La visite du chef du gouvernement aux pays du golfe arabe aura été tout, sauf le succès qu'on lui prétend. Jomâa est rentré de sa tournée, sur laquelle il misait beaucoup d'espoirs, avec le plein de... promesses, sans plus. C'est ce qui a poussé certains de ses accompagnateurs à prétendre qu'ils n'étaient pas allés pour demander des aides financières, mais plutôt pour « consolider » les relations bilatérales ! Il paraitrait, même, que certaines de ces promesses aient été assorties de conditions assez difficiles à réaliser. L'exemple type de ces conditions étant celui de devoir classer les frères musulmans en tant qu'organisation terroriste, en s'alignant sur la position prise par ces mêmes pays du golfe. Du coup, Mehdi Jomâa s'est retrouvé entre le marteau et l'enclume. Le marteau de ces pays sur les finances des quels il misait beaucoup pour sortir le pays de la situation où il a été mis par la faute de la Troïka, et l'enclume d'Ennahdha, justement principal protagoniste de cette troïka, qui fait partie de la confrérie des frères musulmans, et pour lequel il est hors de question de le mettre au banc des terroristes ni de mettre à prix les têtes de ses membres. Mehdi Jomâa a du, marcher sur des œufs sur ce registre, puisqu'il a été « obligé » de faire des déclarations pour des médias du golfe, pour plaire à ces éventuels bailleurs de fonds, en esquissant un avis favorable au classement qu'exigeaient ses hôtes, mais comme cette annonce a eu l'effet qu'il craignait auprès de ses « amis » d'Ennahdha, il s'est empressé, une fois de retour au bercail, d'assurer par le biais de son porte parole, qu'il ne pensait pas réellement ce qu'il a été obligé de dire là bas. C'est ainsi que le porte-parole du gouvernement, Nidhal Ouerfelli, a précisé aujourd'hui 21 mars 2014 lors d'une conférence de presse, que la déclaration du chef du gouvernement à un journal lors de sa visite aux pays du Golfe concernant la classification des frères musulmans comme un groupe terroriste, ne concerne pas la classification en elle-même, mais, elle concerne sa propre position de toute organisation qui ne répond pas aux règles juridiques. Il a ajouté que le chef du gouvernement considère ce genre d'organisation comme illégales. Il faudra, de toute évidence, faire appel à des érudits en matière de lexicologie, voire même à des extralucides, pour pouvoir donner une explication à ce qu'il voulait dire par cette phrase, contenant un sens et son contraire, de façon à ne plus avoir aucun sens. Mais il parait qu'il est un peu trop tard, pour rectifier le tir, et que ses déclarations lors de son déplacement aient causé suffisamment de tort, pour mettre tout ce beau monde d'Ennahdha, et alliés et autres branches d'activistes de tous bords, sur les dents, et pour susciter chez eux la crainte de devoir revivre les cauchemars d'antan. Il faut dire, d'un autre côté, pour la défense de Mahdi Jomâa, que ces messieurs d'Ennahdha, ainsi que leurs alliés, ne lui ont pas laissé de marge de manœuvre, en mettant le pays sur la paille, et en vidant les caisses de l'Etat de façon à ce qu'il ait été dans l'obligation d'aller demander l'aide auprès des cheikhs d'Arabie, quitte à devoir se plier à certaines de leurs conditions.