Question à diverses reprises posée et toujours avec un arrière goût d'exaspération et même de révolte : Pourquoi chaque fois qu'un prédicateur ou un apprenti érudit islamiste dégaine, il tire toujours sur la femme, en prenant souvent son corps et son identité pour cible ? On dirait qu'ils ont raté leur vocation d'anatomiste et une bien prometteuse carrière de médecin légiste. Le fruste hirsute Habib Ellouze, qui ne mâche pas ses mots quand il s'agit de rabaisser la gent féminine, a remis une nouvelle couche à propos de l'excision des jeunes filles, sujet infectieux sur lequel le non moins fantasque toubib Wajdi Ghanim garde une vue chirurgicale. Ces faux disciples d'Hippocrate devant l'éternel prennent un malin et non moins bactérien plaisir pour sortir à tour de bras leur Fatwas tels des bistouris rouillés rien que pour découper la femelle en rondelles et la dépurer au vitriol de ses prétendues souillures originelles. Ces scories de la science rivalisent de trouvailles théologiques pour ramener la femme sur le droit chemin et à un réduit rétrograde comme si cette dernière serait, par nature et par essence, une citoyenne de rang inférieur, sans sagesse ni foi, un déni de dieu et un microbe naturel à s'en prémunir à coups de privation et de mutilation. Gravissant le mont de Venus, Habib Ellouze n'a pas tari d'éloge sur la pratique de l'excision, la gratifiant de tant de vertus d'ordre médical et hygiénique. L'opération aurait même une dimension esthétique. En quelque sorte des soins palliatifs doctement prescrits aux attributs féminins. Chapeau bas devant une telle culture clitoridienne. Dans la bouche fétide d'Habib Ellouze, la déclaration dégage non seulement une très mauvaise haleine mais des infects effluves d'un autre âge. Une diarrhée doctrinaire digne d'un olibrius largement atteint de dysenterie verbale ou de cirrhose existentielle. Même la poitrine de la femme africaine n'a pas échappé à son scalpel religieux ou plutôt sa seringue libidinale. En chirurgien plastique en herbe, ne leur a t-il pas suggéré de diminuer la taille de leurs seins. Dans son esprit brouillé, il y a toujours de la chair à arracher. Qu'importe clitoris ou glande mammaire, il salive rien qu'à l'idée d'en extraire un bon bout. A se demander à quel sein se voue et se dévoue cet homo-erectus Habib Ellouze. Une question s'impose, à juste titre : Est-ce que Habib Ellouze a excisé ses filles, au cas où si tu en as ?! L'excision serait une opération esthétique ? Si on va au bout de la barbare idée de Habib Ellouze, il ne serait donc pas exclu de trouver désormais des officines d'excision à la place des instituts de beauté, des étals au clitoris au lieu des tables de maquillage, des échoppes de charcuterie génitale en guise de salons de coiffure. Une manière de substituer les burins d'Epicure aux séances de pédicure. Mise à mort de la vulve pour dernière mise en plis. C'est décoiffant ! Le rouge ne serait plus sur les lèvres mais coulerait à flot sur d'autres bien plus grandes. Les soins ne seraient plus apportés au visage mais sous le bas ventre, intenable douleur physique et psychologiqueen extra, comme cadeau de la maison. Ciseaux à la main, déterminés et consciencieux, les esthéticiens médiévaux s'essaieraient à un autre type de brushing, nettement plus sanglant, sur la toison pubienne, comme nouveaux soins capillaires. Le hachoir remplacerait le séchoir. Après un tel acharnement opératoire, la femme, ainsi estropiée dans sa chair et dépouillée de ce bout de chair serait plus alléchante et mieux comestible. Qu'elle en traumatisé gardant des douloureuses séquelles psychologique, qu'elle subisse des problèmes obstétriques et urologiques ou qu'elle en perde son appétence sexuelle ou que son identité et sa sexualité en soient altérées, on s'en fout, l'intimité profonde de la femme n'étant rien qu'un champ à labourer, un fruit à dévorer à pleines dents. Elle n'est rien d'autre qu'un objet au service du désir et du plaisir masculins. Il est permis de s'interroger si derrière l'ablation d'une partie de tissu biologique féminin, à la fois tactile et phallique, donc mâle, ne se faufilerait-il pas tout simplement un complexe ou un fantasme typiquement masculin amenant l'homme à chercher l'ablation de cet attribut congénital qu'il partage nativement avec la femme. Donc, une autre façon de s'approprier la femme. Sur un autre plan, l'excision est un rituel antérieur à toutes les religions monothéistes. L'historien grec Hérodote indique que l'excision a été pratiquée cinq siècles avant J.-C, par les Egyptiens, les Phéniciens, les Hittites et les Ethiopiens. L'anthropologie enseigne que l'appartenance ethnique et non religieuse est le principal facteur de risque de mutilation. En effet, cette pratique, au-delà de sa cruauté, s'inscrit traditionnellement dans les rites d'initiation à l'entrée dans l'âge adulte dans certains groupes ethniques. Donc, l'excision n'a jamais été un héritage de l'Islam. Aucun texte sacré n'en fait l'apologie. Il n'en demeure pas moins que, dans certains pays musulmans, cet acte d'ablation a bénéficié d'un tabou généralisé et de la complaisance des autorités religieuses. En Egypte par exemple, la pratique est largement répandue, contrairement à la Tunisie où cette pratique n'existe quasiment. Par contre, dans notre pays, un autre rituel ancestral, pour verrouiller la virginité, beaucoup moins cruel, relevant plutôt de la magie ou de la sorcellerie, a été consacré naguère (n'existant pratiquement plus de nos jours) pour protéger les jeunes filles contre toute tentation sexuelle prénuptiale, à savoir le tasfih (sorte de ferrure)[i] ou opération de chasteté préconjugale rendant, du moins théoriquement, impossible l'acte sexuel volontaire ou forcé. D'ailleurs, Est-ce par hasard si la position de Habib Ellouze, un leader islamiste, coïncide avec l'appel lancé, il y a quelques mois, par certains illuminés de la confrérie « frères musulmans » d'Egypte (le comble c'est qu'il s'agit de députés) réclamant la levée de l'interdiction de l'excision, promulguée depuis 2007, suite la mort d'une fillette de 12 ans lors d'une opération. En conclusion, la pratique de l'excision n'est pas seulement une forme d'asservissement et une appropriation à contre nature de la femme, mais notamment une abjuration à l'Islam, une remise en cause de la perfection de l'œuvre divine de création. Cette posture de contestation pourrait être assimilée, non sans quelque raison, à une figure d'hérésie. En effet, le fait d'encourager ou de promouvoir la pratique de l'excision ne serait-il pas, en quelque sorte, une manière, de désapprouver ce que Dieu, dans sa sagesse, a bien voulu créer, là où il a bien voulu. N'y aurait-il pas là une volonté, pour le moins renégate, de défier l'Eternel et s'y substituer, consciemment ou inconsciemment, pour amputer de la femme une partie de soi-même, croyant réparer ainsi cette supposée imperfection dont souffrirait le produit humain de Dieu. Alors, Habib Ellouze, tu n'as pas d'autres chattes à fouetter ?!