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Kamel Eltaief, l'homme qui a mené Ben Ali au pouvoir et qui l'a abandonné à son sort
Publié dans Tunisie Numérique le 07 - 04 - 2011

Kamel Eltaief, ce nom peut ne rien signifier pour le citoyen ordinaire, il est pourtant celui qui résume toute une ère de l'Histoire de la Tunisie moderne. C'est une vérité, que seuls quelques élites et quelques décideurs politiques connaissent. Il suffit de dire que c'est cet homme qui créa le Président déchu et qui l'amena au sommet du pouvoir, avant de le lâcher et de le laisser subir le sort humiliant que nous connaissons tous.
Entre cette montée aux sommets et cette descente aux bas-fonds, une histoire d'amitié transformée en haine. Seules, Leïla Trabelsi et sa mafia détiennent les réponses quant aux causes et motifs de cette transformation.
Bien qu'ils soient natifs de la même ville du Sahel, Hammam Sousse, ils ne se sont réellement connus qu'en 1978 par l'intermédiaire de Abdelhamid Echikh, leur ami commun. A partir de cette date, une amitié se noua entre les deux hommes, une amitié qui, petit à petit, n'eut plus qu'un seul objectif : assurer l'ascension de Ben Ali aux plus hautes fonctions de l'Etat. Bien que cette histoire d'ascension soit maintenant connue de tous, le conflit, par contre, qui a séparé ces deux hommes cache toujours quelques secrets.
L'ascension de Ben Ali au pouvoir commença par le poste de ministre de l'Intérieur qu'il occupa à la fin de l'ère Bourguiba. Cette position suscita des réactions parmi les proches du Leader et la décision de démettre Ben Ali de ses fonctions fut prise. Voyant le début de la fin de sa carrière, Ben Ali se tourna vers son ami Kamel Eltaief pour demander son aide. Il lui rendît visite dans son appartement à El Menzah et, tout de suite après, Kamel Eltaief invita Hédi Mabrouk, ambassadeur de Tunisie en France à l'époque, pour lui demander d'intervenir en faveur de Ben Ali auprès de Bourguiba afin de le maintenir à son poste. Hédi Mabrouk s'exécuta. Il prétexta, avant sa visite officielle en Algérie, une demande de directives au Leader pour obtenir une audience à la fin de laquelle il confia à Bourguiba qu'une menace islamiste réelle guettait la Tunisie et que seul le maintien de Ben Ali dans ses fonctions de ministre de l'Intérieur pouvait sauver le pays. Bourguiba décida alors d'annuler sa décision de démettre Ben Ali.
C'est certainement cette intervention qui permît d'écrire une nouvelle page de l'Histoire de la Tunisie, les vingt trois ans de Ben Ali au pouvoir, son maintien à la tête du ministère de l'Intérieur ayant assuré son ascension au pouvoir. Lorsque Ben Ali fut en charge du gouvernement, après la fuite de Mohamed Mzali, Premier ministre de l'époque, cette période fut difficile à assumer. Ben Ali n'avait pas été épargné par les altercations dues à l'entourage de Bourguiba ; ce dernier l'avait même giflé quand il était venu le voir pour lui proposer un remaniement ministériel.
L'histoire de cette gifle fut l'une des confessions de Ben Ali à son ami Kamel Eltaief. Elle hantera le Président déchu jusqu'à la mort de Bourguiba et sa vengeance ira jusqu'à la non-médiatisation des funérailles de Bourguiba.
Kamel Eltaief... Un Président dans l'ombre ?
Bien qu'il fut l'acteur déterminant de l'accession de Ben Ali au pouvoir le 7 novembre 1987, Kamel Eltaief continua à jouer un rôle principal dans toutes les décisions prises durant les premières années de gouvernance de Ben Ali. Toute l'élite politique savait que le bureau de Kamel Eltaief, situé rue de Beyrouth à Tunis, était la “cuisine” où se préparaient les grandes décisions dont les nominations de ministres, d'ambassadeurs et de responsables des plus importantes administrations nationales. Ben Ali ne prenait aucune décision sans consultation de son ami et principal conseiller officieux, Kamel Eltaief. Ce dernier se rendait quotidiennement au palais de Carthage aux côtés de Ben Ali pour l'accompagner dans les prises de décisions, car, Ben Ali ne connaissait pas toutes les personnalités influentes et, le peu qu'il connaissait, c'était par l'intermédiaire de Kamel Eltaief avant le 7 novembre.
Kamel Eltaief était le décideur pendant les premières années de gouvernance de Ben Ali et quelques uns blaguaient en disant que Kamel Eltaief détenait 4 des 7 novembre et le reste étaient à Ben Ali.
Le début des problèmes de l'association
Qu'a-t-il bien pu se passer pour casser l'amitié entre les deux hommes ? Leurs proches disent que Kamel Eltaief a veillé à rester à l'écart du pouvoir alors qu'il aurait pu être le second homme après Ben Ali. Son souci majeur était que le président tienne ses engagements contenus dans la déclaration du 7 novembre ; et, spécialement, son opposition au projet de loi relatif aux associations. Il avait exprimé, devant Ben Ali et Abdallah Kallel, son opposition à l'abolition de Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme, en soutenant « qu'il était irrationnel d'abolir la Ligue dont Bourguiba avait permis la création auparavant » et que « la Ligue pouvait devenir une annexe du RCD » ; ces paroles, qui firent réfléchir Ben Ali, déplurent à Abdallah Kallel qui soutenait le projet de loi, il s'en alla laissant Ben Ali et Kamel Eltaief seuls.
Ben Ali demanda encore une fois l'avis de son ami qui lui conseilla de charger MM. Daly Jézy et Mohamed Charfi de réviser la loi relative aux associations, chose qui fut faite le jour même et le texte de révision de la loi fut adressé par fax au Président de la République.
Constitution de l'alliance Kallel, Abdelwahab...et Leïla
Cette “victoire” de Kamel Eltaief ne plut guère à Abdallah Kallel, qui commença sa guerre en s'appuyant sur l'arrivée de Leïla Trabelsi, nouvelle épouse de Zine El Abidine Ben Ali. Ce mariage fut désapprouvé par Kamel Eltaief car il estimait que Leïla n'était pas digne du statut d'épouse d'un Chef d'Etat et ce en référence à son passé personnel et à celui de sa famille et, surtout, aux agissements et à la morale de ses frères.
Abdallah Kallel trouva, dans la position de Kamel Eltaief concernant Leïla et sa famille, la pierre qui lui permit de marquer deux coups : gagner la confiance de Leïla d'une part et exclure Kamel Eltaief du cercle des proches du Président d'autre part. Il commença alors à rapporter au Président que Kamel Eltaief ne ratait aucune occasion pour parler en mal de Leïla, de sa morale, de ses agissements et de son passé, chose qui énervait Ben Ali, connu pour son amour inconditionnel envers sa seconde épouse, Leïla.
La rage de Ben Ali contre Kamel Eltaief atteignit son apogée quand il apprît que ce dernier disait de lui qu'il était « Co.. et mariée à une espèce de p… ». Ben Ali appela alors Kamel Eltaief et le blâma sévèrement.
Bien que Kamel Eltaief se défendît en lui disant que s'il avait des critiques ou des reproches à formuler, c'est à lui qu'il les auraient faites, ce fût la dernière conversation entre les deux hommes et le commencement d'un parcours de vengeance orchestré par Leïla et exécuté par ses deux hommes de main : Abdelwahab Abdallah et Abdallah Kallel.
L'ouverture des portes de l'enfer
La persécution et le harcèlement se succédèrent avec de plus en plus de violence et d'agressivité allant jusqu'à l'incendie des locaux administratifs de sa société immobilière et la destruction de sa voiture personnelle, actes qui rendirent Kamel Eltaief furieux au point de contacter certains de ses amis journalistes dont Jean-Pierre Tuquoi du Monde. Ben Ali, pris de panique, l'appela en lui promettant d'ordonner une enquête, mais Kamel Eltaief exigea la démission du directeur de la Sureté, Mohamed Ali Ganzoui, demande que négligea Ben Ali. Et Kamel Eltaief lui lança : « je te démettrai comme je t'ai amené à la présidence ».
Bien sûr, ce défi ne fît qu'attiser les persécutions et les harcèlements et, surtout, après la fête de la circoncision du fils de Kamel Eltaief à laquelle furent invités plusieurs ministres et hauts fonctionnaires. Ces derniers furent, dès le lendemain de la cérémonie, démis de leurs fonctions pour avoir répondu à cette invitation.
« Déballage » des corruptions en Tunisie et à l'étranger
Cet incident incita Kamel Eltaief à défier davantage le couple présidentiel en lançant une campagne de « déballage » de toutes les corruptions et malversations par l'intermédiaire d'un réseau d'amis bien placés qui transmettait, à son tour, tous les documents au site « TunisNews » dirigé par Kamel Jendoubi depuis la France.
Kamel Eltaief transforma aussi son bureau à Tunis en lieu de rencontres pour certaines figures de l'opposition telles que M. Khemaies Chammari, feu Hichem Gribaâ, feu Ibrahim Belarbi, MM. Hamadi Ben Saïd et Hamadi Redissi, qui se réunissaient pour la rédaction d'articles dénoncant corruption et malversations. Ce sont ces articles que le journaliste d'investigation, Nicolas Beau, utilisa pour “meubler” son livre “La Régente de Carthage”. En réalité, la persévérance de Kamel Eltaief à dénoncer les malversations et les dérapages du régime de Ben Ali, ne consistait pas seulement en documents et informations qu'il mettait à la disposition des journaux étrangers et des sites web mais, il postait des copies de ces rapports aux autorités compétentes pour en garantir une diffusion maximale.
Et si Kamel Eltaief commença son histoire avec Ben Ali en ami fidèle et dévoué, il finit par devenir son ennemi juré à force de s'opposer à tous dérapages et abus de pouvoir. Il organisa une tentative de réconciliation entre Ben Ali et l'opposant Hamma Hammami. Bien que cette tentative n'ait pas aboutie, elle permit de placer Kamel Eltaief en position confortable auprès de l'opposition, cette opposition qui le soutint ainsi que la Ligue de Défense des Droits de l'Homme en dénonçant la destruction de sa voiture dans son communiqué du 3 novembre 2003 ainsi que le saccage du bureau de Me Bechir Essid.
La presse mondiale et plus particulièrement française, notamment Le Monde, soutinrent Kamel Eltaief et dénoncèrent les harcèlements et les persécutions qui conduisirent à son arrestation et son emprisonnement pendant dix jours en raison d'une interview accordée au journal Le Monde, le 31 octobre 2001.
Devrions-nous remercier M. Kamel Eltaief pour avoir aidé à destituer son ennemi ou devrions-nous lui reprocher son soutien à Ben Ali en l'amenant au sommet du pouvoir ? Telle est la question.


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