Depuis quelque temps, Maya Jribi, Secrétaire Générale du parti Al Joumhouri, brille plutôt par son absence. Elle n'est plus aussi visible qu'auparavant, ni aussi présente sur les plateaux télé ou radio. Est-ce le repos de la guerrière ? A moins qu'elle ne parvienne plus à savoir où donner de la tête, empêtrée dans la gestion quotidienne d'un parti à la dérive, navigant à vue dans un bateau qui a pris l'eau de toutes parts et qui est en train de couler à vue d'œil. Est-ce fortuit que le silence radio de Maya Jribi ait coïncidé avec le claquement de la porte de l'Union pour la Tunisie et le Front du Salut ? Y a-t-il un lien de cause à effet entre son retrait, lourd d'interrogations, de la scène médiatique et la course effrénée, sans ligne ni méthode, d'Ahmed Nejib Chebbi vers Carthage ? Maya Jribi ne serait-elle pas, quelque part, hostile à la stratégie suicidaire de son mentor, qui, à tour de bras, ne cesse de faire et de défaire les alliances, contre nature et à contre sens, qui met aux enchères politiques son parti, ou ce qui en reste, rien que pour satisfaire son ego et briguer le poste de président de la république, quitte à tout sacrifier sur l'autel électoral et à nouer toutes les compromissions à cet effet. D'aucuns spéculent sur l'éventuel clivage d'approche et de tactique entre Maya Jribi et Ahmed Nejib Chebbi. Les arguments n'en manquent pas. Les facteurs de cassure sont potentiellement présents. Entre la pérennité d'Al Joumhouri et le cavalier seul de son fondateur, le risque de décalage, voire d'implosion ne serait nullement à écarter. Toujours est-il que, ces derniers moments, on n'a pas entendu Maya Jribi. Où se terrait-elle et pourquoi ? Serait-ce une fuite en avant ou un rapport de force défavorable ? En tout état de cause, il est un peu étrange et non moins suspect que Maya Jribi se soit tue tout ce temps.