corps. A un feu rouge, un policier l'arrête. Ben Ali explique qu'il s'appelle Zine El-Abidine Ben Ali et qu'il est le président de la République. ”Jamais entendu parler de vous “, lui rétorque l'homme en uniforme, avant de le conduire au poste de police. Le chef du poste est là. Il examine les papiers de Ben Ali et les lui remet aussitôt en disant : ”C'est OK pour lui. C'est un parent des Trabelsi.” C'est en quelque sorte ce que nous allons démontrer à présent en nous intéressant aux comptes gelés de la famille Trabelsi. Les personnes concernées sont divisibles en deux parties : les membres de la famille et les alliés: La famille Les alliés : Et voici la liste des entreprises possédées par chacune de ces personnes : Nous constatons que Belhassen Trabelsi préférait travailler avec la STB et la BH, toutes 2 banques publiques, pour traiter ses principales affaires… Moncef, quant à lui, s'est épanoui auprès de la BNA, de la STB et de la BH, toutes, banques publiques ! Mourad semble être très fidèle à la STB ! Samira partage ses besoins entre plusieurs banques. Est-ce un moyen d'obtenir plus de prêts ? Que de coquilles vides… servant à obtenir de nouveaux prêts ! Quant à l'Ecole Internationale de Carthage, le terrain a été obtenu pour le dinar symbolique et un prêt conséquent lui a été accordé par le ministère de l'Enseignement. Un beau cadeau pour une école privée ! La ferme Ardh Alkhair à Utique exploite plus de 300 têtes de bovins d'origines variées. Quant à la société ESSAFA à Mahdia, élevage de poissons de mer, TunisieNumerique a pu savoir que la propriété était passée au nom de la fille de Nefissa, âgée de 10 ans ! Cette société, malgré le gel des comptes, est toujours en activité et sans qu'un contrôle judiciaire n'ai été prévu… Une fois de plus, les banques publiques sont très majoritairement les financiers des sociétés de Naceur… Les Trabelsi, décidemment, aime la terre et la construction ! Là où Belhassen était passé au stade industriel, nous constatons que Imed n'en était encore qu'à l'artisanat… Mais, il avait d'autres activités très lucratives comme le vol de yachts ! Sakr El Materi se démarque du reste de la famille Trabelsi en s'appuyant sur des banques privées et une banque étrangère. Mais, rappelons que lors du lancement de la radio Zitouna, il reçut les félicitations de Rached Ghannouchi et du mouvement Ennadah en exil pour avoir remis la Tunisie dans le droit chemin ! C'était un bon début pour le très jeune Mehdi ; mais, voler n'est pas jouer, cela lui a valu un voyage à Jeddah ! Comme son futur beau-frère, il s'appuyait sur des banques privées. Les alliés : Les cousins ont réparti presque équitablement leurs appuis. Mourad a connu la consécration en obtenant le 1er Prix Présidentiel ”spécial maîtrise de l'énergie”, en 2009, pour le “Russelior” à Hammamet. Lahzar Sta, allié stratégique des Trabelsi et contairement à eux, s'est adossé sur des banques privées ; une bonne façon de répartir le pillage des banques. Rappelons que Lazhar Sta fut élu “Manager de l'année” en 2010… Abdelhakim Hmila, plusieurs fois mis en difficulté financière par les anciens dirigeants de l'Attijari bank, s'était positionné pour racheter la plus ancienne banque de Tunisie, la BFT. Il avait des concurrents bien connus du monde des “affaires”, tels Hedi Jilani ou Belhassen Trabelsi… Mohamed Touil a bien développé “ses” affaires sur le compte des banques publiques tunisiennes si chères aux Trabelsi. Youssef Mimouni est toujours PDG de la chaîne DAR ISMAIL et participait, mi-mars, à une réunion à Jendouba avec le Gouverneur pour tenter de débloquer la situation des sit-in devant son hôtel à Tabarka. Sa réponse a été simple et directe : fermeture de l'établissement ! C'est sans doute ainsi que Youssef Mimouni pense faire revenir les touristes ! Une seule entreprise pour Ali Sariati mais toujours une banque publique ! C'est son fils Samir qui assure en réalité la direction de la société. tel père, tel fils ? Nous constatons que les membres de la famille Ben Ali (12 personnes) possèdent 21 comptes répartis dans 7 banques. Exceptés quelques comptes en nom propre, les entreprises concernées existent réellement et réalisent des chiffres d'affaires conséquents. Ces 12 personnes représentent 16 entreprises. Les 18 personnes du clan Trablesi regroupent 132 entreprises… De plus, les comptes des 12 représentants de la famille Ben Ali ne s'étalent que sur 7 banques pour un total de 16 entreprises et, majoritairement des banques privées. Ce n'est pas le cas du clan Trabelsi. Composé de 18 personnes, en incluant les associés, les comptes des 132 entreprises sont répartis sur 147 comptes bancaires dans 16 banques. De plus, le clan Trabelsi, contrairement au clan Ben Ali, s'est très majoritairement appuyé sur les banques publiques (STB, BNA et BH) qui, à elles seules, représentent plus de 67 % de leurs comptes. Ils pouvaient donc, impunément, piller l'Etat tunisien. Il est clair que les Trabelsi ont multiplié le nombre d'entreprises dans le seul but d'obtenir des prêts bancaires pour chacune d'entre elles. Ils ont ainsi mis en place un système opaque rendant tout contrôle impossible. Les différentes prises de participation dans certaines banques (BT, BIAT, Zitouna, etc.) leur auraient permis, à terme, de vider totalement les banques tunisiennes de notre argent ; ils avaient déjà bien commencé ! Il apparaît clairement qu'à l'analyse de ces données le clan Trabelsi avait un objectif unique : l'enrichissement personnel. Que les membres de la famille Ben Ali aient bénéficié de facilités et de largesses, nul n'en doute. Mais, ils ont également participé à l'enrichissement général du pays. Ce n'est pas le cas du clan Trabelsi qui a manipulé l'ensemble de la place financière tunisienne. Ils se sont revendu entre eux des entreprises en modifiant leurs valeurs afin de faire des plus-values substancielles. Ils n'ont jamais tenter d'aider le peuple tunisien et n'ont fait que l'exploiter. Sans les données chiffrées de ces comptes bloqués, il nous paraît difficile d'affiner notre analyse et nous espérons, qu'en toute transparence, le détail des montants des comptes gelés seront transmis officiellement.
