Aïcha Kadhafi, la fille du dirigeant libyen, s'est adressée dans la nuit de jeudi à vendredi aux partisans de son père rassemblés dans Tripoli, déclarant qu'en exigeant la démission du dirigeant libyen, les Occidentaux insultaient tous les Libyens. Plusieurs centaines de personnes s'étaient massées dans la soirée à l'intérieur de Bab al-Aziziah, l'enceinte où vit le colonel Muammar Kadhafi. Son discours, retransmis en direct par la télévision libyenne, coïncidait avec le 25e anniversaire du bombardement du palais présidentiel de Bab al-Aziziah par l'armée américaine. L'attaque de 1986 avait été ordonnée par Ronald Reagan en riposte à un attentat à la bombe contre une discothèque de Berlin commis, selon Washington, avec la complicité libyenne. Aïcha Kadhafi, vêtue d'un blouson en cuir noir et d'un foulard vert sur les cheveux, a rappelé qu'elle avait cinq ans lors de ce bombardement américain. “Ils ont fait pleuvoir sur nous leurs missiles et leurs bombes, ils ont tenté de me tuer, ils ont tué des dizaines d'enfants en Libye. Aujourd'hui, un quart de siècle plus tard, les mêmes missiles, les mêmes bombes pleuvent sur les têtes de mes enfants, de vos enfants”, a-t-elle dit dans son discours, régulièrement interrompu par les acclamations de la foule. Quelques heures plus tôt, la télévision libyenne avait signalé des bombardements d'avions de l'OTAN sur Tripoli. Un signe de désespoir ? Le groupe de contact sur la Libye, réuni mercredi au Qatar, a réclamé pour la première fois le départ de Muammar Kadhafi. Et dans une tribune que publient ce vendredi plusieurs journaux, le président américain Barack Obama, son homologue français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron soulignent qu'”il est impossible d'imaginer que la Libye ait un avenir avec Kadhafi”. Mais pour Aïcha Kadhafi, “parler de la démission de Kadhafi est une insulte à tous les Libyens, parce que Kadhafi n'est pas en Libye, mais dans le coeur de tous les Libyens”. Puis, s'adressant aux puissances qui mènent depuis le 19 mars des frappes aériennes en Libye en application de la résolution 1973 du Conseil de sécurité, la fille du Guide leur a demandé qui étaient ces civils qu'elles sont censées protéger. “S'agit-il de ces gens qui ont des armes automatiques et des grenades ? Est-ce que ce sont eux, ces civils innocents que vous tentez de protéger ?” “Dégagez de notre ciel, emportez vos avions et vos missiles”, a-t-elle poursuivi. Professeur de droit, Aisha Kadhafi faisait partie de l'équipe chargée de la défense du dictateur irakien Saddam Hussein après sa chute.